Les media sensibilisent moins sur les dispositions à prendre contre cette pandémie qui bouleverse le monde entier qu’ils ne promeuvent la solidarité manifestée par l’opposition.
Les moins jeunes se souviennent encore des évènements sanglants sénégalo-mauritaniens de 1989. Abdou Diouf au bord des larmes quitte le CTO. Les opposants de l’époque ouvrent les robinets lacrymaux. L’heure est à la sainte union nationale. Après les soubresauts des années de braise post 1988, gouvernement et opposition cherchaient une formule magique pour se retrouver autour du gâteau. On connaît la suite : gouvernement de majorité présidentielle élargie, Collin à la trappe.
Macky Sall a du mal à donner de l’allure à son dialogue national handicapé de naissance. Depuis un an, les deuils (Nguéniène) et les cérémonies religieuses (Porokhane) sont prétextes à des clins d’œil énamourés entre le Pouvoir et une partie de l’opposition, des nomades affamés et assoiffés errant dans le désert. Le Covid19 est en passe de donner un bon prétexte pour un appel à l’union sacrée contre le péril invisible qui a mis à terre des pays « beaucoup plus forts que le Sénégal » comme l’a soutenu récemment le Président. S’unir devient un impératif, refuser le sursaut national serait une « trahison ».
Une campagne de communication tout azimut se met en place pour amener habiller les conclusions de dialogues nocturnes pour des retrouvailles autour du gâteau national. Voici le scénario dont l’écriture est presqu’achevée. A l’occasion du 3 avril un discours d’appel à l’union sacrée sera prononcé, puis un gouvernement « partage des restes du Sénégal » sera mis en place. Les anciens lieutenants de Wade entrés en dissidence devraient y ramasser quelques portefeuilles, de même que leurs ex-frères libéraux que l’on a aperçus sagement hocher la tête à Porokhane. Même si le poste de chef de l’opposition est destiné au chef de la délégation des pèlerins-politiques.
L’exilé de Doha, qui a salué dans une sortie remarquée, la gestion de la crise du covid19 par son ex-frère Macky Sall, devrait rentrer au bercail. On le voit le Covid19 ne fera pas que des malheureux, mais il y en aura. Des petits Collin, il y en aura. Les boucs émissaires sont triés et prêts pour l’abattoir : vous avez tort de penser aux amis de Mame Mbaye.
Signes avant-coureurs : la traque des opposants qui ne pensent pas comme Macky Sall par certains communicants. Un sous-titre glané au hasard : ces opposants victimes de leur malheureuses sorties. Opposition, rangez-vous derrière le commandant en chef de la guerre contre l’invisible armée de Covid19. Critiquer par les temps qui courent, c’est trahir.
Chers politiques, ne profitez pas de ce malheur…
La seule communication qui vaille en ce moment devrait être l’éducation de la population face à cette pandémie aux conséquences dévastatrices à tous les niveaux et l’encouragement du corps médical qui, malgré ses maigres moyens, tiens la pirogue.
Madior Ly