Demain 1e Mai 2020, le Sénégal, à l’instar de la quasi-totalité des pays du monde, ne va pas célébrer la Fête du travail. Avec l’état d’urgence sanitaire doublé d’un couvre-feu, les célébrations se feront sans doute sur les réseaux sociaux. Si ce n’est à travers des « télédoléances » pour remettre le cahier virtuel de revendications au président de la République. Quoi qu’il en soit, les organisations syndicales ne vont pas descendre dans les rues cette année pour manifester leur colère et exprimer leurs doléances.
Pis, ces défilés ne vont pas être couronnés au niveau des entreprises par des déjeuners gargantuesques sur fon de boissons coulant à flots. Autant donc dire que de fête proprement dite, il n’y en aura point ce vendredi. Un 1e Mai sans défilé des travailleurs, personne n’aurait osé l’imaginer dans le monde. Pourtant, c’est ce qui va se passer dans un contexte mondial marqué par une crise pandémique où le Sénégal, comme tous les pays du monde, s’est barricadé face à un redoutable ennemi viral à éradiquer. Une crise qui a entraîné l’interdiction des manifestations et rassemblements, la fermeture des écoles et des lieux de culte etc.
Toutes ces mesures visant à freiner la propagation du coronavirus.
Face à cette situation inédite, les organisations syndicales vont rivaliser d’imagination pour manquer à leur façon la Fête du travail. Parce que le respect des mesures de l’état d’urgence leur impose de faire preuve de créativité pour s’exprimer c’est-à-dire se faire voir ou se faire entendre. C’est d’autant plus important pour elles de donner de la voix que certains employeurs sont tentés de profiter de la crise pandémique pour licencier des salariés. Des employeurs qu’il leur faudra donc cibler à défaut de les fusiller verbalement.
Les syndicats vont donc inviter le gouvernement à œuvrer pour le respect des droits des travailleurs ainsi qu’à renforcer les moyens de contrôle pour dissuader les licenciements abusifs et arbitraires sur fond de…covid-19. Les mesures d’hygiène et de sécurité dans les entreprises occuperont, demain 1e Mai 2020, une bonne place dans les revendications. Surtout du fait que la plupart des entreprises font travailler leurs ouvriers en les exposant à la contamination virale. Des ouvriers qui, si l’on n’y prend garde, risquent d’être les « oubliés » ou « laissés en rade » de l’épidémie car continuant toujours à travailler à leurs risques et périls.
Bref, en lieu et place des pancartes et banderoles mises en quarantaine, des revendications en ligne marqueront le 1e mai 2020. On espère quand même qu’en ces temps de crise sanitaire les employeurs n’auront pas oublié de donner à leurs travailleurs les primes d’habillement qui leur permettaient d’arborer des habits de fête le 1er Mai de chaque année !