Ahmad sur lequel les Africains avaient fondé beaucoup d’espoirs a fini en un laps de temps par dévoiler son immaturité pour diriger une organisation de dimension continentale mais aussi sa maniabilité et ses faiblesses, autant de limites que l’infernal Infantino a exploitées pour « trucider » le football africain. Entre dérives et détournements, le président confédéral a prêté le flanc face à une FIFA désireuse d’imposer ses idées au détriment d’une CAF fragilisée.
En « imposant » à la CAF de passer de deux à quatre ans pour son événement phare, le président de l’organe faitière du football mondial s’est lourdement fourvoyé et court le risque de voir l’Afrique lui tourner le dos. Derrière la mise sous tutelle de la confédération africaine de football se cache l’improbable ambition de placer Fatoumata Samoura à la tête de cette dernière se débarrassant au passage d’une secrétaire générale encombrante pour l’égérie du football mondial. Peu importe la vérité ; le fait est que le football africain à travers les dérives de ses dirigeants et l’ambition démesurée du président de la FIFA est en grand danger.
Les dérives d’Ahmad
Ahmad Ahmad, le président de la CAF, est décidément intenable. Après l’épisode de la CAN 2019 retirée au Cameroun puis attribuée à l’Egypte s’étant bien terminé, que s’est-il donc passé dans la tête de ce dernier pour « promettre » à l’Algérie victorieuse de la compétition l’organisation de l’édition 2021 pourtant dédiée au Cameroun. La sortie rocambolesque du président de la fédération algérienne de football annonçant que son pays était en mesure d’organiser une coupe d’Afrique encore meilleure que ce qui a été fait jusqu’à maintenant vantant les mérites de ses installations à contribuer à semer le doute dans les esprits les plus sceptiques. A y regarder de près, le différend entre l’actuel patron du football africain et son prédécesseur n’est pas assaini. La confédération africaine de football serait elle devenue une tribune pour règlement de comptes. Ahmad, on l’a senti à travers ses propos souvent peu amènes tenus à l’encontre de Issa Hayatou, n’est pas satisfait d’avoir seulement éjecté le dinosaure de son fauteuil mais entend bien l’humilier. La rancune est tenace, on le sait mais s’est-on posé la question de savoir jusqu’où peuvent mener ces diatribes.
L’entêtement du patron du football continental à persister dans cette voie malgré son statut a déjà fait beaucoup de mécontents. C’est un secret de polichinelle de dire de la CAF qu’elle est divisée en son sein à tel point que pro-Hayatou et pro-Ahmad ne se font plus de politesse. Du reste le malgache aurait dû se faire une idée de la dangerosité de la situation depuis que son ex secrétaire général l’a balancé à la police française, raison de son interpellation à quelques encablures de la Can en Egypte. Au péril de ses dérives, Ahmad s’est fourvoyé au point que la FIFA, inquiète, s’est sentie obligée d’intervenir afin d’éviter une implosion du football africain.
Infantino, véritable sapeur- pompier pyromane, s’est vu dans l’obligation de lâcher celui -là même qu’il avait poussé dans l’arène pour écarter l’ancien dirigeant camerounais. Les exactions du président Ahmad sont multiples. A l’aube de son parachutage à la tête du football africain, il promet de travailler sans salaire, on découvre aujourd’hui qu’il s’est octroyé un salaire digne des dirigeants des grands groupes industriels ou bancaires. De sa promesse de combattre la corruption qui gangrène le football africain, il a fait une maxime pour mieux l’installer et de manière plus pernicieuse.
Imaginer, notre Ahmad continental n’a pas trouvé mieux que d’octroyer à chaque –président- de fédération la coquette somme de cent mille dollars pour dit-il recevoir ses invités. Le droit de champagne dit-on dans le milieu. Si ce n’est pas acheter le silence de l’autre ça y ressemble beaucoup. En retirant la Can 2019 au Cameroun, il a littéralement bousculé le calendrier établi au préalable qui attribuait celle de 2021 à la Côte-d’Ivoire et celle de 2023 à la Guinée. Cette cacophonie a failli finir devant la justice sans le sens élevé de la diplomatie du président ivoirien. Prendre la responsabilité de virer manu militari son secrétaire général à la veille d’une grande compétition comme la coupe d’Afrique, connaissant sa maitrise des dossiers mais surtout son affiliation inconditionnelle à Hayatou, ressemble beaucoup à un manque de tact. La goutte qui fait déborder le vase est venue de la finale de la CAF champion’s league.
