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Vingt Ans AprÈs, À Quand La Fin Des Alternances Sans Rupture ?

Vingt Ans AprÈs, À Quand La Fin Des Alternances Sans Rupture ?

Une atmosphère délétère règne, en ce moment, sur la planète terre, à cause du COVID-19. 

Néanmoins, il n’est pas facile pour les patriotes et démocrates de notre pays d’oublier la date anniversaire de notre première alternance démocratique survenue le 19 mars 2000. Vingt ans après, acteurs politiques ou membres de la société civile sont animés de sentiments contrastés.

Le plus grand acquis du 19 mars 2000 est et demeure cette aptitude acquise par le peuple souverain à congédier ses dirigeants. D’un autre côté, ce moment important de notre vie nationale a permis l’accès au pouvoir de nouvelles personnalités, parfois d’extraction populaire, qui se sont enrichis très vite, constituant une nouvelle nomenklatura, différente à tous points de vue, de l’ancienne élite occidentalisée, tout aussi prédatrice, qui avait pris le relais des autorités coloniales.

Un autre aspect de ce passage de témoins entre socialistes et libéraux est l’apparition d’un nouveau type de gestion, assez informelle, loin des normes et procédures, – certes pas toujours garantes de transparence – qui caractérisaient la cohorte d’anciens élèves de l’ENFOM, noyau dur de l’administration sénégalaise, à sa naissance.

N’oublions pas le phénomène de la transhumance, qui au-delà des choix individuels des uns et des autres, pose aussi bien la question de la pérennisation des pratiques clientélistes que celle de la différenciation idéologique au niveau de l’arène politique de notre pays !

Ensuite est survenue la seconde alternance, le 25 mars 2012 !

Nous disposons, à présent, de suffisamment de recul pour conforter l’hypothèse d’une similitude des objectifs politiques entre les régimes successifs de Wade et de Macky Sall, sur la base des arguments suivants, qui sont loin d’être exhaustifs :

A LIRE  CONVICTIONS PARTAGEES

  • Refus de rompre d’avec, voire accentuation de l’hyper-présidentialisme instauré, juste après la crise politique de 1962,
  • Domestication de l’institution parlementaire, caisse de résonnance de l’Exécutif, grâce à un mode de scrutin inique,
  • Manipulations incessantes du processus électoral avec remise en cause du consensus de 1992, modifications unilatérales de la carte électorale, distribution biaisée des cartes d’électeurs, tripatouillages de l’état civil…
  • Instrumentalisation du système judiciaire pour emprisonner des adversaires et garantir l’impunité voire l’immunité aux amis politiques,
  • Retouches incessantes de la constitution en faveur des intérêts politiques du pouvoir,
  • Politiques économiques extraverties, réservant la part de lion à l’ancienne puissance coloniale, malgré de timides ouvertures vers de nouveaux partenaires (Turquie, Chine…)

Il y a cependant quelques nuances dans l’approche entre le maître et le disciple.

Me Wade, de par sa longue expérience d’opposant politique, a gardé des réflexes démocratiques, que son successeur a tôt fait de jeter aux orties. Le président Sall, semble en effet, privilégier un style de gouvernance tyrannique. Combien de responsables politiques de l’opposition ont passé plusieurs mois en prison pour des délits supposés d’offense au chef de l’État ? Combien de manifestations pacifiques ont été interdites ? 

Mais le comble de l’arbitraire a été l’emprisonnement ou l’exil de rivaux politiques, sur la base de procès reconnus comme irréguliers et inéquitables, pour les empêcher de prendre part à la dernière présidentielle.

Cette manière de faire la politique, en faisant totalement abstraction des mécanismes et règles de bienséance politiques, en instrumentalisant de manière flagrante la Justice, est inédite dans notre pays, même aux pires temps de la guerre froide et/ou de la dictature senghorienne. 

La vraie fausse réconciliation de Massalikul Djinane et les purges au sein du PDS ont confirmé le fait que l’antagonisme entre le président Sall et son ancien mentor ne reposait que sur le sort de l’ex-prince héritier exilé et non sur des divergences programmatiques ou idéologiques.

Il s’agit, en fait de batailles de positionnement entre les différentes fractions de la famille libérale, dont aucune ne semble faire de la refondation institutionnelle, de l’approfondissement de la démocratie et de la rupture avec le capital international, de l’amélioration de la vie des simples gens, des points saillants de son agenda politique.

C’est ce qui nous vaut ce prétendu dialogue national, sans queue ni tête, où les considérations électoralistes priment sur toutes les autres, où les protagonistes évitent soigneusement tout casus belli pouvant compromettre une marche programmée voire forcée vers un gouvernement d’union nationale voire vers … un troisième mandat.

Heureusement que d’autres forces sont à l’œuvre, qui préconisent l’avènement d’une véritable alternative sociopolitique, en lieu et place de ces alternances aussi inutiles que stériles.







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