Maa lank en l’absence de manifestation de “nio lank nio bagn”
Pour la seconde fois depuis qu‘il est à la tête du pays, le président Macky oppose une fin de non recevoir à d’éminents chefs d’État du monde développé, venus de loin avec l’intention de le convaincre à légaliser l’homosexualité chez nous. Que de telles personnalités soient si motivées à perpétrer une telle turpitude sous le couvert d’une mission d’une toute autre allure, légitime et noble au regard de la communauté internationale, nous interpelle quelque part pour le moins.
En ce qui me concerne, je voudrais que l’on m’explique :
- Comment est-ce qu’un chef d’État de pays puissant peut-il alors qu’il est en fonction, se rabaisser à un rôle d’ambassadeur et prosélyte de la perversion ?
- Pourquoi le choix du Sénégal, un si petit pays à leurs yeux ?
- Pourquoi le président de la République a été laissé quasi-esseulé dans sa posture de défenseur de nos valeurs face à ces assauts chaque fois que c’est arrivé ?
L’évidence d’un lobbyisme pour l’homosexualité
Je pense que la logique voudrait que l’on en déduise qu’un lobby puissant agit au niveau des sphères politiques les plus élevées au monde pour imposer leurs agendas amoraux à travers la planète. Je vois également en leur intérêt pour le Sénégal un signe de reconnaissance de notre pays en la foi islamique, socle de nos valeurs et dont l’essor et la résilience à leur mode de vie dérange. Et parce que nous sommes perçus, du fait de la cohabitation pacifique d’aspirations au fondamentalisme religieux et à des libertés démocratiques indéfinies, comme une société poreuse et d’une hybridité capable d’intégrer totalement toute tare et lui donner un élan, ces lobbyistes n’auront de cesse à nous harceler. Il nous appartient d’en bien prendre conscience, de faire bloc et preuve d’organisation à toutes épreuves capable de se régénérer, pour ne pas finir par perdre notre âme. C’est là une vérité qui se conçoit facilement et pourtant peu parmi nous semblent intéressés à prendre une initiative dans ce sens. Si tel était le cas, Obama et Trudeau auraient trouvé à leur arrivée dans ce pays des gens sur leur chemin, massés le long des trottoirs avec des banderoles figurant « légalisation de l’homosexualité, nio lank nio bagn » ; davantage de mobilisation qu’il n’y en a eu pour les manifs contre la hausse de l’électricité. Les questions de valeurs morales sont d’ordre structurel pour la société et méritent à cet égard plus de motivation et d’ardeur à les défendre que les questions de décisions conjoncturelles, qui sur le long terme n’intéressent qu’une moindre partie de la société. Où étaient la société civile, les droits-de-l’hommiste, human rights watchistes, les partis d’opposition, et les panélistes média buzz ? Qu’est-ce qui explique leurs silence et timidité face à ces agressions ignobles de notre souveraineté et nos idéaux moraux ?
Nous jouons en marge de la vraie compétition
Cette désertion regrettable du champ des compétitions majeures, là est toute la gravité de l’exacerbation d’opinions partisanes dans une société. Des gens habiles à détourner l’attention collective au nom d’idéaux génériques et entraîner les énergies dans des compétitions hors du champ des défis d’intérêt général. Au nom de la démocratie, au nom de la justice, au nom de l’éthique, au nom de la constitution, au nom du droit de la liberté d’expression, du droit de manifester, de faire la grève, de tout et de rien, où est-ce que l’abus de tout cela nous a menés ? – Juste à une jungle d’êtres qui se déshumanisent et se complaisent dans de futiles conflits quand les autres construisent un monde à nos dépens. Pendant ce temps, nos priorités qui ont besoin d’une communion des cœurs et des moyens pour être prises en compte, sont délaissées. Aucun changement significatif ne peut intervenir dans un tel climat social, qui plutôt favorise un chaos dont profitent toutes les communautés qui vivent parmi nous tout en restant hors de nos interminables querelles intestines. Tant qu’il en sera ainsi, il n’y aura que perpétuation d’un lamentable statuquo. Qu’un groupe mû par la haine ou le désir illusoire de déchoir un élu organise des manifestations et marches continuelles n’a rien d’un projet porteur de changements impératifs ; cela tend juste au remplacement d’un individu par un autre, en l’absence de garantie d’un meilleur devenir puisque les fondements de nos aspirations n’en sont pas le motif. Continuellement accuser les uns et les autres de corrompus relève plus d’un esprit corrompu que d’une qualité de leadership. Faut pas s’y méprendre.
Nécessité d’interconnecter à nouveau la société
Dans une telle situation, il faut impérativement un dialogue national. Heureusement que le président l’a compris et l’a initié. Il est temps de resocialiser les citoyens de ce pays en ramenant leurs attentions dans le champ des compétitions utiles et diriger leurs énergies vers les intérêts collectifs. Instaurer un dialogue national au lendemain d’une victoire nette au sortir des élections est une preuve de leadership et non de culpabilité, qui du reste n’existe que dans les chimères de mauvais perdants. Aucun leader ne ferait l’économie d’un dialogue national dans le climat social qui prévaut dans ce pays, même élu à 98% des suffrages. Pourvu seulement que les représentants au comité de pilotage du dialogue national soient à la hauteur de la mission, bien conscients du fait qu’il s’agisse là de retissage du tissu social. Point de cas individuels à l’agenda, ni attitude partisane qui vient occulter l’essentiel. Notre société veut des changements et une paix sociale dans un merveilleux et moderne cadre de vie.