Depuis l’avènement de l’alternance du 19 mars 2000, avec l’instauration du régime libéral, nous avons tous constaté que le service public au Sénégal perdait, au fil du temps, du terrain ainsi que son rôle social principal, c’est-à-dire alléger aux citoyens leur peine, ceci à cause de sa privatisation tous azimuts. Ainsi, petit à petit, les citoyens sénégalais voient certains de leurs droits légitimes reconnus par la constitution, comme certains services publics gratuits être privatisés illégalement, de fil en aiguille. Alors que, ces services publics ont toujours été à la charge de l’État et, prévus comme tels dans le budget de l’État qui est constitué en partie par les impôts du contribuable.
En effet, le transfert des charges publiques qui relèvent de l’État sur le dos des citoyens, traduit bien une politique antisociale libérale qui est dans l’air du temps. Et l’initiative de la privatisation des services publics qui ne dit pas son nom, a commencé par l’école publique et s’est poursuivie dans d’autres secteurs, comme la santé publique, la sécurité publique et j’en passe. Oui, l’école publique qui fut entièrement gratuite avec en plus une éducation scolaire de qualité pour tous les enfants de la République est en voie de privatisation aujourd’hui. Puisqu’elle est abandonnée à son sort et dépourvue des moyens nécessaires pour son fonctionnement normal. Elle est totalement délaissée par l’État et meurt à petit feu au point qu’elle se trouve actuellement dans un piteux état de délabrement. Et en outre faute de moyens adéquats en ressources humaines pour un enseignement de qualité. Cet abandon délibéré de l’école publique par le pouvoir est fait sciemment pour décourager certains parents d’élèves à l’abandonner au profit de l’école privée.
Ainsi, chemin faisant, l’État sans crier gare, procède à la liquidation sournoise de l’école publique par sa privatisation, c’est-à-dire en rendant payant aujourd’hui, ce qui y était hier gratuit. Et à cela, s’ajoute une baisse de qualité de l’enseignement ainsi que du quantum horaire donc, une conséquence logique conduisant à un enseignement au rabais. Voilà quelques raisons objectives suffisantes qui poussent certains parents d’élèves nantis à sortir leurs enfants du public pour les placer dans le privé laïque. Pour ces derniers, dans ce privé, l’enseignement y est de qualité mais aussi, il y a la garantie et la sécurité l’année scolarité perturbation. Donc, c’est à cause du traitement dégradant et dévalorisant infligé à l’école publique par l’État que, certains parents d’élèves nantis l’ont désertée, mais aussi de sa qualité d’enseignement déplorable qu’on lui reproche. C’est dans cet état déplorable donc, que les politiques libérales pratiquées par les pouvoirs successifs à la tête du Sénégal ont conduit aujourd’hui l’école publique au Sénégal. Oui, cette école de la République qui est destinée aux enfants des couches sociales déshéritées.
En outre, les forces nationales de défense et de sécurité publique du Sénégal sont aujourd’hui quasiment privatisées notamment, la Police nationale et la Gendarmerie nationale. Et les Sénégalais se rendent compte parfaitement que les forces nationales de défense et de sécurité publique ne leur sont plus affectées,parce qu’elles n’assurent plus leur sécurité gratuitement comme la constitution de la république le leur impose.Oui, parce que, tout le personnel, des forces nationales de défense et de sécurité publique du Sénégal, émarge sur le budget national. Et celui-ci est constitué des impôts du contribuable sénégalais donc, ces forces appartiennent à toute la nation sénégalaise et devraient défendre et sécuriser gratuitement, tous les Sénégalais sans exception. En tant que forces républicaines cela est une tâche et un impérieux devoir pour elles. Mais hélas ! Voici que dans les faits, ces forces nationales de sécurité publiques agissent comme des forces étrangères à leurs populations, parce que ces dernières sont privées de leur protection au moment opportun comme cela se devrait dans les règles. En tout cas, présentement les forces nationales de défense et de sécurité de notre pays ne servent gratuitement que les autorités au pouvoir. Sinon, elles sont au service des privés nantis en mesure de louer leurs services qui sont chèrement payés. C’est ainsi qu’elles sont aussi disponibles pour les ambassades, les Nations unies et autres institutions privées. Ou bien alors le pouvoir les affecte aux tâches de répression des manifestations des opposants insoumis. Et pourtant, toutes ces forces sont entièrement nourries et entretenues, avec l’argent du contribuable sénégalais.
Oui, les Sénégalais peuvent attester en toute objectivité que les forces nationales de défense et de sécurité ne pas au service de leurs populations et loin encore d’assurer leur sécurité en permanence. Et, pourtant la loi les oblige et assigne de protéger et de sécuriser en tout temps et tout lieu aussi bien les personnes physiques que leurs biens par leur présence permanente à leurs côtés dans l’ensemble du territoire national. Mais, hélas ! Évidemment, pour satisfaire cette exigence et condition Sine quoi none, l’État a l’obligation de recruter suffisamment de forces de sécurité compétentes pour assurer la sécurité de l’ensemble des populations sénégalaises gratuitement et sans discrimination aucune.
