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Les Vicissitudes D’une Crise Sanitaire Face à Un Système Politique Inachevé (abdalah Faye)

Les Vicissitudes D’une Crise Sanitaire Face à Un Système Politique Inachevé (abdalah Faye)

Un mimétisme institutionnel au sommet de l’Etat 

Face à la propagation du Covid-19, l’Etat sénégalais a pris un certain nombre de mesures, pour freiner le risque de transmission de la maladie, à l’instar de ses voisins africains. Parmi ces mesures, la fermeture des établissements scolaires, l’interruption des déplacements interurbains, un couvre-feu entre 20h00 et 6h00 du matin, l’interdiction de vendre du pain ailleurs que dans les boulangeries, entre autres… 

Nous avons pu constater les premières conséquences de ces mesures. De longues files d’attente devant les boulangeries, des plages prises d’assaut par les jeunes, et le tout couronné par des bavures policières dès le premier soir du couvre-feu. Ces dernières que je condamne fermement d’ailleurs, car faire respecter la loi à mon sens, commence par la respecter soi-même, en appliquant avec rigueur les sanctions prévues en cas de récidive la place de la violence physique exercée sur les populations, l’idéal serait de procéder à un rappel à l’ordre, notamment dans un contexte de crise, de psychose et d’inquiétude générale. 

Par ailleurs, nous avons noté une sorte de mimétisme institutionnel dans les décisions qui ont été prises par le Président Macky Sall, qui s’avèrent trop proches de celles de son homologue Français. Il a fallu que celui-ci annonce la fermeture des frontières aériennes, avant que le Sénégal ne le décide, nous n’avons donc pas eu le choix. Cette situation interroge la capacité de nos Etats africains à décider en toute responsabilité et à anticiper les conséquences éventuelles. Le contexte sénégalais étant particulier du point de vue économique, sociologique et culturel, il faudrait donc des mesures « sur mesure », adaptées à nos réalités sociétales. 

Gouverner c’est prévoir 

Le rôle premier d’un Etat responsable est de PREVOIR. Devant cette situation de crise sanitaire en l’occurrence, il aurait fallu mettre en place un dispositif d’endiguement dès le début de la pandémie, notamment par un contrôle aux frontières avec un relevé de température, qui permettrait de mettre en quarantaine toutes les personnes venant des zones à risque, les surveiller sur une durée de quatorze (14) jours, le temps d’incubation du virus. 

Nous avons une société très informelle, une fois que ces personnes auront fondu dans la masse, il est difficile et presqu’impossible de retracer leur parcours et d’identifier ceux avec qui elles auraient été en contact. Entre l’aéroport et le domicile, les possibilités de transmission sont multiples. La promiscuité dans les quartiers populaires et au sein même de certaines familles, constitue un vrai facteur de risque. 

Bien qu’ayant un corps médical qualifié, notre système sanitaire est confronté à d’énormes difficultés avec une faible capacité d’accueil et une insuffisance en matériels médicaux. Le risque encouru est énorme en cas de propagation ! 

ONG FOCUS 

Les vicissitudes d’une crise sanitaire face à un système politique inachevé 

Entre impréparation et tâtonnement… 

Au regard de la situation, j’ai l’impression que la question n’était pas prise au sérieux avant que des cas ne soient déclarés. Nous avons assisté à du tâtonnement à travers une série de rencontres au palais présidentiel, avec des leaders de l’opposition, les communicateurs traditionnels et quelques acteurs de la société civile. Tout cela a servi à quoi ? 

L’heure n’est plus à la parole, il s’agit d’une question de santé publique qui décime des milliers de personnes, même dans les pays développés. Il était plus judicieux de réunir les spécialistes afin d’agir concrètement et efficacement. Cela passerait par la mise en place d’un système de dépistage de masse de façon systématique ; par la clarification des conditions de mise en quarantaine et d’une prise en charge rapide et efficace et enfin mettre à la disposition du personnel sanitaire, tous les moyens nécessaires pour une meilleure prestation. 

Aux dernières nouvelles, un confinement serait envisagé dans les prochains jours. Il est clair que cette solution n’est pas adaptée à notre société et cela pour plusieurs raisons. Notre modèle de société repose particulièrement sur les interactions sociales, l’existence des commerces de proximité, la vente de produits en détails, la recherche de la survie quotidienne, une telle décision impacterait considérablement les couches les plus sensibles. 

A nos compatriotes… 

A présent, tirons les enseignements de cet épisode, il nous faut nécessairement un système sanitaire autonome, afin d’assurer une souveraineté médicale. Nous sommes arrivés à un stade où, nous ne pouvons compter que sur l’existant, étant donné qu’il n’est pas possible d’aller se soigner à l’étranger. Tous les Etats, qui dans pareilles situations venaient en aide au pays africains, sont eux-mêmes préoccupés par cette maladie. 

J’en appelle à la responsabilité de tous les sénégalais où qu’ils se trouvent, aucun pays n’est à l’abri, tous les peuples sont menacés. Sans distinction aucune, le virus ne tient pas compte de votre catégorie professionnelle, ni de votre fonction ou de votre position sociale. Je déplore l’incivisme et l’irresponsabilité de nos concitoyens qui se sont évadés de leur quarantaine et j’exhorte les sénégalais à respecter les consignes sanitaires. Il y va de votre vie, de notre vie, de celle de nos proches, ne sortez que quand cela est nécessaire; le Sénégal n’est pas une exception et n’est pas un pays à part dans le globe. 

Soyons rassurés et faisons confiance à nos professionnels de santé qui font partie des plus performants de l’Afrique. 

Abdalah Faye

 

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