Ce 29 février 2020, le Président de la République de Guinée, Alpha Condé, fut contraint, suite à de fortes manifestations populaires organisées par l’opposition, et au lâchage de la Communauté internationale, de reporter pour deux semaines la tenue simultanée des Législatives et d’un Référendum pour réformer la constitution afin de pouvoir briguer un troisième mandat.
Le peuple de Guinée venait ainsi d’effectuer son « 23 juin» du peuple Sénégalais de 2011 qui avait, ce jour, obligé son Président de la République, Abdoulaye Wade, à renoncer à son projet de réforme de la Constitution, pour se faire succéder par son fils. Mais, contrairement au Président Wade qui, après cette déconvenue du « 23 juin», avait décidé d’imposer sa candidature à un troisième mandat en évoquant des dispositions de la Constitution, le Président Alpha Condé lui, est conscient que la Constitution en vigueur ne lui permet pas de briguer un troisième mandat, d’où sa volonté de la réformer à ce effet. Mais pour cela, il est confronté à un double défi, celui du contentieux sur le fichier électoral qui comporte plus de deux millions d’inscrits fictifs qui bloquent la tenue des Législatives, et celui du refus de révision de la Constitution pour se droit le droit à un troisième mandat.
Le Président Alpha Condé se trouve ainsi dans l’impossibilité de mettre en œuvre son projet de confiscation des pouvoirs exécutifs et Législatifs, sans verser davantage de sang et plonger son pays dans la violence et la déstabilisation. Si l’entêtement du Président Wade avait occasionné la mort de 12 de nos compatriotes avant qu’il ne soit sanctionné par les urnes pour l’empêcher d’avoir un troisième mandat, le Président Codé en a compté déjà plus de 50 morts, avant même que les conditions de la tenue d’une élection ne soient réunies!
La mobilisation du peuple de Guinée par l’opposition, et l’hostilité à son projet tant au niveau de la CEDEAO, l’Union Africaine , de l’ONU et de l’Union Européenne, après tant de morts, devraient lui faire prendre conscience du danger qui découle de sa volonté de confiscation de tous les pouvoirs, pour son peuple et ceux des pays de la sous-région, notamment ceux qui sont limitrophes comme le Sénégal. Un tel scénario a été vécu par le Président Wade en 2011, avant qu’il ne soit chassé du pouvoir par les unes dès mars 22012. Delors, fort de sa propre expérience, la visite qu’effectue actuellement le Président Wade, à son ami le Président Condé, laisse espérer un dénouement heureux de la crise en République de Guinée.
En effet, autant le Président Condé a contribué, en recevant le Président Wade, à apaiser le climat politique au Sénégal lorsque notre peuple en avait besoin à la veille de la Présidentielle de 2019, autant, tous les espoirs sont permis quand il reçoit de nouveau le Président Wade dans les circonstances où c’est le peuple de Guinée qui a besoin d’un apaisement politique. Si cela arrivait, ce serait un signal fort de patriotisme pan africain lancé au monde entier pour leur signifier que les leaders politiques du Continent savent comment pacifier les conflits politiques les plus graves qui menacent de déstabiliser nos pays et jeter peuples dans la violence. C’est pour cela que tous les Républicains pan africains, notamment ceux de la République de Guinée et du Sénégal, sont interpellés pour contribuer à faire de sorte que, ce deuxième séjour du Président Wade à Conakry, soit aussi bénéfique pour le peuple de Guinée, qu’il l’a été pour le Sénégal lors de son premier séjour.
Ibrahima SENE
PIT/SENEGAL