« Tous les meurtres sont prémédités. Ils sont simplement d’une stupidité variable ». James Hadley Chase
Il arrive que parfois la meilleure idée ne soit pas de soulager sa vessie face à un ventilateur. Sur terre, tout nous est donné, rien ne nous est dû. Vouloir obtenir puis posséder durablement ce qui par nature n’est pas fait pour durer relève, sinon du suicidaire, traduction désabusée du mot wolof « repp », mais peut témoigner au moins de la plus élémentaire stupidité. Le 31 décembre dernier, le chef de l’Etat, Son Excellence Macky Sall, était « face à la presse », mais peut-être que le mot « avec la presse » illustrerait mieux cette conversation diffusée sur des chaînes dont on avait plutôt bien traité les services commerciaux. Ce soir-là, le tragique s’invita au milieu de propos badins et convenus, sous la forme d’une confession déchirante du président de la République qui confia sans frémir aux 13 millions de Sénégalais dont il pilote le Gaal, que ma foi, s’il disait ce soir-là devoir respecter la constitution que son référendum nous a donnée en 2014, il mettrait le pays sens dessus-dessous, et que son propos provoquerait un « je m’en-foutisme » gouvernemental généralisé, avec des hommes juste préoccupés à draguer les supposés dauphins, dans une ambiance de « petits meurtres entre amis », dont raffolent les « Grand’Places ». Il nous fit ce soir-là le douloureux aveu, qu’il était à la tête d’une bande d’opportunistes, seulement attachés à leurs costards et à la préservation de leur subit et naguère inespéré confort.
Comme il avait raison ! Les poignards s’affûtent et les « petits Maures » sont briefés sous les tentes, prêts à aller vomir leurs inepties sur les « Une » de journaux, lesquels, ravis de l’aubaine, s’appliquent à nous amuser, et à nous soustraire de l’essentiel.
Dès « J plus 1 » de la dernière élection présidentielle, les météorologistes politiques n’ont eu de cesse d’alimenter le Sénégal Circus dont les actes posés s’alimentent souvent d’incompétences et de scandales, réels ou supposés, mais peu importe, puisque ça se vend dans d’improbables quotidiens qui les divulguent sans la prudence requise en pareilles circonstances, et ont avec une cynique constance, créé des tempêtes dans des verres d’Ataya.
Sous nos latitudes, ces histoires de pouvoir sont anciennes et leurs processus éculés, l’ancêtre politique de tous ces nouveaux patriarches, à savoir l’UPS, à l’époque des partis uniques avait créé ce type de bagarres épiques pour le contrôle d’une ville, ou d’une région, celle d’Abdoulaye Wade et de Djibril Ndiogou Fall à Kébémer étant une des plus sanglantes. Ces affrontements, souvent violents, résultaient à cette époque de notre histoire, de la nature même des partis uniques qui par manque d’adversaires idéologiques, étaient contraints de s’en créer « intramuros », encouragés par le président Senghor, qui pensait que de ces batailles surgiraient des grands hommes politiques, ce qui advint d’ailleurs, aux souvenirs que j’ai de mon adolescence, d’avoir croisé des Ibrahima Seydou Ndaw, des Djim Momar Guèye, des Alioune Badara Mbengue, et surtout des Abdoulaye Wade. Quand vous croisiez ces hommes dans la rue, vous vous « pissiez » dessus, tellement ils étaient chargés de ce « je ne sais quoi » qui se nomme le charisme. Ce qui manque le plus, convenons-en à ces nouveaux barons qui souvent n’ont réussi à aucun autre concours que celui de…circonstance.
Abdoulaye Wade a fait son copier-coller de ce qu’il avait vécu à l’UPS, et devint de ce fait la seule constante de son PDS et les hommes qui nous dirigent tiennent ça de la « maison-mère », ils reproduisent le schéma, préférant oublier ce qu’il leur en a coûté d’avoir eu le rôle de celui dont on a peur… Parce que la vraie stupidité, c’est d’être incapable de tirer les leçons de l’expérience.
Le prurit qui coule de ces peurs sert de projectiles que l’on balance dans ces périodes où il faut hurler sa fidélité à celui qui peut ouvrir la porte vers votre déchéance, sur tous les hommes susceptibles de ne serait-ce que « lorgner vers le fauteuil », acquis croient-ils, de droit divin. Et ce sont souvent ceux qui ont comme par hasard, connu des succès dans leurs responsabilités, qui sont attaqués. Makhtar Cissé, qui a selon des avis d’experts plutôt bien redressé la Senelec, se voit nimbé dans une suspicion de mauvaise gestion de cet organisme, dont on scrute, en vain pour l’instant, toutes les lignes de tous les comptes. Et puis il y a l’inénarrable épisode du « viré-pas viré » de l’APR, qui concerne Amadou Ba.
L’homme intrigue. Il est parti sous les félicitations des organismes financiers, le président lui-même en faisait « l’homme du Club de Paris », qui avait mis sur orbite le toujours Plan Sénégal Emergent. De peur de la possibilité de se faire un trésor de campagne aux Finances, il est déporté vers les Affaires Etrangères, département idéal pour se constituer un « carnet de bal » en or massif avec les plus grands de ce monde. Ils viennent de brancher le ventilateur.
Car on ne peut pas avoir été bon dans la tâche et susciter autant de hargne. Sauf si… Ce sont des déclarations qui ne déplaisent pas au chef de l’Etat.
Or, ce dernier devrait prendre de la hauteur et trouver dans l’APR un dauphin qui ferait l’unanimité, et de ce fait permettre pour la première fois aux Sénégalais d’élire un président sur la base d’un programme et non juste par nécessité de changer un président qui veut s’éterniser au pouvoir. Il est temps que l’on vote pour un homme et non pas pour le virer.
Cette question ne doit pas être tranchée par le Conseil constitutionnel, mais par les Sénégalais eux-mêmes, sénégalais qui sont dépités, et même plus en colère, de voir ce Sénégal Circus d’hommes qui doivent tout ce qu’ils ont à des postes-récompenses, et qui tous les jours que Dieu fait, vampirisent notre espace médiatique et créent un brouhaha inadéquat pour une réflexion critique.
Pourrait-on parler des peut-être 500 ou 1000 sénégalais qui, tous domaines confondus, si ils n’allaient pas travailler 15 jours de suite, mettraient le Sénégal à l’arrêt ? Il est vrai que personne ne les connaît. Ils n’ont pas le temps d’exhiber leurs impudeurs. Ils bossent. En nous coûtant beaucoup moins chers que ces personnages repus qui ont en plus l’indécence de demander des perdiems de la misérable somme de 5000 francs, pour mettre du carburant dans les berlines que nous leur avons achetées, afin d’honorer de leurs présences le mort-né « Dialogue National ».
Il est temps que l’on rentre dans le temps du monde. Et en ce moment il y a le Coronavirus ! Cela demande beaucoup plus que des talents d’amuseurs.