Le ministère de la santé dans un de ses communiqués journaliers sur le coronavirus avait demandé à chaque comité régional d’élaborer et de mettre en œuvre sa propre stratégie de communication et de sensibilisation.
Sans attendre, Madame le Gouverneur de Fatick a mis en place un comité régional à s’adossant sur un principe : l’inclusion. Tous les segments de la société et les acteurs au niveau local sont impliqués.
Ensuite et afin d’éviter un pilotage à vue, le comité de Fatick sur son propre plan de communication et de sensibilisation articulé autour de 4 axes stratégiques :
- Le renforcement des capacités en communication
- Le plaidoyer
- La mobilisation sociale
- La Communication pour le Changement de Comportement
La responsable du comité, en l’occurrence Madame le gouverneur de région, a très tôt compris que la meilleure approche dans ce genre de riposte est celle communautaire : un combat communautaire mené par la communauté.
Ainsi et dans le cadre d’une approche inclusive les Imams, les bajeenu gox, les relais communautaires, les journalistes, les communicateurs traditionnels…ont tous défilés devant le comité pour une mise à niveau et l’identification du rôle de chacun.
Dans les mosquées, certes fermées afin de respecter la mesure du gouvernement, la sonorisation qui était destinée à l’appel à la prière aide chaque à véhiculer des messages sur les mesures barrières.
Les bajeenu gox et les relais communautaires continuent des jouer leur rôle avant-gardiste dans les conseils aux populations dans le domaine de la santé et surtout en ce qui concerne le coronavirus. Ils informent sur la gravité du virus, son mode de transmission, ses symptômes et les conduites à tenir en cas d’apparition de ces derniers.
Concernant les journalistes, organisés en réseau, ils aident à la transmission de l’information mais surtout participent à la sensibilisation. Toutes les grilles des radios qui émettent depuis la région de Fatick ont été modifiées afin d’y inscrire des émissions autour du coronavirus. Les spécialistes de la santé et ceux d’autres domaines ayant directement un lien avec la crise défilent devant les micros afin d’éclairer la lanterne des fatickois avant de prodiguer des conseils.
Afin de faire respecter les mesures barrières, tous les concepts mis en avant sont tirés de nos langues nationales surtout des deux les plus parlées dans la région : le sérère et le wolof.
La première initiative a été le « Ngar Yo Laxadu » (sérère) ou « Kaay raxassu » (Wolof ). En lançant ce concept Madame le gourveneur accompagnée du comité a installé des points « lavage des mains » sur le long de la route nationale et sur les artères à l’intérieur des communes composant le département. Les populations ont été impliquées dans la surveillance et dans le renouvellement de l’eau. Ceux qui ont la possibilité de traverser la région pourront bien s’en rendre compte.
Bien installé dans les habitudes des fatickois, le lavage des mains a inspiré la seconde initiative qui elle, prend en charge la distanciation sociale. Elle a été nommée « Ngoda Tir Yo » (sérère ) ou (Nañu soriyanto » (Wolof) ou tout simplement « distancions nous » en français. Pour y arriver, le comité régional a fait confectionner de petits cercles avec les tubes oranges utilisés dans la construction et dont le coût est très bas : cent cinquante francs le mètre. Ces cercles ont été distribués dans les boulangeries, les pharmacies et les autres commerces. Chaque fois et avant l’arrivée des clients, les responsables de ces commerces installent au sol les petits cercles en les distanciant d’un mètre les uns des autres. Chaque client qui arrive se met dans un cercle et la distance est respectée : ingénieux non !
Aujourd’hui ,Madame le gouverneur a acquis des autocollants pour les banques et les autres commerces où le parterre est en carreaux. Les clients pourront y faire le rang tout en respectant la distanciation sociale.
Concernant le port obligatoire du masque, son intérêt dans la lutte contre la propagation du virus a été déjà expliqué à la population. Cette dernière ayant compris l’a adopté sans heurt. A Fatick, ils expliquent avant d’appliquer.
A l’heure actuelle, toute la population fatickoise se sent concernée. Les conducteurs de motos jakaarta organisés en association veillent au respect strict de l’interdiction de la circulation inter urbaine. Ils ont garé leurs outils de travail et informent le comité dès qu’ils ont vent d’un voyage qui s’organise en toute clandestinité. Tout le monde participe.
Aujourd’hui, Fatick ne compte qu’un seul cas positif au Covid même si le bon sens pourrait pousser à le contester et ne comptabiliser aucun cas. En effet, le cas qui est lié à la région du Sine est cet homme testé positif à Dakar et qui essayait de s’enfuir vers Kédougou. Le seul fait de l’avoir arrêté à la gare routière de Fatick a fait de lui un cas de la région. Soit !
Toutes ces actions mises en relief n’ont qu’un seul but : montrer aux autres régions que c’est possible si tous les segments sont impliqués avec une communication communautaire.
Qu’Allah protège le Sénégal et nous débarrasse de ce virus.
Souleymane Ly