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Ces Bouleversements Et La Revolution Sociale Suivront Certainement Apres Pandemie

Ces Bouleversements Et La Revolution Sociale Suivront Certainement Apres Pandemie

En effet, je crois que les féodalités maraboutiques comprennent de plus en plus que l’Etat est déterminé, que la défiance citoyenne est proche. Sinon, comment une minorité peut elle imposer sa croyance finalement criminelle à la majorité?

Intellectuels sénégalais de toutes obédiences, c’est le moment de saisir l’opportunité des tergiversations des féodalités maraboutiques en ces temps de crise pour un assaut qui puisse réduire leur influence. Le système maraboutique coûte trop cher à ce pays: plus de 3000 cérémonies qui demandent Sécurité, électricité, subvention transport, denrées alimentaires, eau, transfert direct d’argent, santé, audiovisuel public, en sus des transferts exceptionnels de ressources, des évacuations sanitaires, des voitures de luxe, des passeports diplomatiques, tout ça à la charge de l’Etat!

Pire, l’obscurantisme est accentué pour mieux se soumettre la masse crédule des croyants. La foi n’est plus éclairée par l’apprentissage du livre et des traditions prophétiques. La religion est transformée en une gigantesque machine de propagation de fake news, de contrevérités, de soumission aveugle, de frein au progrès intellectuel, culturel et social de notre Nation. La religion accentue l’enfermement identitaire, par les confréries devenues de véritables sectes en concurrence.

La religion a happé le débat public et installé un terrorisme si dissuasif que même des politiques et des intellectuels croient devoir se référer à quelques versets sommaires, appris dans le tas, pour donner la preuve de leur bonne foi. Dieu est devenu un résident sénégalais parce que les féodalités maraboutiques et leurs relais de fanatiques pensent effectivement que le Créateur a élu domicile sur nos terres bénies. Et elles propagent venin et virus tendant à faire croire que rien ne peut nous arriver, feignant d’oublier tous les drames, toutes les tragédies qui ont frappé notre cher Sénégal: colonisation, sècheresse, choc pétrolier, pandémies, ammoniac de la Sonacos, bateau Le Joola, accidents de la route au quotidien, milliers d’enfants dans la rue, et aujourd’hui le Coronavirus. Propagateurs de l’obscurantisme en lieu et place des enseignements éclairants du livre dans certains de ses aspects, les féodalités et leurs ouailles incultes deviennent de dangereux propagateurs du Covid19. Ainsi pensent-elles devoir violer la consigne de l’Etat contre les rassemblements.

Ainsi pensent-elles qu’il faut maintenir les mosquées ouvertes aux fidèles malgré les risques réels de décimer la communauté nationale avec l’exposition au virus. Ainsi pensent-t-elles qu’il suffit d’ouvrir le livre et de regarder un verset (la majorité des ouailles ne sachant pas lire) pour être prémuni du virus. Ainsi propagent-elles que les crachats d’un tel ou tel marabout mystificateur constituent un remède. Les intellectuels sénégalais, les vrais, doivent initier fermement la critique de la pratique religieuse chez nous. Je ne demande à personne d’être païen, athée ou croyant. Je pense juste que pour l’intérêt de notre pays, intellectuels croyants comme paiens, ou non croyants, doivent aider les populations du Sénégal à se libérer de l’obscurantisme, des ténèbres de l’inculture, des chaînes criminelles de l’aliénation. Je me réserve de dire, personnellement, ma posture car ce n’est pas l’enjeu.

L’enjeu, c’est la nécessaire entreprise de démystification de ce qui maintient notre société dans le fatalisme et l’illusion ravageuse d’un salut promis par de faux dévots. Je suis un grand lecteur des livres saints, les évangiles comme le coran principalement. Indépendamment de ce qui peut paraître comme des constructions idéologiques et des cadrages doctrinaux mus par des enjeux de pouvoir, on trouve des pépites d’or et de diamant qui indiquent la vertu de la raison, l’indépendance de l’individu dans son rapport à Dieu, l’exigence de connaître pour affiner sa foi, la liberté face aux biens matériels au contraire de l’accumulation effrénée de richesses par nos marabouts cupides, la sobriété au contraire des tendances hédonistes de piètres bergers. Nous avons un combat salutaire à mener, un combat difficile au regard de la conjoncture, mais un combat nécessaire qui mènera chacun de nous vers une vie heureuse. Un combat qui doit libérer l’Etat et le rendre à une citoyenneté nouvelle, indépendamment des régimes politiques.

Jacques Attali







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