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Après Le Succès Des Eurobonds, Va-t-on Vers Les « coronabonds » ? (ablaye Modou Ndiaye)

Du succès, ils en ont eu. Il s’agit des eurobonds (euro-obligations) qui ont été proposés pour la première fois en 2010 par  Jean-Claude Juncker, ancien président de la commission de l’Union Européenne comme étant une solution à la crise de la dette de 2009 dans la zone euro. La volonté des acteurs politiques, économiques européens, était d’éviter la spéculation sur les dettes des États les plus en difficulté via la mutualisation des dettes des pays de la zone euro. En effet,  l’eurobond qui a eu ensuite le vent en poupe dans le monde économique se devait d’adopter une « logique globale d’appuis et d’oppositions aux euro-obligations entre des gouvernements dont les taux d’emprunts sont faibles et qui les verraient augmenter avec des obligations communes et d’autres gouvernements dont les taux d’emprunts sont forts et qui à l’inverse les verraient baisser ». Ces eurobonds avaient pour objectif  de rétablir les disparités notées dans la zone euro et devaient permettre à des pays comme la Grèce avec un taux d’endettement de 143% de son PIB à la fin 2010, l’Italie 120%, l’Irlande 96%, de « mutualiser » leurs dettes avec les moins endettés et ayant une situation économique beaucoup plus probante de mettre tous les contributeurs au même niveau. 

Le même modèle devrait-il être adopté pour rétablir le climat économique maussade de beaucoup d’États qui se préparent à se lancer sur le marché de l’emprunt obligataire pour apporter une réponse résiliente à la crise économique au vitriol issue de la pandémie du coronavirus qui a fini d’installer le monde dans une totale lugubrité. Pour l’Union Européenne, l’idée est émise avec comme dénomination les  » coronabonds » qui visent à émettre des obligations solidaires mutualisées dédiées au coronavirus. Mais cette idée fourbie présentement et qui a bon aloi auprès de certains dirigeants de l’UE, risque de diviser les pays les plus et les moins endettés d’Europe. Ça sent la dissonance autour de ces « coronabonds ». Car une réunion entre les ministres des finances de l’UE, tenue mercredi 8 avril a révélé le prisme de cette discorde. Les pays du Nord présentant un taux d’endettement plus stable sont réticents par rapport à cette mutualisation. Cette réticence est due à l’endettement des pays comme l’ Italie, l’Espagne qui totalisent chacun un poids de la dette dépassant leur PIB annuel. Lors de cette rencontre des ministres des finances, 14 pays ont donné leur avale pour le lancement des  » coronabonds » afin de faire face aux dégâts collatéraux causés par le virus maelströmique. Pour ces  pays  » ces obligations mutualisées émises au nom de toute la zone euro pourraient apporter à ces États fragiles de l’argent frais à un coût quasi nul, grâce à la participation des États comme l’Allemagne qui empruntent aujourd’hui à un taux négatif ».

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Cet outil solidaire fera-t-il école en Afrique où nombreux sont les États qui fourbissent leurs armes actuellement pour se lancer sur le marché obligataire pour concocter un plan de résilience économique.Cela pourrait être un deal qui permettrait non seulement aux États africains de gérer leur situation post-pandemique mais aussi de maîtriser leur taux d’endettement.Les organisations régionales africaines sont alors appelées à sortir de leur omerta pour convaincre leurs États membres à faire preuve de solidarité et éviter que les États se retrouvent  quelques années plus tard dans une spirale d’endettement abyssale.

Ablaye Modou Ndiaye

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