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Le Sénégal Face Au Coronavirus: Point De Vue D’un Sénégalais (cheikh Traoré Sami)

L’avènement de « corona » est historique. L’infiniment petit a secouer et d’éprouver des supposés vérité que nul n’osait remettre en cause. Il suffit d’observer et d’analyser la tournure de la situation internationale : la voilà qui nous annonce un renversement de tous les rapports (de force) et bouleversement des tendances. Chez nous au Sénégal, ce petit machin dans le corps des cas infectés nous a révélé aussi le talent jusque-là (presque cachés) de nos vaillants docteurs en sante, l’intelligence d’approche de nos excellents professeurs. Le  COVID 19 est-il un mal nécessaire ? En tout cas, nous avons la preuve, aujourd’hui que le Sénégal peut bien « rivaliser », coté expertise médicale, avec de grands pays envié dans le domaine de la santé. 

Mention spéciale aux  personnels médicaux…

Chapeaux à nos vaillants médecins: à la place d’aller vendre leurs compétences ailleurs à un prix plus élevé, beaucoup parmi eux ont opté, de rester mettre leur savoir et savoir-faire à la disposition de la nation. 

Nous savons tous que cet engagement n’est pas aisé : force est de constater combien ils souffrent, en silence. Si le besoin de reconnaissance officielle est réglé pour juste une infime partie parmi eux, d’autres heurtent sur un manque d’infrastructures et d’équipements médicaux répondant aux normes et standards internationaux. Ils veulent donner aux patients sénégalais tout le traitement qu’ils méritent, mais à l’impossible, nul n’est tenu. Ces problèmes soulevés méritent réflexions ; il est chanté de partout, que gouverner c’est prévoir. Il n’est nullement sérieux qu’en 2020, 60 ans après de notre indépendance, que les mêmes problèmes de manques d’équipements et d’infrastructures sanitaires reviennent toujours ; des problèmes d’ordre primaire.

L’apparition du coronavirus a montré les failles, la vulnérabilité des pays africains. Pour notre cas (Sénégal), En prenant la pyramide de Maslow, nous sommes presque toujours au bas, au niveau des besoins physiologiques. D’ailleurs, la problématique actuelle autour de la distribution de riz et autres vivres, en est une parfaite illustration. Au moment où, le nombre des cas communautaires augmente et Ebola fait son apparition pas loin de chez nous. Il s’impose à nos dirigeants, au sortir de cette crise sanitaire, de travailler pour le développement réel du Sénégal en mettant en avant les priorités ; priorités que j’avais eu à lister dans une ébauche de notre Programme de Développement Accéléré des Priorités de l’émergence, seule gage de l’avancement de notre très chère patrie. 

Loin d’être pessimiste ou de sous-estimer la quantité d’efforts déployés par l’Etat du Sénégal et la participation effective de toutes les bonnes volontés dans l’effort de guerre contre le covid-19, je me permets de partager avec vous, quelques questions concernant la résilience :

Première question: est-ce normale, à moins d’un mois d’état d’urgence, de procéder à des opérations de distribution d’aides alimentaires?

Deuxième question: Cela n’est-il pas synonyme d’échec, si nos autorités sont dans l’incapacité de créer les conditions qui permettraient aux ménages sénégalais d’avoir des réserves de finances et/ou d’aliments ? En fin la dernière interrogation : le problème analysé à l’échelle continental, si jamais la pandémie assaillit d’autre pays africains –je ne le souhaite pas-, les autorités africaines auront-elles les possibilités d’assurer aux populations désormais fixées chez elles la distribution de vivres pendant tout le temps la guerre contre le COVID 19 durera ? 

Problématique distribution de vivres…

Il fut un temps,  on nous chantait et promettait autosuffisance alimentaire, d’industrialisation à travers la transformation des produits agricoles, halieutiques, de l’élevage, de l’emploi des jeunes. COVID 19 à t-il profité de son assaut pour nous montrer que tout ceci est mirage ?

L’alimentation est un besoin permanent. Comment gérer cette situation quand nous savons que la distribution de vivre ne se renouvelle malheureusement pas tous les mois. Il n’est pas besoin d’indiquer que le package de vivre distribué (sac de riz, sucre, pâtes alimentaires, bidons d’huiles, lait etc …) est un luxe pour certaines familles de la banlieue, dans certaines villages du Sénégal des profondeurs.  En ce moment, toutes mes pensées vont envers mes parents de Pikine de Guédiawaye , keur massar ,yeumbeul … et ceux de Rao, croisements, Sémel ou Ndiakhip, qui, en temps normal, vivent dans d’extrême précarité, parfois sans eau ni électricité. Alors, imaginez leur sort, en cette période où tout est au ralenti. Situation de confinement oblige!« Restez chez vous ! » est le mot d’ordre. Impossible d’aller se débrouiller pour trouver à manger à la famille. On nous parle d’aides, de distribution de vivres. Mais… que peuvent régler ces pseudos aident alimentaires, quand la taille de la famille est grande ? Nous savons bien que le modèle de famille sénégalaise est nombreux : les grands-parents, parents, frères, sœurs neveux oncles et même un inconnu par solidarité, vivent ensemble.

Mes parents de la banlieue, n’ont pas la possibilité de s’approvisionner  en grande quantité dans des supermarchés pour ensuite s’enfermer dans des appartements climatisés.

Combien de familles sont –elles dans la banlieue à disposer d’un réfrigérateur ?

En fin l’Etat tient au civisme des populations…

Le sénégalais est particulier dans sa façon de piétiner les règles de civisme. L’égoïsme est si élevé: tant que sa santé de la personne ou sa sécurité ne sont pas menacées, aucun comportement n’est banni. Tout le monde savait que le manque de civisme est la situation la mieux partagée. La question est : pourquoi alors attendre que COVID 19 pointe chez nous et que tout le monde se sente gravement menacé pour, ensuite, prendre des mesures ? Dans cette lutte contre l’incivisme, le gouvernement en première place, les acteurs politiques, la société civile, les médias ainsi que les citoyens lambda sont montés aux créneaux pour la sensibilisation. Ceci, montre que : quand on veut, on peut.

L’avènement du COVID 19 a montré les limites des systèmes politiques et économiques partout pratiqué dans le monde. Un nouvel ordre mondial s’annonce ; un nouvel ordre mondial diffèrent du nouvel ordre mondial théorisé dans la pensée unique. Le bouleversement des rapports de force et tendances économiques entraîné par l’assaut du virus sera à l’origine de nouveaux paradigmes. Les idéologies et les systèmes sortis vainqueurs des deux guerres mondiales et de la guerre froide ont placé l’économie au-dessus de tout : ils laisseraient tout un monde crever, pour laisser vivre l’économie. Les nouveaux  paradigmes qui naîtront de l’actuelle situation de drame sanitaire auront intérêt à placer l’homme au-dessus de l’économie. 

Le drame du COVID 19 est sensé entraîné une transition vers un nouvel idéal. Le peuple sénégalais attend consciemment ou inconsciemment une nouvelle donne à la fois économiques, sanitaire et politique.

Cheikh Traoré Sami

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