« S’agissant du COVID-19, il faut faire la différence entre le nombre de cas positifs testés et le nombre réel de malades »
Selon l’organisation mondiale de santé, l’Europe est le nouvel épicentre de la pandémie du coronavirus. Le nombre de cas dépasse les 200.000 dans le monde, avec plus de 8000 morts. Le coronavirus est à l’origine d’une crise sanitaire d’une ampleur inédite qui conduit quasiment la totalité des pays du monde, à commencer par ceux touchés (157 pays sur 198) à prendre des mesures drastiques (confinement partiel ou généralisé de la population pour freiner la propagation du virus, fermeture temporaire des frontières, restriction des déplacements, règles de distanciation sociale, etc…).
Au Sénégal, des mesures de bon sens ont été prises : interdiction des rassemblements publics, fermeture des écoles, etc… Mais, ne nous voilons pas la face : le nombre des cas positifs au Sénégal est largement sous-estimé par rapport au nombre réel de malades (le chiffre de 30 à 35 cas correspond aux personnes diagnostiquées et non au nombre de malades réels). A titre d’exemple, au Royaume-Uni, les autorités évoquaient la semaine dernière le nombre de 55 000 malades, alors qu’il n’y a que 1950 cas positifs testés. En France, le passage à la phase 3 a impliqué le choix de tester essentiellement les cas graves suivant une logique sanitaire (diagnostiquer les cas sévères pour une meilleure prise en charge). Elle part du constat réaliste que de nombreuses personnes positives, présentant peu ou pas de symptômes, sont passés sous le radar (d’où la décision prise en accord avec les experts de santé de confiner la population pour limiter les contacts et la transmission du virus). Comme beaucoup de pays d’Afrique, dont les systèmes de santé sont fragiles, le Sénégal ne dispose ni des moyens, ni des outils suffisants pour mettre en œuvre les modalités de diagnostic. Des tests de la population n’ont pas été réalisés au Fouta, au Fongolémi, à Tambacounda, à Thiès, à Dakar ou dans d’autres localités permettant de conclure qu’il existe moins de 40 cas au Sénégal. Il est probable qu’il y ait déjà des centaines de cas, voire peut être des milliers dans notre pays.
L’Organisation mondiale de la Santé, a sonné l’alerte, appelant l’Afrique à « se réveiller » face à la menace du nouveau Coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au « pire ». Le devoir de vérité exige d’alerter nos compatriotes sur la réalité, sans tomber dans un catastrophisme ambiant. Le pouvoir envisage la création d’un fonds de solidarité contre les effets de la maladie à coronavirus. Notre position est claire : Il est hors de question de demander aux citoyens et goorgolu sénégalais déjà frappés de plein fouet par les effets des politiques économiques hasardeuses mises en œuvre, et qui peinent à joindre les 2 bouts de contribuer financièrement à ce fonds. Que des artistes, des mécènes ou des entrepreneurs, contribuent à l’effort, pourquoi pas ? Mais certainement pas le citoyen lamda. Avant toute chose, Il appartient au régime de prendre ses responsabilités et de balayer devant sa porte. C’est pourquoi nous demandons à ce que les fonds spéciaux dits fonds politiques de Macky Sall et du Président de l’assemblée nationale qui sont distribués aux militants politiques de l’APR et de l’AFP et dépensés pour des futilités (activités de politique politicienne) soient affectés à la lutte contre la pandémie du Coronavirus. Pendant très longtemps, les fonds spéciaux qui bénéficient d’un régime juridique dérogatoire au regard du droit budgétaire commun ont été détournés de leur destination quant à leur usage. Ces fonds doivent être mobilisés lors de catastrophes naturelles pour soutenir les populations touchées, pour mener des opérations visant à sauvegarder les intérêts fondamentaux de l’intérêt ou pour lutter contre des pandémies, telles que le CORONAVIRUS qui concerne une problématique majeure de santé publique et exige une disponibilité immédiate des fonds. Ils n’ont pas vocation à entretenir des militants politiques (détournement de la philosophie qui sous-tend leur usage).
La mise d’un fonds de solidarité contre les effets de la maladie à coronavirus n’est crédible qu’à condition que Macky Sall et Moustapha Niasse mettent à disposition des populations sénégalaises les fonds spéciaux à leur disposition pour le bien-être des populations, et non pour gérer une clientèle politique.
La lutte contre la pandémie du coronavirus (un défi majeur) exige la mobilisation de tous les sénégalais (acteurs politiques, société civile, citoyens, médias, etc…). Il serait judicieux dans une approche pédagogique de réaliser des spots publicitaires (déclinés en plusieurs langues) sur les gestes (lavage régulier des mains) et à la posture à adopter, en cas de doute (symptômes). Chaque bon réflexe peut sauver une vie.
Soyons clairs : l’exemple doit venir du haut : les fonds spéciaux du Président et du Président de l’assemblée nationale doivent être affectés à la lutte contre la pandémie. Aucun sénégalais ne comprendrait qu’il en soit autrement (le contraire serait faire preuve d’irresponsabilité).
Seybani Sougou