Monsieur le président,
Face à la propagation du Covid-19, le Sénégal n’a plus le choix.
Au plan économique, les mesures qui allaient dans le sens de l’ajustement structurel sous le couvert de l’Instrument de Coordination des Politiques Économiques (ICPE) du Fonds Monétaire International (FMI) doivent immédiatement être remises en question. A défaut, la misère des populations s’aggravera dans des proportions dramatiques, laissant craindre le pire en matière de famine et de réactions sociales.
De la priorité au remboursement de la dette extérieure
La priorité au remboursement de la dette extérieure constitue le cœur de l’ICPE. Or la trésorerie de l’État sera grandement affectée par les conséquences de la crise économique qui s’installe. La ponction des impôts sur les grandes entreprises ne pourra être augmentée et faiblira avec leur activité. L’abaissement de la demande des ménages aura un impact négatif sur les perceptions de TVA. Les difficultés des entreprises doivent être compensées par une priorité à donner aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites.
Les besoins pour contrer l’insécurité alimentaire dans les campagnes et les villes secondaires vont exploser avec l’entrée dans la période de soudure et la plus que probable réduction des transferts émis par nos compatriotes de la diaspora. Cette dernière sera en effet frappée par le recul économique dans les pays où ils résident.
Toutes ces raisons font que le remboursement de la dette extérieure doit être l’objet de renégociations. Les démarches engagées par le FMI et la Banque Mondiale pourraient conduire à un moratoire sur les remboursements dus aux créanciers bilatéraux. La dette privée doit également pouvoir être réexaminée avec le concours de la BCEAO comme garant possible dans le cadre d’une démarche d’inversion de priorités faisant d’abord passer le règlement de la dette intérieure avant celui de la dette extérieure.
Du renforcement de la pression fiscale.
L’engagement à l’égard du FMI consistant à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années était irréaliste et dangereux pour l’économie sénégalaise qui aurait été mise en situation déflationniste.
Cet objectif doit être abandonné car les entreprises et les ménages vont souffrir à très court terme des conséquences de la baisse de l’activité économique.
Les perceptions d’impôts sur les entreprises autres que les 20 ou 25 les plus contributrices à la collecte de l’impôt sur les sociétés doivent être reportées. Il ne s’agit pas de le faire systématiquement mais d’ouvrir cette fenêtre à celles qui en exprimeraient le besoin. Il est essentiel d’avoir bien conscience que l’endettement supplémentaire facilité par des dispositions particulières (notamment celles prises par la BCEAO) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront. L’endettement a en effet le défaut de provoquer un accroissement des charges financières alors que le contexte est également celui d’une baisse du chiffre d’affaires des emprunteurs.
Les mesures qui étaient annoncées comme devant participer à l’extension de l’assiette fiscale doivent continuer à être étudiées mais leur mise en œuvre reportée.
De la hausse des prix du carburant et de l’électricité
Ces mesures doivent être remises en cause dans les meilleurs délais. Le réajustement à la baisse des prix du carburant et de l’électricité sont rendus possibles avec celle du cours mondial du pétrole.
La baisse des prix du carburant fera entrer un peu plus de revenus au sein des ménages.
Elle permettra aux transporteurs de personnes en particulier (chauffeurs de taxis et de cars rapides) de retrouver une partie de leurs marges compromises par la réduction réglementaire du nombre de personnes à transporter en taxi ou en bus.
La baisse du prix de l’électricité contribuera aussi à donner une petite « bouffée d’oxygène » aux ménages par la baisse de leurs dépenses dans un contexte de baisse de leurs revenus.
Des entretiens avec le FMI devraient donc conduire cette institution à prendre en compte la situation mondiale actuelle et celle spécifique de notre pays, et à libérer le Sénégal d’engagements qui sont pour l’heure impossibles à respecter sauf à mettre en danger l’équilibre de notre Nation.
Dans l’espoir que ces quelques propositions et éclairages en complément à ceux que je vous ai déjà adressés dans les mêmes formes vous seront d’utilité, je vous prie d’agréer, monsieur le président, l’expression de notre considération citoyenne.
Que Dieu (swt) sauve le Sénégal et l’humanité.