Où a-t-on rangé les slogans fondateurs du vivre ensemble ? Pour la république : un gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple ; pour notre devise nationale : un peuple, un but, une foi ; dans le secteur de l’éducation : une éducation pour tous, une égalité des chances ou une démocratisation de l’école selon la loi d’orientation de l’éducation nationale N° 91-22 du 16 février 1991.
Quelle gêne ! Qui d’entre nous souhaiterait voir son fils ou son neveu parfois de cinq ans d’âge, recouvert de loques dégueulasses et durcies par la saleté et les intempéries, les pieds lézardés par les affres du froid matinal ? Nos yeux ne veulent plus les regarder. Ils sont de plus en plus nombreux dans nos rues, dans nos marchés, dans nos cérémonies. Nul ne connaît leur nombre. L’ONG Human Rights Watch qui se bat sur la question avance le chiffre de 100 000 environ en 2019.
Quelle honte ! A l’aube, ces hordes d’enfants talibés envahissent bruyamment les artères de la ville. Ils tendent la main aux passants qui les fuient du regard. Certains pour s’en débarrasser, leur jettent une pièce, parfois un reste de pain ou de café. Par contre d’autres, à la suite d’un cauchemar effrayant, leur offre une bougie blanche, quelques morceaux de sucre, un autre une poule blanche ou une étoffe blanche, croyant juguler le mauvais sort.
Quelle hypocrisie ! Neuf d’entre eux sont brûlés vifs dans la baraque où ils dormaient à Dakar en 2013. D’autres sont fauchés par des voitures ou sont portés disparus ou sont tout simplement battus à mort par le maître coranique. Ils sont aussi utilisés dans des réseaux pédophiles tapis dans l’ombre. Certains bourreaux réussissent un commerce florissant avec l’apport des enfants talibés tombés dans leurs mains. Les talibés leur apportent quotidiennement de l’argent, du riz, du sucre, des tissus, etc. C’est devenu un business juteux.
Bref ! Le Président Maky Sall avait déclaré en 2013 : « L’Etat prendra des mesures très sévères à l’endroit de tous ceux qui organisent la mendicité des enfants. » Autorités administratives, chefs religieux et coutumiers restent totalement muets sur cette question urgente et lancinante pratiquée au nom de l’islam qu’aucune civilisation moderne ne saurait cautionner. Nous assistons, tous coupables, à un véritable esclavage du 21ème siècle dans notre cher Sénégal. C’est inadmissible ! Mettons sur place un conseil islamique national pour éradiquer le fléau.
Amadou Koné
L’article Le phénomène talibé au Sénégal: Gêne, honte et hypocrisie au sein de la République (Par Amadou Koné) .