Site icon Senexalaat

Atteindre Le Plafond Communautaire De La Dette

Atteindre Le Plafond Communautaire De La Dette

Aujourd’hui, le Sénégal, avec un niveau d’endettement de 64,5% tient encore sous la barre de la norme communautaire qui est de 70%. Les risques d’atteindre ce plafond communautaire sont à la fois, diverses et multiples. Malgré que le Sénégal mène une politique d’endettement prudente pour assurer la soutenabilité des finances publiques, tout en favorisant le développement économique, le pays est à 5,5% du plafond communautaire de l’UEMOA. Au 31 décembre 2019 le stock de la dette publique totale était arrêté à 7 339 milliards de francs CFA et à présent il est projeté à 8 076,6 milliards de francs en 2020 alors que dans le cadre du nouveau programme de l’ICPE (Instrument de coordination des politiques) la dette ne pourrait plus dépasser 9500 milliards en juin 2020. Les risques sont réels et tangibles.

Premièrement, le Sénégal n’aurait plus beaucoup de marge de manœuvre. Deuxièmement, le pays augmenterait la pression fiscale pour compenser alors que les plus grands contributeurs que sont les entreprises sont déjà essoufflées. Troisièmement, l’Etat pourrait se confronter à un sérieux problème de liquidités. Quatrièmement, le Sénégal pourrait enregistrer une dégradation de sa note aux yeux des agences de notations.

Le constat réel aujourd’hui est que, subséquemment, les déficits publics sont véritablement d’entrée le résultat du soutien à la conjoncture économique et nourrissent ainsi dès lors la montée de l’endettement.

En termes d’avantages est que premièrement aujourd’hui au moins tous les projets du Plan d’actions prioritaires (PAP2) (2019-2023) du PSE sont déjà dans le « cadrage » du modèle d’endettement du Sénégal.

Deuxièmement, lorsqu’on sera en période de croissance attendue à 9%entre 2021 et 2023, il y’aurait une réduction du déficit public qui aurait pour effet la préférence de la réduction de certaines dépenses au profit du désendettement.

Parallèlement, la diminution des déficits publics ayant comme conséquence la diminution de l’endettement public pourrait également jouer un rôle positif sur la croissance en dynamisant l’offre et vice versa. En ce sens, l’influence positive de certaines dépenses publiques notamment les infrastructures de transport ou de communication (BRT, construction d’autoroute, TER, Parc industriel de Diamniadio, construction de stade ), l’élévation du niveau de formation de la main-d’œuvre (avec le truchement de la digitalisation) amélioreraient l’efficacité productive.

Vu le caractère du rôle particulièrement important de l’investissement public dans les premières phases du développement (Pré-émergence ou Tak-off), l’endettement se justifierait jusqu’ici doublement : d’abord l’augmentation du patrimoine de l’Etat compense la dette ensuite le surplus de croissance fournirait (gain de 2 à 3 points de croissance) les ressources nécessaires à son remboursement. En termes d’inconvénients, il est clair que le gonflement de la dette provoquera si on y prend garde éventuellement à un effet boule de neige car la succession des déficits publics, qui s’empilent, favorise l’apparition de nouveaux déficits dont leur financement nécessite plu d’endettement.

A cet effet, deux conséquences majeures peuvent être identifiées. Premièrement, la succession des déficits publics engendre un endettement inefficace. Deuxièmement, les déficits budgétaires engendrent des marges de manœuvre réduites. En plus, certainement, si les taux d’intérêt ne sont pas favorables et demeurent élevés, le service de la dette augmenterait et le déficit budgétaire pourrait ainsi faire tomber le pays dans un cercle vicieux d’endettement international l’exposant ainsi au fonds vautour. Troisième inconvénient, avec la célérité de la croissance de la dette, elle pourrait constituer un lourd fardeau pour les finances publiques et laisserait peu de marge de manœuvre pour les choix de politiques économiques et les générations futures. Somme toute nous estimons que les déficits publics font évoluer la dette du Sénégal selon ce que l’on appelle un effet de cliquet: elle augmente rapidement dans les phases de croissance lente et se stabilise ou se réduit un peu lorsque la croissance s’accélère .

Espérons qu’avec le budget programme établit à partir de cette année pour des projections de croissance moyenne de 9 % entre 2019 et 2023 permettrait d’éclaircir les perspectives si l’accent est mis bien entendu sur une politique de promotion des exportations qui seraient multipliées au moins par 3 dans un court horizon c’est à dire d’ici 2023. Seulement aussi faut-il redouter qu’en cas de chocs exogènes ou de changement brusque de politique macroéconomique, le seuil communautaire d’endettement soit dépassé.







Quitter la version mobile