Apparemment le Covid-19 est plus agressif contre les leucodermes que les mélanodermes. Du point de vue des statistiques l’Asie orientale et l’Europe semblent être plus vulnérables en termes de porteurs du virus et de taux de mortalité. Cette situation mérite une réflexion afrocentrée, mais pas afrocentrique.
Il ne s’agit pas de se désolidariser de ce fléau devenu mondial depuis la propagation du virus du foyer chinois vers le reste du monde. Les Africains doivent contribuer à l’effort international de reherche de solutions pour stopper le virus et endiguer ses conséquences certaines en termes d’externalités économiques.
Ainsi donc nos spécialistes de l’épidémiologie et autres scientifiques et techniciens de la santé doivent rester mobilisés et outillés pour la recherche, la prévention et la protection, mais cela devrait aussi se faire dans un esprit critique avec une certaine maîtrise de l’initiative et du contexte africain pour ne pas simplement être des relais d’ une mouvance internationale qui n’intègre pas nos spécificités écosystemiques. Car, il est fort probable que le virus ait un comportement plus ou moins agressif d’un milieu à un autre, d’un organisme à un autre…
Ce doute cartésien me permet de me poser des questions sur la maîtrise du virus dans certains pays africains comme le grand Nigeria, la Libye, l’Égypte, le Kenya et le Sénégal dont les systèmes sanitaires sont moins évolués que ceux des puissances économiques comme la Chine, la France, l’Allemagne….
D’autre part, aux États Unis, comme en Europe, nous avons entendu les déclarations des autorités de la Federal bank et de la Banque centrale, ainsi que des chefs d’Etats et de gouvernements sur des mesures à prendre pour se préparer à une forte crise économique qui a déjà montré ses germes avec cette récession globale de la croissance dans l’économie des marchés globalisés, la chute vertigineuse des valeurs en bourse, avec des conséquences fatales pour les pays producteurs de pétrole, avec la chute vertigineuse du prix du baril de plus de 30 %, et les pays industrialisés exportateurs comme la Chine et leurs entreprises multinationales qui subissent énormément de pertes dues à la baisse forcée de la production, aux restrictions sur le transport international, à la psychose des consommateurs…
Cependant aucune voix ne s’élève depuis l’Union Africaine et nos CER, ni de la Banque Africaine de Développement ou encore de nos banques centrales. On apprend seulement que des prêts se distribuent facilement et en urgence à certains États.
En Afrique, même si les données manquent d’être accessibles ou précises, il est évident que nous ne pouvons être en reste et devons prendre le temps de la réflexion pour mieux appréhender ce nouveau contexte qui nous surprend avec le Covid-19.
De mon point de vue, deux questions majeures doivent nous interpeller.
1. Quel est et sera l’impact de la récession économique dans le reste du monde sur notre économie locale qui est globalement extravertie ?
En effet notre économie ouverte dépend énormément de nos importations, mais aussi des transferts qui nous proviennent de nos concitoyens émigrés (ce qui représente jusqu’à 20 à 50% de nos recettes intérieures mobilisées). Comment combler ce gap dans le pouvoir d’achat des africains ?
2. Quelle stratégie de résilience mettre en place pour nous permettre de supporter les impacts de cette nouvelle crise économique et par ricochet financière ? Comment mettre à profit la crise pour jeter les bases d’une reconversion économique et renverser la structure économique africaine en focalisant nos investissements sur la production locale d’autosuffisance et le marché intra-africain ?
De mon humble point de vue, nous devons penser à un plan de résilience qui pourrait être la base d’un plan de transformation structurelle et d’émergence d’une nouvelle économie panafricaine, à l’abri de la fébrilité apparente de l’économie mondiale globalisée, unipolarisée.
Une lecture africaine s’impose, au lieu de suivre la panique générale alimentée par des informations venues d’ailleurs.
En définitive, comme toute pièce, le Covid-19 a aussi ses deux faces. Il est tant que nous nous saisissons de l’opportunité de faire autrement que nous offre l’autre face de la monnaie. Reste à savoir quel leadership s’assumera pour marquer le tournant décisif pour le continent africain dans cette effrayante opacité mondiale, qui interpelle notre sens de la responsabilité.
Toutefois, en choisissant de ne rien faire par nous-mêmes, pour nous-mêmes, nous serons complices des dures réalités plus socio-économiques que sanitaires, que nous imposera ce virus casse-tête chinois. Surtout que la situation est déjà exploitée par nos États pour grever nos budgets et verser dans l’endettement facile. Ce qui est déjà une autre source d’inquiétude.
Dialagui K.