Le coronavirus lui a sectionné les jambes, mangé la langue, amputé les élans, mis en un jour en éboulis ses rêves.
Mais voici comme jamais cela n’aurait pu arriver ni être imaginé, dopée la pensée des philosophes, enivrée l’inspiration des poètes, fouetté l’orgueil des scientifiques, réinventée la posture des rois, humiliée la vanité des politiques. Voici le monde portant des béquilles et comme les béquilles manquent, voici le monde qui rampe. Nous voici ainsi tous ensemble et du même bord, pouvoir et populace, sur les mêmes barricades. Rare !
Avec un virus on fait des morts. Avec la solidarité on fait des vivants.
Vaincus, nous nous relèverons mais nous ne serons plus les mêmes. Les enfants qui naîtront dans 100 ans porteront des ailes et auront des pieds palmés. Ce qui marchait volera et nagera. Ce qui volait, nagera. Ce qui nageait volera. Dieu n’habitera plus que les cœurs qui ont bâti une vraie demeure pour Lui, mais une demeure sans briques et sans sable, car c’est cela Sa Vraie Demeure.
Bienvenue en terre inconnue à ceux qui n’ont eu comme bagages dans leur vie que l’argent, le pouvoir, l’envie.
L’esprit seul est notre avenir.
Ce qui vaincra les virus à venir -car ils arrivent demain plus terrifiants encore -est hors de ces bagages. L’esprit seul les vaincra. L’esprit seul peut les précéder. Puisse l’homme sauver l’homme en s’abandonnant à l’esprit !
Amadou Lamine Sall