Ainsi, l’Arabie Saoudite le pays qui abrite la Mecque et Médine, qui assure la garde des « deux saintes mosquées », le berceau de l’Islam a reporté sine die la Oumra ! Pour cause de coronavirus.
Pourquoi n’a-t-on pas simplement demandé des prières collectives, si près des sépultures du Sceau des Prophètes et de ses compagnons ?
Les prières seraient montées tout droit jusqu’au septième ciel auprès d’Allah « allahou soubhanahou wa ta’ala » et les anges auraient répandu sa protection sur la terre sainte. A moins qu’il ait décidé dans son omniscience et son omnipotence d’éprouver son peuple en même temps que le monde entier. Dans ce cas, aucune action ne saurait protéger.
Nous devons seulement nous tourner vers lui et l’implorer de nous épargner. Car c’est lui qui sait Tout et qui peut Tout.
Les Saints et les Sages qu’il nomme régulièrement par son décret divin, dans toutes les communautés de croyants comme ses représentants, sont habilités à transmettre ses volontés et à intercéder auprès de lui. Eux seuls peuvent nous dire à tout moment quelles sont ses volontés et que faire face à chaque situation.
Le Coronavirus, ce n’est rien ! Nous avons en avons vu d’autres et par la Grâce d’Allah et avec les prières de nos Saints, nous avons survécu.
Ce pays n’est certes pas l’Arabie Saoudite, il n’y a ni Macca ni Médina, ni Al Qods, mais nous avons nos propres valeurs et nos propres saints ! Nos prières sont un vaccin contre le coronavirus.
Massemba commençait à s’échauffer et un attroupement s’était formé autour de nous, à l’angle de cette rue de Tilène où je l’avais abordé au hasard pour recueillir son opinion sur le report de la Oumra pour cause de coronavirus.
D’une quarantaine d’années, l’homme habillé d’un ensemble marron uni de cette coupe que je nomme « Dakar New Look » (tunique à manches longues, à hauteur du genou sur pantalon près du corps) m’avait semblé représenter le Sénégalais moyen.
« Euskey ! Barké Serigne bi ! »
Des exclamations extatiques fusaient du groupe et chacun voulait ajouter son mot visiblement pour appuyer les propos de Massamba.
Je commençais à me sentir mal à l’aise et mis rapidement fin à l’interview. Je me gardais bien de relancer Massemba sur le sujet de peur de provoquer un débat passionné.
J’aurais pourtant voulu lui demander en quoi et comment le Sénégal serait plus « béni » d’Allah que la terre de son envoyé, terre où il repose avec ses ascendants et descendants ainsi que ses compagnons.
J’aurais voulu aussi lui faire remarquer que si Allah est à l’origine de toute chose, il devrait bien être à l’origine de la science dont les recommandations face au coronavirus sont mises en œuvre par l’Arabie Saoudite et par des dizaines d’autres pays à travers le monde.
Lui rappeler que les exégètes s’entendent sur l’authenticité de ce hadith : « la recherche du Savoir est une obligation pour tout musulman ».
Lui demander enfin qu’il recoure pourtant à la science tous les jours et en permanence, pour manger, pour boire, pour se déplacer, pour…se soigner !
Sait-il qu’il suffit d’une personne, contaminée en Italie ou en France par exemple pour répandre la maladie, de proche en proche, dans tout le pays ?
Ce qui se passera alors, c’est que les centres de santé, les dispensaires et les hôpitaux seront débordés et on ne pourra plus faire face aux accouchements, aux accidents de la circulation et autres urgences, ni prodiguer les soins quotidiens qui maintiennent beaucoup de malades en vie.
L’hécatombe qui s’en suivrait ne serait donc pas le seul fait de l’épidémie mais de l’engorgement de tout le système de santé qu’elle aura provoquée.
Est-il bien sûr que nos prières suffiront à nous éviter une telle situation ?