«L’enfer est pavé de bonnes intentions», disait un penseur. Il avait bien raison. Le Président Macky Sall doit se sentir mal. Très mal. Il a reçu tous les acteurs politiques et sociaux pour obtenir un consensus national dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Il a appelé à une mobilisation nationale. A laquelle l’ensemble des citoyens sénégalais a répondu. L’Assemblée nationale, leurs représentants, lui a donné les pleins pouvoirs. L’onction des familles religieuses à la tête desquelles celle de Touba a été consolidée par l’adhésion de l’Eglise. Les acteurs économiques ont contribué financièrement à la lutte. Force Covid a atteint rapidement l’objectif des 1000 milliards destinés à financer la riposte contre la pandémie. Tout était bien parti pour que le chef de l’Etat réussisse en compagnie de tout son Peuple très mobilisé vers la victoire contre le Covid 19.
Le Président Macky Sall a donc brillamment assumé sa position de Général en chef et l’opinion publique sénégalaise pour une rare fois a salué à l’unanimité la batterie de mesures initiées par son Président, pour préserver le Sénégal des conséquences funestes de la propagation du coronavirus.
Au plan international, il a rempli avec brio, sa mission confiée par ses pairs africains : porter le plaidoyer pour l’annulation de la dette et obtenir l’engagement des partenaires internationaux à soutenir l’Afrique.
Son leadership salué sur le continent a été consacré par les récentes sorties des grands de ce monde, du Pape François au Roi Mohammed 6 en passant bien évidemment par le courageux Emanuel Macron.
Malheureusement, au Sénégal l’adage qui dit que «[l’] on n’est jamais mieux servi que par soi-même» est une réalité cruelle. Le Président Macky Sall doit se sentir triste aujourd’hui.
Ses efforts sont en train d’être chahutés. Ses directives, détournées. Ses instructions, bafouées. Son engagement et sa sincérité remis en question.
Ceux qui devaient servir le Sénégal ont créé une funeste polémique qui est en train de décrédibiliser son action et jeter l’ombre de la suspicion sur notre pays.
Les milliards mobilisés par notre pays pour financer entre autres l’appui en nourriture destiné aux ménages menacés de famine sont en train d’être dépensés dans des conditions qui suscitent doutes et interrogations, si bien qu’un parfum de scandale a fini de vicier l’air. Ce qui a vite tendu la perche aux détracteurs les plus féroces du Président Macky Sall pour se défouler sans retenue, sans pitié ni remords contre lui qui n’est coupable que d’avoir fait confiance à un homme qui risque de tout lui déconstruire.
L’achat des biens destinés à la lutte contre le Covid 19 est exclu du champ d’application du Code des marchés publics. Et c’est cela la source de tous les problèmes. Les 69 milliards de l’aide alimentaire sont au cœur d’un scandale qui éclabousse l’un des piliers du régime, et frappe le Président Macky Sall au plus profond de lui-même : sa propre famille.
Les Sénégalais n’avaient pas fini d’épiloguer sur le super ministère qui a été confié à Mansour Faye, son beau-frère, que ce dernier vient de semer le trouble dans la tête de tous les Sénégalais et de réussir en un tour de commande à mettre en péril le consensus fort obtenu par le Président Macky Sall pour la mobilisation nationale contre le Covid-19. Laissera-t-il encore faire, laissera-t-il encore passer sans tenter dans ce contexte, de remettre les choses enfin à leur place ?
Ce scandale et la polémique soulevée entachent l’action du Président Macky Sall et écornent son image à l’international. Le Sénégal risque d’être cité parmi les pays où la gestion de la pandémie est source de corruption et de détournements.
Le Président Macky Sall a reçu un coup de poignard dans le dos. Au pire moment. L’homme n’est-il pas finalement l’éternelle victime de son propre camp ? La question mérite d’être posée !
Il est décidément mal servi. Cela demeure constant.
Son exposition au premier plan lui porte préjudice.
Et pire, l’échec de son super ministre est en train de rejaillir sur lui. Malheureusement ! Finalement, il portera, innocent, la responsabilité de ce désastre.
Mansour Faye est un cas, au cœur de la République.
Le Sénégal d’Est en Ouest, du Nord au Sud, suit ce dossier avec intérêt. De l’issue de sa gestion dépendra tout un avenir, surtout celui d’un Président Macky Sall face à l’histoire. A M. Mansour Faye, nous conseillons de se souvenir de cette digne réponse de Mamadou Dia, à l’époque président du conseil emprisonné. Oui, à la proposition à lui faite de renoncer à son engagement politique pour la transparence, Dia répondit : «Je préfère vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors.»
Cissé Kane NDAO et
Mamadou Biguine GUEYE