Très chers compatriotes, je vous écris d’un pays en guerre contre le coronavirus, ce fléau mondial et ravageur, dans une ville déserte et triste. À Rome où je vis quand je ne suis pas à Dakar, me voici confinée et contrôlée comme toute la population par les policiers à la moindre sortie dans la rue. Aujourd’hui encore, 650 personnes mourront à travers le pays, des suites du coronavirus et des milliers d’autres seront testées positives au Covid 19, tandis qu’un nombre indéterminé se trouvera à son tour infecté, faisant de ce paradis sur terre un enfer.
Bien entendu, sur les conseils des autorités locales et des professionnels de santé je reste chez moi et n’ai aucun contact social direct. Jour et nuit retranchée et inquiète, je m’informe de l’évolution de l’épidémie, dans le monde et surtout dans mon pays chéri. Cher Sénégal, toi qui souvent me rends folle de rage par tes palabres et tes polémiques, voici que tu me redonnes du cœur et du courage, grâce à l’élan de solidarité lancé depuis le début de cette épidémie. Pour ne citer qu’eux, le secteur privé sénégalais, ou encore l’Association des commerçants et industriels du Sénégal, tout comme le secteur bancaire, se mobilisent fortement pour venir apporter des ressources complémentaires à l’Etat du Sénégal et ainsi mieux lutter contre le Covid-19.
Cette nuit le président de la République, Macky Sall, a déclaré l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire. « La vitesse de progression de la maladie, a t-il déclaré, nous impose de relever le niveau de la riposte ». Cette mesure est assortie d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de 20 heures à 6 heures, a précisé le président Sall dans un message diffusé à la télévision publique (RTS).
L’heure est grave ! Je voudrais vous rappeler chers compatriotes, que partout où sévit ce coronavirus règne en un temps record la désolation et la peur. Des pays réputés pour leur discipline, comme la Chine hier ou l’Allemagne aujourd’hui ont toutes les peines du monde à venir à bout de cette « peste des temps modernes », alors qu’en sera-t-il quand elle se rependra chez nous ou la distanciation sociale se heurte souvent à des réticences culturelles et surtout religieuses ?
Croyez-en l’expérience tragique de la France, de l’Espagne, des États-Unis ou de l’Italie, il ne s’agit pas là d’une grippe seulement méchante pour les personnes fragiles, non, cet affreux virus terrasse au hasard des femmes et des hommes âgés ou dans la force de l’âge.
C’est pourquoi, je vous conjure dès à présent, de limiter au maximum vos déplacements et d’éviter les rassemblements, notamment sur les marchés ou dans les mosquées.
Les mesures déjà prises par le président Macky Sall en vue de lutter contre la pandémie de coronavirus sont courageuses et responsables, comme l’interdiction des manifestations publiques et la fermeture des écoles au Sénégal, mais seront-elles suffisantes au regard de l’augmentation exponentielle prévisible de la pandémie ?
Cette maladie hautement contagieuse, se répand chaque jour davantage, gagne du terrain à travers les regroupements et déplacements de personnes, c’est pourquoi des mesures strictes sont nécessaires pour empêcher sa propagation fulgurante aux conséquences catastrophiques pour tout pays, encore plus pour un pays vulnérable comme le Sénégal.
C’est pourquoi, je vous invite donc à un changement impératif de comportement pour éviter le pire. Il n’y a pas de temps à perdre. Chaque jour gagné c’est des vies sauvées.
Nous sommes tous exposés mais pas de la même manière, car les systèmes de santé en Afrique n’ont pas la capacité pour tenir le coup, aussi je lance un cri d’alarme sur le respect des gestes barrières et des règles d’hygiène, comme éternuer dans son coude et se laver les mains.
Nous avons devant nous des semaines terribles, peut-être des mois. Aidons l’État et les professionnels de santé à gérer cette crise sanitaire, car tout ce que nous ne faisons pas aujourd’hui coûtera des malades et des vies.
Il sera temps, une fois confinés dans nos foyers de réfléchir à ce qui compte vraiment pour le jour d’après, à ce qui nous rend heureux. La nuit tombe sur Rome. Le silence est lourd. Les questions se bousculent. Comment sortir de cet enfer ? Mieux vaut sur-réagir que sous-réagir ! Le pire est de savoir et ne rien faire.