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Ce que bon nombre de Sénégalais et d’observateurs craignaient, pire que le coronavirus, est en train de se dérouler sous nos yeux ébahis et nos oreilles abasourdies. Non, jamais au grand jamais, on aurait imaginé qu’ils oseraient, sitôt, si vite, sur une telle échelle, avec un tel cran qu’on ne retrouve d’habitude que chez les parrains et les dictatures sangsues.

 La manœuvre est à la fois ignominieuse et grossière, cousue de fil blanc. Mais plus c’est gros, mieux ça passe, l’occasion faisant le larron n’est-ce pas ? Ainsi, la belle affaire pour profiter de la détresse des populations pour les détrousser, mettre l’économie en coupe réglée pour être l’unique pourvoyeur et bénéficiaire des ressources capturées sous couvert d’urgences sanitaires et sociales, après avoir mis en quarantaine les libertés, les critiques sous le boisseau, la conscience en berne, voilà que l’imaginé inimaginable surgit des tréfonds de l’âme de prédateurs compulsifs. La galaxie des gens d’affaires spécialisés dans l’importation de denrées alimentaires, principalement le riz, remballant craintes et suspicions légitimées par un vécu défavorable et culpabilisant, est systématiquement mise à l’écart.

Pourtant ces véritables opérateurs privés nationaux, ont démontré non seulement leurs capacités financières et d’approvisionnement, mais aussi leurs savoir-faire et leur patriotisme. Des affairistes associés, casting bureaucratique et compradore, frappent le «grand corps malade» de notre société, avec une froide et incroyable cruauté.

Comment comprendre qu’un seul individu, dont la réputation ne s’est pas faite sur l’approvisionnement en riz de notre pays, puisse capter les deux-tiers du marché de fourniture de cette denrée, en procédure d’urgence avec toutes les facilités et exonérations accordées en la circonstance ? La proximité avec l’Autorité, justifierait-elle ces faveurs?

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Les fonctionnaires en charge de ce dossier, comme de celui du transport de ces denrées à l’intérieur du pays doivent des explications aux Sénégalais et à tous ceux qui, nationaux comme étrangers, ceux parmi eux qui manifestent une solidarité bienveillante, faite d’empathie et de compassion, les partenaires institutionnels, bilatéraux et multilatéraux.

Les ministres concernés et ou/impliqués doivent édifier l’opinion, le chef de l’Etat illustrer la transparence opérationnelle et, le cas échéant, faire jouer la compétence juridictionnelle pour débusquer et traiter les actes de prévarication et de concussion. Les corps de contrôle dont l’Ofnac, la Cour des Comptes, l’IGE et bien entendu une commission de veille citoyenne multipartisane, pluridisciplinaire devraient accompagner le processus, avec des rapports d’étapes au chef de l’Etat, communiqués au public au fur et à mesure.

 Le Gouvernement le fait quotidiennement pour rendre compte de l’évolution de la situation de la pandémie, un contrôle ex-post ne fera que constater les dégâts alors que le mal est déjà fait, l’impunité faisant le reste. Qui peut le plus, peut le moins! Ces vérifications devraient également concerner la distribution et la répartition des vivres de soutien et de soudure -l’hivernage approche – des crédits de campagne, des semences et des engrais, afin de s’assurer que ce qui est prévu et annoncé est conforme à ce que reçoivent les ayants-droits et destinataires légitimes.

 Autrement, on risque de sentir le ciel nous tomber sur la tête avec ce qui s’annonce comme pouvant déboucher, si on n’y remédie pas, tout de suite, sur le scandale du siècle, compte non tenu des éléments de controverse dans le secteur des hydrocarbures.

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Au-delà des légitimes suspicions, le discrédit de la classe politique sénégalaise (et africaine) risque de porter un coup fatal à nos démocratures tropicales, quand toutes les digues institutionnelles, notamment les partis politiques et les organisations de la société civile, auront cédé. La sarabande des professionnels et autres intermittents du spectre politique de notre pays, tenaillés entre connivence et collusion, dialogue ou petits arrangements entre soi, est sujette à caution -et à questions.

Le silence assourdissant de certains ténors qui nous avaient habitués à donner de la voix sur tous les sujets majeurs ou mineurs, ne laisse d’interpeller quant à une complicité tacite ou active lourdes de menaces sur le cours politique.

Plus que le coronavirus qui sera sinon vaincu, du moins confiné en attendant que les multinationales pharmaceutiques et les oligarchies financières lui fassent -et nous fassent-un sort, nos sociétés déstructurées, précarisées, vulnérables et friables sont plus que jamais exposées au danger d’un grand remplacement à l’envers. Le monde d’après coronavirus ne sera plus le même. Certains sont en train de redessiner la carte du monde, un nouveau Yalta dans un contexte post mondialisation. Alors, penser qu’il est possible de tirer son épingle du jeu en faisant du «business as usual», en éliminant les garde-fous et les facteurs de contrôle social, c’est comme qui dirait, se fourrer le doigt dans l’œil, jusqu’au coude !

Calame







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