Dans toutes les communications de l’Etat concernant la répartition de l’aide aux entreprises « impactées » et relatives au Fonds Force Covid-19, il n’en ressort nulle part – ou du moins pas encore – la prise en compte des entreprises d’évènementiel, lesquelles ont toutes annulé leurs programmes de l’année. Certaines d’entre elles, qui s’étaient engagées et lancées dans des préparatifs avec des dépenses très lourdes, sont dans le désarroi et se sentent abandonnées à elles-mêmes, condamnées à subir une année blanche.
Elles sont nombreuses ces agences d’évènementiels qui portent sur leurs épaules de grands évènements internationaux au profit de l’économie nationale, contribuant à succès au renforcement du positionnement du Sénégal dans l’échiquier des échanges commerciaux, à l’attractivité des investisseurs étrangers (IDE), au renforcement de la visibilité de l’offre exportable du pays, au networking entre opérateurs locaux, à l’entrée d’importantes devises, à la création de valeurs et d’emplois.
A cause de la Pandémie, tous les évènements internationaux (forums économiques, salons internationaux, congrès, séminaires…) sont annulés provoquant une inactivité criarde pour ces entreprises d’évènementiel. Et ce, à la grande indifférence de l’Etat. Leurs représentants ne sont pas intégrés dans le comité de suivi du Fonds Force Covid-19. Pis encore l’Etat ne parle même pas d’elles là ou on liste les hôteliers, restaurateurs et on ne sait quelle autre corporation…, alors qu’elles sont les plus « impactées » et les plus légitimes à recevoir l’aide et l’appui de l’Etat.
L’Etat doit s’employer à maintenir en vie les agences et organismes qui portaient des évènements internationaux et contribuaient au rayonnement économique, touristique et culturel du pays.
L’évènementiel est un secteur important encore sous estimé et sous exploité au Sénégal. Dans des pays comme le Rwanda, le Maroc, la Tunisie et même la Côte d’Ivoire, l’évènementiel est un des maillons forts et leviers de croissance du tourisme d’affaire également appelé MICE (Meetings, Incentives, Congrès, Événementiel), contribuant en moyenne à hauteur de plus du tiers des recettes du tourisme au Sénégal représentent près de 500 milliards de francs CFA, soit 7 à 8 % du PIB.
Une perte des MICES d’au moins 100 milliards de francs CFA
Les événements à l’initiative des agences d’évènementiel, entreprises et institutions représentent au moins une bonne manne financière de retombées économiques, dont 52 % au bénéfice potentiel des professionnels de la production événementielle (accueil, aménagement, prestation de contenu, traiteur événementiel, location de site…) et 48 % à celui des acteurs du tourisme (transport d’accès et sur place, hébergement, restauration, commerce).
Au-delà de ces chiffres, il faut souligner la valeur sociétale de l’événementiel qui permet de distraire et renforcer des réseaux communautaires d’affaires, socio-professionnels, socio-culturels et religieux… Ce secteur, qui est aussi dans l’antichambre de plusieurs grands succès storytelling et storyliving d’entreprises, de concept de marques et leaders s’est beaucoup modernisé. L’ensemble de ses évènements annulés représente une perte pouvant être évaluée au moins à 100 milliards de francs CFA.
La viabilité du secteur de l’évènementiel est importante. La survie des entreprises du secteur permettra, le moment venu, de pouvoir accompagner la relance économique du Sénégal. La pandémie du Covid-19 a bien changé la donne et remet presque à zéro les approches classiques dans plusieurs secteurs. Dans bien des domaines, le Sénégal – à l’instar du reste du monde -, devra adopter de nouvelles approches avec des changements de paradigmes à bien des égards. Et c’est là que l’évènementiel devra encore porter tout son sens et son poids dans la communication d’influence. Métier primordial qui permet de cibler un public, de faire passer un message efficace en un seul lieu, l’évènementiel est le vecteur d’une communication marquante et efficace.
En voici là quelques raisons à l’Etat de ne pas occulter ces soldats de la « Country visibility » qui contribuent – à leur manière et quoiqu’on dise – à l’essor économique et au Doing Business.
Cheikh Mbacké SENE
Expert en Communication d’Influence et Intelligence économique