Ne serait-il pas pertinent que les Sénégalais prennent au sérieux les deux sorties successives du Secrétaire général de la Présidence sur la question du troisième mandat de son mentor ? Car dans l’univers des prévisions politiques ces dernières années, l’ancienPremierministreBounAbdallah Dionne a été un météorologue averti, notamment sur le nombre de candidats qui allaient participer à la dernière élection présidentielle et approximativement du score final de ladite élection.
Il est décrit par certains observateurs comme le ‘’Baye Fall’’ (un compagnon fidèle) de Macky Sall. Et pourquoi donc ce loyaliste convaincu ramerait-il à contre-courant du président Macky Sall et même de la Constitution ? Pourquoi prendrait-il le risque de fâcher son mentor qui avait sommé à ses acolytes de ne plus épiloguer sur cette question ? Et pourquoi ne subit-il pas le même lynchage médiatique comme ses camarades de la mouvance présidentielle qui se sont aventurés à outrepasser les recommandations du chef ?Ainsi, quand le Secrétaire général de la Présidence affirme que l’histoire du Président Macky Sall avec les Sénégalais n’est pas terminée avant de remettre en cause sans se dérober la limitation du mandat présidentiel, les Sénégalais manifestement peuvent avoir du souci à se faire. Mieux, ils peuvent penser que ce sont des questionnements qui taraudent l’esprit du chef et que l’ancien Premier ministre livre les tendances lourdes du Palais sur cette question.
En tout cas, un regard sur le passé permet de voir que ce dernier n’est jamais loin de la vérité. En effet, hasard ou volonté savamment orchestrée de limiter les candidats à l’élection présidentielle de 2019, dans tous les cas, le natif de Gossas l’avait dit lors du congrès d’investiture du candidat Macky Sall tenu par les cadres de Benno bokk yaakaar avantles élections. ‘’La loi des séries ne s’arrêtera pas en 2019.
Depuis 2012, Benno bokk yaakaar a gagné toutes les élections. Il n’y aura même pas cinq candidats à cause du parrainage. La rationalisation des partis politiques qui a été mise dans la constitution va se matérialiser le 10 décembre prochain, date de la validationdes candidatures’’, soutenait-il de manière prémonitoire puisqu’à l’arrivée, les candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 étaient au nombre de 5, malgré les nombreuses complaintes des candidats à la candidature. Une prévision qui avait poussé même une partie de l’opposition à taxer le ministre Boun Abdallah Dionne de manière sarcastique de ‘’Gisaanekat’’ (celui qui prédit l’avenir). Le soir de l’élection présidentielle du 24 février 2019 aussi, alors que les résultats com- mençaient à tomber, il lance : ‘’Nous avons des plénipotentiaires partout au Sénégal. Partout, après dépouillement, nos délégués nous ont transmis les procès-verbaux et nous les avons mis dans les machines pour en sortir avec un minimum de 57%.
Une victoire au premier tour et le président Macky Sall en remercie le peuple sénégalais pour lui avoir renouvelé sa confiance. On a au moins 57% ; peut-être même demain, on aura plus que ça.’’Et comme par enchantement, le Président Macky Sall sera réélu avec plus 58% des voix valablement exprimées. Donc s’il vient faire ces deux déclarations successivement, cela peut supposer, comme certains des détracteurs du régime le pensent, qu’il est en train de songer vraiment à un troisième mandat. Car sans conteste, Boun Abdallah Dionne est dans les secrets de Dieu et il est, à sa décharge, un des rares cadres de l’APR qui ne songe pas, d’après certains observateurs avertis, à remplacer le Président Macky Sall. Par ailleurs, dans les rencontres littéraires auxquelles il a eu à prendre part, il aime toujours rappeler à qui veut l’entendre qu’il n’est ni poète ni philosophe, mais un scientifique, c’est-à-dire pragmatique. Donc devant les deux journalistes rompus à la tâche de la télé iTV, peut- être qu’il n’était pas en train de philosopher sur la pertinence de la limitation des mandats mais sur ce qui se trame au palais.