Le 8 mars est toujours une belle occasion de rappeler l’importance des femmes dans la marche du monde, et d’y dénoncer les inégalités qu’elles subissent depuis des siècles.
Pour ce qui nous concerne nous les Africaines, notre combat est toujours en cours. De notre naissance jusqu’à notre vie d’adulte, nous devons faire face à beaucoup d’injustices et à des violences bien encore trop nombreuses.
Je salue les organisations féministes qui défendent et promeuvent nos droits pour améliorer nos conditions partout dans la société. Le chantier est titanesque. Me Abdoulaye Wade, sous l’influence des féministes et de leur combat épique depuis l’indépendance, avait entrepris sous son magistère des réformes pour y introduire plus de parité. Ce fut le cas à l’Assemblée nationale où le nombre de femmes sénégalaises dépassent proportionnellement de loin celles des françaises. C’est dire le bond que nous sommes en train d’accomplir dans un milieu politique très masculin, voire sexiste !
Toutefois, la parité n’est pas encore atteinte. Ni à l’Assemblée nationale, ni ailleurs ! Le chemin est semé d’embuches comme nous le vérifions dans les résistances pour la prochaine application de la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie. Des spécialistes en genre estiment que la parité serait seulement atteinte dans 100 ans. Attendrons-nous jusque-là ?
Ma philosophie sur la thématique de l’égalité femme homme est assez différente de celle des amazones. Je pars du principe que les femmes ne doivent pas être ghettoïsées ou stigmatisées. Elles doivent refuser de se contenter des rôles et positions réservés d’emblée aux femmes dans les organisations sociales, professionnelles et politiques. Nous ne sommes pas des potiches !
Trouvez-vous normal que, en 2020, nous devions battre le pavé pour revendiquer des droits qui sont naturellement les nôtres ? Trouvez-vous normal que nous sommes encore soumis à la domination de l’homme, car le code de la famille consacre la puissance paternelle au détriment de l’autorité conjointe ?
Je pense que notre meilleure arme, c’est de nous imposer aux hommes. La seule façon d’y parvenir, c’est l’éducation de nos jeunes filles, à leurs plus jeunes âges, pour leur inculquer force et dignité. Il faut qu’il y ait autant de filles qui réussissent leurs BFEM et BAC que les garçons. Il faut un nombre équivalent de filles en université que celui des garçons. Ce n’est pas le cas aujourd’hui !
C’est par l’acquisition de connaissances et de compétences que nous parviendrons à renverser la situation en notre faveur. Aujourd’hui plus que jamais nous devrions pousser nos filles à inonder les meilleures universités et grandes écoles, à rivaliser de compétences à tous les échelons avec les hommes. Nous avons l’impérieux devoir de leur apprendre l’indépendance, l’autonomie et le « gueum sa bop rien que sa bop ». C’est cela qu’on appelle soigner par la racine. Je vous le répète : nous devons enseigner chaque jour à nos filles qu’elles sont capables et fortes autant sinon plus que les garçons à affronter la vie.
L’Oréal, en novembre 2019, à Dakar, a organisé une cérémonie de remise de prix pour célébrer les scientifiques de l’Afrique de l’Ouest. Deux sénégalaises ont été primées : Fatoumata Ba et Najah Fatou Coly. C’est un exemple à suivre pour les filles et les femmes. C’est assurément notre meilleure perspective, celle d’éduquer et de donner confiance à nos filles.