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Covid 19 : La Recherche, Capitaine D’equipe

Dans ce contexte de Covid-19, j’avais abordé, dans un premier article, la situation de la maladie et tous les dispositifs qui étaient déjà pris pour faire face à ce fléau. J’avais, par la suite, formulé des suggestions et recommandations générales.

Dans ce deuxième article, il sera question d’aborder un pilier qui sera autant, sinon plus important pour la lutte : la recherche d’où jailliront toutes les solutions pour arrêter cette pandémie. Cette recherche, dite scientifique, se mobilise partout dans le monde pour accélérer la production des connaissances sur le virus, sur la maladie qu’elle provoque (Covid-19) ainsi que sur les moyens de la guérir (médicaments, respirateurs artificiels …) et de la prévenir (masques, gels …).

Au Sénégal, plusieurs initiatives de recherche scientifique sont en cours au niveau du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et l’Innovation (labos de recherche des universités) au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale  (hôpitaux  ; centres de traitement) mais également dans les laboratoires privés nationaux (Institut pasteur et IRESSEF) et internationaux (IRD, AUF …).

Ces projets de recherche tournent autour de l’épidémiologie pour mieux anticiper la diffusion du virus, de la recherche fondamentale pour mieux comprendre le virus (sa réplication, sa résistance, sa spécificité …)  de la recherche à visée diagnostic, clinique et thérapeutique avec plusieurs essais en cours mais, également, de la recherche en sciences humaine et sociale qui va permettre de mieux comprendre le comportement de la population, des agents de santé vis-à-vis de la maladie.

 À ces projets de recherche, ils s’y ajoutent les nombreuses initiatives du monde de la recherche qui participent activement depuis le début de la lutte contre le virus par une contribution significative à la production des intrants tels que les masques, les solutions hydro-alcooliques, le matériel de diagnostic, les respirateurs artificiels …

L’Agence Nationale de la Recherche Scientifique Appliquée (ANRSA) que j’ai l’- honneur de diriger s’y active pleinement en apportant son appui aux initiatives. Cette revue des initiatives en cours montre que nos chercheurs sont mobilisés et prêts à éradiquer la pandémie. Il est donc important de les encadrer, de les motiver et de les soutenir pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle dans cette guerre que nous menons contre le covid-19. Pour y arriver, je suggère de mettre en place un fond qui sera géré par un comité chargé d’évaluer les projets de recherche et composé de :

– Trois représentants du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation car étant celui qui gère les laboratoires des universités où seront menés la plupart des recherches

– Trois représentants du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale car étant le secteur au premier front de la lutte et coordonnant le comité national de gestion des épidémies

 – Un représentant de l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique Appliquée(ANRSA) qui joue le rôle d’interface entre les chercheurs, les entreprises et la société.

 – Un représentant du Comité National d’Éthique et de Recherche du Sénégal

– Un représentant de l’Institut Pasteur

– Un représentant de l’IRESSEF

– Deux représentants des laboratoires d’autres secteurs

– Un représentant de laboratoires étrangers Chaque projet sélectionné bénéficiera d’une enveloppe pour mener à bien ses activités mais également d’une autre pour équiper son laboratoire et être dans les normes internationales qui lui permettront d’être fonctionnel et de continuer ses travaux dans de très bonnes conditions après l’épidémie. Une enveloppe sera aussi réservée à la médecine traditionnelle pour les intégrer dans la lutte afin d’explorer nos plantes médicinales pour le traitement, comme dans beaucoup de pays africains.

 Enfin, l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique Appliquée prendra le relais  pour aider et accompagner les chercheurs pour la protection de leurs œuvres par le biais de brevet, à valoriser les résultats qui seront issus leurs recherches et à mettre en contact les chercheurs avec les Entreprises pour un partenariat public-privé pour la production massive de masques, de gels et de respirateurs artificiels.

En parallèle à cette gestion de la recherche au niveau national, je suggère de prendre des initiatives pour des projets de recherche sous régionaux avec les pays dont nous partageons des frontières (La Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée Conakry et la Mauritanie).

En effet, l’éradication de l’épidémie ne sera effective dans notre pays que si elle est maîtrisée, de manière simultanée dans ces différents pays à cause de la porosité de nos frontières. Concrètement, il s’agira de mettre en place un fond commun alimenté par une participation de ces différents pays et, secondairement, par l’appui de nos partenaires.

Une plateforme pour le partage de nos résultats de recherche et leur valorisation et des projets de recherche communs sera, en même temps, mise en place. Il serait aussi intéressant d’initier un projet sur la phytothérapie qui nous permettra d’exploiter à fond nos plantes médicinales. En définitive, la recherche au niveau national en collaboration avec les entreprises privées dans ce contexte de covid-19 pourrait nous permettre, après la fin de l’épidémie, de régler, de manière permanente, l’insuffisance de matériels (masques, gels, respirateurs artificiels etc…) dans nos structures sanitaires.

Sur le plan international, la collaboration avec nos voisins pourrait permettre d’arrêter plus rapidement l’épidémie et être une opportunité à nos entreprises de fabrication de masques et de gels qui pourraient, de ce fait, gagner de grands marchés et participer activement à la création d’emplois et de richesse pour notre pays .

DR CHEIKH MOUHAMADOU MBACKÉ LO

Agrégé de santé publique spécialiste en économie de la santé dg agence nationale de la recherche scientifique appliquée







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