Les comptes rendus de la presse sur le dialogue politique ont parlé d’un point d’achoppement qui date de belle lurette : le cumul de fonction de Chef de l’Etat et Chef de parti. L’opposition n’a jamais été d’accord sur le fait qu’un Chef de l’Etat soit en même temps Chef de parti politique. La plupart des analystes politiques abondent dans le même sens.
En effet, l’objectif d’interdire ce cumul de fonction vise à élever le Chef de l’Etat à une position de neutralité au-dessus de la chose politique, en l’amenant à se consacrer exclusivement au service du peuple sans discrimination basée sur l’appartenance politique. C’est dans cette optique que les opposants d’hier comme ceux d’aujourd’Hui ont toujours voulu faire passer cette idée de l’interdiction de ce cumul de fonction dans nos textes à défaut de l’inscrire dans la Constitution. A mon humble avis, ce choix n’est pas une garantie absolue de neutralité du Chef de l’Etat. Si par l’acte qui interdit ce cumul de fonction on coupe les liens physiques qui unissent le Chef de l’Etat et son parti ou la majorité qui le soutient par contre, l’interdiction est sans effets sur les liens émotionnels, idéologiques, culturels et sociaux.
Le véritable problème à résoudre pour empêcher l’installation du cumul de fonction se trouve dans l’organisation et le fonctionnement des partis politiques. Les partis politiques doivent se décider d’inscrire dans leurs statuts et règlement intérieur une règle interdisant un candidat du parti ou coalition de partis à une Présidentielle d’être en même temps Chef de parti. Le non-respect des règles démocratiques au sein des partis politiques est notoire et décrié sur tous les toits. Le renouvellement des responsables à la tête des partis politiques ne se fait pas selon les règles prévues par leurs statuts et leur règlement intérieur. Les conséquences qui en découlent sont que, ce sont les mêmes personnes que l’on retrouve toujours à la tête de leur parti politique. Ce débat sur le cumul de fonction de Chef de l’Etat et Chef de parti doit normalement être dépassé. C’est un non combat.
Le cumul de fonction ne mérite pas toute cette agitation et l’importance qu’on lui accorde dans ce dialogue politique et même en dehors de celui. Les questions qui se dégagent de cette situation sont : pourquoi à la tête des partis politiques, le renouvellement ne se fait pas? Pourquoi le candidat à une Présidentielle d’un parti politique ou association de partis politiques au Sénégal reste-t-il toujours le chef de son parti ? Au total, ce que je crois : c’est aux partis politiques de régler ce problème de cumul de fonction Chef de l’Etat et Chef de parti en opérant la métamorphose qui est attendue d’eux, qui consiste à séparer le poste de candidat à une Présidentielle du parti ou de coalition de partis d’avec celui de Chef de parti. Le jour où les partis politiques arriveront à ce stade de maturité politique et démocratique, la question du cumul de fonction de Chef de l’Etat et Chef de parti sera définitivement réglée.
Ainsi, le cumul de fonction ne sera plus un problème car il aura été résolu par le jeu démocratique interne des partis politiques. Le candidat à une Présidentielle du parti ou coalition de partis ne doit plus être candidat et Chef de son parti en même temps. Le parti politique, en élisant un autre à la place du candidat du parti ou de la coalition de parti à une Présidentielle, le problème de cumul de fonction de Chef de l’Etat et de Chef de parti sera naturellement et définitivement résolu par le jeu démocratique. Vive le Sénégal Vive la République !