D’abord en descendant sur le terrain, le patron du football africain commet un délit d’initié. Quelle que soit la complexité de la situation, il y a un commissaire de match, un délégué CAF et le patron des compétitions donc, descendre sur le terrain au risque de se faire bousculer et insulter comme il l’a été par des officiels tunisiens pose problème. Du reste, jusqu’à présent, aucune sanction n’a été prononcée contre quelconque dirigeant parmi les fautifs. Ensuite, il était convenu au départ de la présence de la VAR. Prétexter une panne avant ou pendant le match, parait léger comme excuse. D’autant qu’on sait que l’Espérance n’en était pas à son premier coup pour ce qui concerne de pourrir la situation quand cela s’impose.
La décision du tribunal arbitral du sport de prendre à contre-pied la décision du président de la CAF de faire rejouer le match final complique la situation. En arguant le fait que la décision revient au comité exécutif et non au président, cela remet en cause la validité de toutes les décisions précédentes prises par le président en solo et attribuées au comité exécutif souvent réduit en une simple entité de validation. Cette décision du TAS laisse la porte ouverte à des plaintes susceptibles de plonger le football africain davantage dans le flou. On se demande encore comment après que la commission d’arbitrage de la CAF a désigné Monsieur Gomes pour diriger la finale entre l’Algérie et le Sénégal, on s’est retrouvé avec Monsieur Alioum comme ultime sifflet de la compétition. Les récentes pirouettes du président ajoutent à l’inquiétude générale. Ainsi le déplacement de la CAN de juin à janvier qui ressemble fort bien à une injonction de la Fifa soucieuse de faire place à sa future coupe du monde des clubs. Hormis le fait que cette décision bouscule le calendrier international, elle remet en cause la nécessité du championnat d’Afrique des nations (CHAN) qui aux dernières nouvelles est proposée à disparaitre du calendrier de la CAF
Le coup de grâce de la FIFA
Lorsqu’il s’est agi d’écarter le dinosaure Hayatou, le rusé président de la Fifa a jeté son dévolu sur l’anonyme Ahmad président de la fédération malgache. Ce dernier, faut –il le rappeler, venait de se voir retirer l’organisation de la coupe d’Afrique des cadets, il nourrissait donc une certaine forme de haine à l’encontre de son prédécesseur. Infantino dès lors, s’est ouvert le chemin pour d’une part mieux contrôler Ahmad d’abord en laissant la justice française humilier ce dernier puis, dans la foulée, mettre la CAF sous tutelle. En cette veille de CAN, Infantino n’était pas obligée de prendre cette décision, encore moins de mettre sa secrétaire générale au – devant de la scène si ce n’est l’éloigner des arcanes de la Fifa tout en la préparant pour une éventuelle candidature à l’élection de l’année prochaine.
En intimant l’ordre à la CAF de moduler la périodicité de sa compétition phare, Infantino s’est complétement fourvoyé et à verser totalement dans le néocolonialisme. Cette manière condescendante de s’adresser au gotha du football continental a réveillé certains égos mais pas plus. Car en réalité, Infantino tient en otage les présidents de fédérations africaines sujets pour la plus part à des détournements de fonds notamment ceux alloués par la Fifa. Lors de la remise du rapport de Madame Samoura sur la gestion globale de la CAF, il a été très peu question des finances. La stratégie développée pour faire filtrer la disparition de sommes importantes- on parle de vingt – cinq millions de dollars- quelques jours seulement après la remise du rapport montre le cynisme du patron du football mondial. La sortie maladroite et insensée du vice-président de la CAF, l’inénarrable président de la fédération congolaise démocratique Constant OMARI, illustre éminence grise du président Ahmad, traduit une certaine forme de panique qui est en train de s’installer au sein de la famille du football africain. En accusant indignement certains caciques du milieu, il cherche à déplacer le problème. A y regarder de près, la CAF a toujours été sujette à des crises mais jamais à ce niveau.
Et le patron du football mondial fort vicieux a volontairement induit les dirigeants africains à des dérives qui aujourd’hui les mettent sous son contrôle. Après avoir déplacé la CAN, la prochaine étape sera l’acceptation de modifier la périodicité de la coupe d’Afrique des nations au détriment d’une coupe du monde des clubs faite sur mesure pour enrichir davantage les clubs européens. Derrière cette pratique diabolique se cache aussi l’envie de satisfaire les clubs européens soucieux de garder davantage leurs joyaux africains. Le plus inquiétant dans tout ça reste le mutisme total des grandes vedettes du football africain.
Le seul Samuel Eto’o s’est aventuré à donner son avis qui du reste honore son statut. Mais où sont donc passés les El Hadj Diouf, Yaya Touré, Didier DROGBA et autres prompts à donner leur avis lorsqu’il s’agit de critiquer un entraineur ? Les récentes tentatives de donner plus de responsabilités aux anciens footballeurs ne doivent pas justifier leur mutisme car c’est le football du continent qui est en danger. Et il n’y a pas mieux indiqué que nos valeureux ambassadeurs pour rappeler à Infantino que l’ingratitude ne paie pas. En attendant, nous autres Africains devons nous solidariser pour dire non à la CAN tous les quatre ans.