Oui, parce que la sécurité publique des populations est une priorité de premier ordre qui incombe à l’État obligatoirement. Elle n’est pas un cadeau aux populations, mais bien un devoir à accomplir. Donc, les forces nationales de défense et de sécurité publique que les citoyens payent avec leurs impôts ne doivent absolument pas, être transformées en forces de sécurité privées ou réservées au service du seul personnel politique au pouvoir ou alors aux seuls nantis. Le fait que, les forces nationales de défense et de sécurité publique ne soient pas d’abord et avant tout au service des populations pour leur protection et pour celle de leurs biens, est une violation flagrante d’une règle sécurité élémentaire en République. Au regard, de l’insécurité généralisée qui plane actuellement sur les populations sénégalaises et partout dans le pays, il est parfaitement clair que les Sénégalais sont loin d’être en sécurité.
La privatisation des services publics à caractère social au Sénégal est maintenant sans retenue. Surtout dans les domaines où, l’État devait élargir plutôt l’éventail, assurer et consolider les avantages sociaux.
Mais au fond, tout cela est parfaitement lié à une question de relation de cause à effet, c’est-à-dire le système politique en vigueur au Sénégal qui est fondé sur les inégalités sociales et d’exploitation de l’homme par l’homme. Un système politique qui tourne totalement le dos à tout ce qui a un caractère social. C’est en fait un système capitaliste tout cru. En effet, c’est tout simple, au Sénégal actuellement, l’État supprime tout ce qui est public avec un caractère social et privatise tout ce qui est gratuit pour le citoyen. La preuve :
l’école publique se privatise, en opposition à la scolarisation de ;
la santé publique est de fait, privatisée, pourtant ce secteur public est combien essentiel dans la vie d’une nation, mais ce dernier manque d’infrastructures et d’équipements adéquats modernes, comme l’a révélé le covid 19 avec désolation au niveau des régions. En 60 ans de souveraineté le pays ne compte même pas 20 hôpitaux de niveaux convenables alors que sa population a été multipliée par cinq, etc. ;
le transport public est aussi privatisé avec un parc de véhicules obsolètes dont l’essentiel est entre les mains de propriétaires véreux, qui trichent avec les normes techniques et refusent de renouveler et de moderniser leur parc ; dans ce secteur, l’on note l’absence injustifiable d’un maillon capital de la chaine de transports publics aussi bien de voyageurs comme de marchandises, les chemins de fer ;
la sécurité sociale des travailleurs est le cadet des soucis des pouvoirs publics. Oui, l’État ne veille nullement sur la santé des travailleurs en activité ;
l’habitat social a disparu dans les programmes de l’État, avec la transformation en sociétés privées de la Sicap, la SN HLM, Hamo…
La pandémie du coronavirus a révélé avec éclat et sans équivoque, les pays qui consacrent leurs richesses à la satisfaction des besoins sociaux et au bien-être de leurs populations, c’est-à-dire en mettant, le social et l’homme en général avant tout. Et d’autres pays dont le nôtre pour lesquels leurs richesses se trouvent entre les mains d’une minorité, composée de politiciens véreux au pouvoir, d’une bourgeoisie bureaucratique et compradore ainsi qu’une caste maraboutique et aristocrate entretenue aux frais des contribuables, qui accapare l’essentiel des richesses du pays au détriment de la majorité et du social.
L’exemple de la Chine populaire en matière de gestion est un système étatique très édifiant qui repose sur le principe que les richesses du pays appartiennent à tout le peuple et doivent par conséquent être retournées au peuple pour son bien-être. Il est marqué par l’existence d’une justice impersonnelle avec des lois qui répriment sévèrement les délits tels que les détournements de deniers publics, la corruption, les vols, les faux et usages de faux, le blanchiment d’argent… tous les délinquants sont punis sans distinction d’aucune sorte. Tout cela est couronné en Chine par la discipline, l’ordre et la sauvegarde de l’intérêt général.
Ce qui est tout le contraire d’un pays comme le Sénégal où, c’est l’impunité qui règne en maitre au sommet de l’État et pour une caste de malfaiteurs et de privilégiés dans le pays.
Je pense que l’Afrique a beaucoup intérêt à nouer et développer une coopération mutuellement avantageuse avec la Chine populaire plutôt que, de rester toujours scotché aux Basques de l’Europe néocolonialiste et à l’Amérique impérialiste. L’expérience du vécu doit servir à l’Afrique afin qu’elle sache bien où se trouvent réellement les intérêts présentement des peuples africains..
Souhaitons vivement qu’au sortir du coronavirus, que rien ne soit plus comme avant dans le monde comme dans notre pays. Autrement dit, que le monde devrait changer de base et, les êtres humains changer de comportement et plus solidaires.
Dakar, le 8 mai 2020
Mandiaye Gaye