Il en a été toujours ainsi et il le sera pour toujours au Sénégal, tant que la conquête et l’exercice du pouvoir politique d’Etat sera une compétition sous fond d’élections. Et c’est de bonne guerre pour l’espace pluriel médiatico-politique. Du président Senghor au président Macky Sall en passant par les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, chaque président de la République en avait pour son grade et ses pourfendeurs attitrés. Ce sont les supports et les angles d’attaque qui ont évolué mais jamais l’art de la contestation et des attaques tous azimuts, en question.
La contestation sous Senghor
Sous le magistère du président Senghor, ce sont les politiques, au plus haut niveau, comme Cheikh Anta, Majhmout Diop, et les syndicalistes de la trempe de Feu Madia Diop, qui lui auront faire voir de toutes les couleurs, dans la contestation et les attaques tous azimuts. A cette époque-là, la contestation contre le chef de l’Etat et les attaques contre le président de la République que fut Senghor, étaient très documentées voire même scientifiques dans l’argumentaire. Le Sénégal venait d’accéder à l’indépendance et la contestation politique était d’abord l’affaire des lettrés et des »sachants » qui n’étaient pas d’accord sur les rails nouveaux sur lesquels il fallait poser la locomotive et les wagons ‘’Sénégal’’. Sous le président Senghor, les médias étaient publics et téléguidés et c’est dans la rue, à travers des accrochages physiques et guerrières, que se manifestèrent les contestations et les attaques tous azimuts contre le chef de l’Etat. Mai 68 en était la parfaite illustration.
La contestation sous Diouf
Sous le président Abdou Diouf, durant la première décennie de sa gouvernance (1981-1991), la contestation et les attaques tous azimuts, provenaient de la classe politique, avec un certain Me Abdoulaye Wade comme vaisseau amiral, secondé par des flottilles comme Jean Paul Dias, Me Ousmane Ngom. La contestation et les attaques tous azimuts étaient l’affaire des politiciens. C’est durant la seconde décennie (1991-2000) de son magistère, qu’il va y avoir un fait nouveau dans la contestation et les attaques tous azimuts contre la station de président de la République et contre la personne du chef de l’Etat que fut Abdou Diouf : l’arrivée de la presse privée (le Groupe Sud, Témoin, Le Cafard, Le Politicien, Walfadjri etc.) comme contestataire, sentinelle et vigie. Jamais une presse privée n’aura été un gant de velours dans une main de fer dans l’exercice de sa mission. C’est à partir de cette période que la gouvernance publique et politique a cessé d’être la seule affaire des politiciens et des lettrés, pour devenir aussi l’affaire du peuple et des forces vives dans leurs différentes composantes. Sous le président Abdou Diouf, la contestation et les attaques tous azimuts envers la personne du chef de l’Etat, étaient l’œuvre des acteurs politiques et du quatrième pouvoir- la presse – mais en tant ‘’qu’institution’’ ou organisation, donc en tant qu’organe de presse.
La contestation sous Wade
Sous le président Abdoulaye Wade, le tableau va évoluer. Désormais, en plus des acteurs politiques, ce sont des identités remarquables de la presse – non plus les organes et structures de presse – qui vont venir amplifier la contestation et les attaques tous azimuts contre le chef de l’Etat. Ils ont pour noms un certain Souleymane Jules Diop, un certain Abdou Latif Coulibaly pour ne citer que ceux-là. D’ailleurs, pour la petite histoire dans la grande, au plus profond de la contestation d’Abdou Latif Coulibaly contre le chef de l’Etat et son régime, le président Wade s’en était ouvert au Groupe Sud et à son patron Babacar Touré qui a préféré joué la neutralité. Ce qui sera fatal aux projets de télévision du Groupe Sud. Aussi, sous le président Wade, la contestation et les attaques tous azimuts n’étaient pas seulement une affaire des acteurs politiques de l’opposition et des identités remarquables de la presse, mais également et surtout de la société civile (Forum Civil, Raddho, Amnesty). Journalistes et société civile, vont finir par reléguer au second plan, les acteurs politiques de l’opposition, dans le paysage médiatico-politique de la contestation, de la dénonciation et des attaques tous azimuts.
La contestation et les attaques sous Macky
Sous le président Macky Sall, la donne va complètement changer tout en s’amplifiant. Les innovations technologiques aidant et les réseaux sociaux facilitant, la contestation sera multiforme et multi-canal. Comme à l’accoutumée, les acteurs politiques de l’opposition, sont aux avant-postes, avec un certain Ousmane Sonko, qui ‘’n’offre rien au président Macky Sall et à son régime’’ pour parler comme les lutteurs avant le combat. Ayant tiré les leçons de la capacité de nuisance des identités remarquables de la presse, le président Macky Sall s’est entouré et barricadé de journalistes. Au point qu’on peut dire que si du temps de Senghor, ce fut ‘’l’Etat par les enseignants », du temps de Diouf ‘’l’Etat par les administrateurs civils’’, du temps de Wade ‘’l’Etat par les avocats’’, sous Macky, on pourrait dire ‘’l’Etat par les journalistes’’. En plus de ses collègues du champ politique, d’une ‘’certaine presse’’ et des nouvelles figures du journalisme sénégalais, la nouveauté sous ce registre des attaques tous azimuts contre le président Macky Sall en tant que chef de l’Etat, est Internet et ses Réseaux sociaux. Comme si cela ne suffisait pas de devoir livrer une bataille asymétrique contre internet et les réseaux sociaux (fake news et real news divulguées par des proches-saboteurs ou dissidents), voilà que le président Macky Sall devra aussi faire face à des contestations et des attaques tous azimuts des éléments dans son propre camp. ‘’Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! », disait Voltaire.
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