J’admets d’emblée, que la contradiction a l’épreuve de laquelle ma réflexion pourrait certainement être soumise est aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour prémunir notre République de décisions malencontreuses. La pression psychologique est certes très forte mais covid-19 ne peut décider de TOUT !
Si nous voulons véritablement gagner la grande GUERRE , qui n’est que sanitaire, si nous ne voulons pas au sortir de la crise covid-19 nous retrouver avec une économie purement à l’état végétatif, comme un « légume », incapable de faire tourner le minimum essentiel, c’est maintenant qu’il faut réfléchir et surtout bannir la passion et les émotions. Dans tous les cas « Le jour d’après » s’avère d’une cruelle fatalité à notre pays.
A ceux qui seront tentés de voir en moi un fou.., je comprends leur angoisse et leur dis que notre pays fait face à une folle situation, inédite et complexe à la fois. En revanche chaque fois que vous voyez la beauté d’une quelconque réussite vous émerveiller, dites-vous que c’est parce qu’un jour quelqu’un a pris une décision courageuse, par fois très éloignée de la réaction instinctive et immédiate….
Entendons nous bien il s’agit à la fois d’une guerre sanitaire et économique. Pour le moment, on peut dire qu’au plan clinique les choses se passent relativement bien, les spécialistes de la santé réussissent le pari de contenir la progression du virus et éviter à notre pays une situation de catastrophe. Mieux encore les tendances sont baissières, quoi que l’heure n’est pas au relâchement il faut davantage de sensibilisation et beaucoup de vigilance mais tout en restant lucide.
Lucide pour s’affranchir de l’émotion qui pourrait nous empêcher de voir plus loin que Covid19. L’économie du pays peut tolérer un ralentissement momentané, passé un seuil critique que les spécialistes nous diront, le pays court un danger et notre machine économique pourrait avoir tellement de mal à se relancer qu’on pourrait vivre après la crise covid-19 une mega crise économique qui pourrait avoir raison de nos économies fragiles (crise de l’emploi, terrible récession économique, licenciement massif, dépôt de bilan, PME/PMI à terre, année scolaire non valide, terrible endettement de l’état, chômage, tourisme en faillite, pauvreté accentuée, bref un pays à terre …). En réalité si la crise covid-19 tendait à se prolonger, l’empathie dont a fait montre le secteur privé pourrait très rapidement laisser place à la dure réalité de l’offre et de la demande.
La France annonce la pire récession économique depuis 1945, c’est pendant ce temps que le Sénégal annonce furtivement une perte de 03 points sur les projections de croissance économique. Sommes-nous en mesure d’aller plus loin.. ? C’est quoi le PIB du premier trimestre et celui projeté sur 15 jours supplémentaires, quels impacts pour la chute d’activité au premier trimestre, quels sont les secteurs d’activité les plus mis à mal par cette crise, quels sont les chiffres à date sur l’évolution du chômage, savons-nous ce qui nous attend..? Attention « On ne pilote que ce que l’on mesure. »
Quoi qu’il en soit, on peut admettre sous l’angle de la logique scientifique que nous ne soyons pas en présence du même cas sanitaire de l’Europe ou des USA, j’admets toutefois que cela puisse être discutable. Je veux dire tout simplement qu’après bientôt 03 semaines d’un freinage brutal de la machine économique (décision qu’il faille effectivement prendre le temps d’y voir plus clair) , il est réellement temps que les politiques reprennent les commandes pour un arbitrage/conciliation nécessaire entre conseillers médicaux et conseillers économiques de la République, le bénéfice attendu d’un tel exercice est de passer à une évaluation stratégique et surtout faire de nouvelles projections inspirées non par un vent de panique venu d’ailleurs mais par les chiffres du tableau d’évaluation des performances détenu par la cellule nationale de crise. Qu’on se le dise maintenant , notre pays n’a pas les moyens de supporter toutes ces charges essentielles et de venir en aide à tous les ménages pendant une durée importante. S’il faut véritablement envisager dès maintenant une redémarrage progressif de l’activité du pays qu’on se donne les moyens d’y aller, cela passera par un assouplissement opportun sur certaines mesures administratives et surtout que l’état en relation avec les entreprises et l’administration territoriale prennent des mesures d’accompagnement afin que cela n’implique pas forcément une régression dans la lutte sanitaire jusque la maîtrisée.
Montesquieu en parlant de l’esprit disait «Ce qui est important ce n’est pas ce que je vous ai dit , c’est plutôt ce que j’ai voulu vous dire», notre pays doit rester debout aujourd’hui , tout comme il devra l’être demain !
Abdou Lahad DIAKHATE