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Faire Les Sacrifices Necessaires Pour La Cohesion Sociale Et L’unite Nationale

La voix qui vous interpelle ne s’offusque pas qu’on puisse lui dire de quoi je me mêle. C’est parce qu’il s’agit de la Mauritanie, si loin si proche de nous, que je m’autorise une telle démarche dans le but d’insuffler un élan de paix et de stabilité sur cette terre qui a tant souffert de la haine et de la discrimination. A la faveur de plusieurs séjours riches d’enseignements, entre Nouakchott, Nouadhibou, Boutilimit, Néma, Rosso, Kaédi etc., j’observe attentivement la vie mauritanienne pour comprendre les causes d’une dissymétrie qui engendre parfois des conséquences très douloureuses.

Depuis le coup d’Etat qui mis fin au régime démocratique du président Moctar Ould DADDAH, en 1978, le pays est gouverné alternativement par des militaires qui troquent intelligemment leur treillis contre le grand boubou traditionnel. C’est comme le serpent qui fait sa mue mais qui n’en conserve moins sa puissance venimeuse. La gouvernance du pays accuse une faiblesse sociologique qui se traduit par un manque de confiance entre les arabo-berbères (beydanes) et les négro-africains. D’où un clivage social exacerbé par une tradition esclavagiste que l’autorité publique ne parvient pas à éliminer. Ce clivage existe aussi entre arabo berbères, selon qu’ils soient originaires de telle ou telle province.

 Toutefois, ils ont l’intelligence de se tolérer et de fraterniser pour mieux disposer des atouts de la gouvernance territoriale et du développement économique. C’est à ce niveau que pèchent les négro-africains appartenant aux ethnies wolof, peulh (toucouleurs), soninkés et des haratines qui eux sont définitivement marqués du sceau de l’esclavage. Au risque d’être incompris, je souligne que cette communauté négro-africaine ne tisse pas, autant que les beydanes, des liens de fraternité et de solidarité, même s’il existe quelques exceptions illustrées par des mariages exogènes. Nonobstant ces clivages, les mauritaniens ont su bâtir une administration portée loyalement et efficacement par des cadres et agents subalternes qui ont pris de la hauteur pour transcender les déséquilibres hiérarchiques et bien servir.

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Préservée de l’irrédentisme qui a fait vaciller le Mali au Nord et le Sénégal au Sud, la Mauritanie doit faire preuve de tact et de vision futuriste pour asseoir une convivialité et une solidarité invulnérables aux démons de la division. Le passif d’une gouvernance politique exclusiviste est trop lourd pour que le pays ne prenne pas conscience de cet impératif. Les autorités doivent avoir l’intelligence et le courage d’effacer les aspérités pour construire avec tous les mauritaniens, sans considération raciale, une Nation forte de son harmonie et un Etat efficace avec un système démocratique perpétuellement consolidé.

En ayant choisi de jouer pleinement la carte du bon voisinage et de la solidarité avec le Sénégal et le Mali, les autorités mauritaniennes ne sauraient faire la politique de l’autruche, en banalisant les récriminations relatives aux questions sociologiques qui impactent sur la vie de la Nation. La concorde nationale doit être bâtie plus à partir des réalités sociologiques que d’un coup de cœur qui dépendrait de circonstances et de calculs politiques inconsistants.

Cela ne signifie nullement qu’il s’agira de marquer la prééminence d’une ethnie sur une autre. Il faudra plutôt encourager et convaincre tous les fils de la Mauritanie à faire naturellement les sacrifices qui transcenderont l’orgueil, la méfiance et la défiance, toutes choses susceptibles de les diviser et signer définitivement la négation de l’histoire. A voir ce qui se passe au Mali et ailleurs en Afrique, nous avons tous intérêt à consolider et faire converger les facteurs historiques et culturels pour la paix et le développement.

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Mbagnick DIOP,

journaliste-consultant.







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