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Djiby Diakhaté, Arrêtez De Dire Que Les écrits De Nos Guides Religieux Sont Exclus De Notre Système éducatif !

Djiby Diakhaté, Arrêtez De Dire Que Les écrits De Nos Guides Religieux Sont Exclus De Notre Système éducatif !

Lors de vos interventions, très souvent devant un auditoire enthousiaste et passionné, Monsieur Diakhaté, vous aimez tenir des propos tendant à jeter notre système éducatif en pâture, en le qualifiant de travesti (ce qui est en partie vrai par ailleurs), vous positionnant de facto au rang de patriote convaincu, fier de son passé, surtout miraculé d’un système piégé, producteur d’âmes corrompues et aliénées à la culture occidentale.

Dire que nous n’avons pas encore un système éducatif qui corresponde à notre identité, qui reflète nos valeurs intrinsèques relève de la banalité. Il ne suffit pas d’être un expert ou un observateur averti pour savoir que les orientations de notre système éducatif, telles que prévues par les textes, peinent à donner les résultats escomptés. En effet, dans le loi d’orientation 91-22 du 30 janvier 1991, il est bien mentionné que : «L’éducation nationale est sénégalaise et africaine : développant l’enseignement des langues nationales, instruments privilégiés pour donner aux enseignés un contact vivant avec leur culture et les enraciner dans leur histoire, elle forme un Sénégalais conscient de son appartenance et de son identité. (… ) en même temps qu’elle est ouverte sur les valeurs de civilisation universelle et qu’elle s’inscrit dans les grands courants du monde contemporain : par-là, elle développe l’esprit de coopération et de paix entre les hommes.»(Art. 6) , complété par les contenus des programmes et les conclusions des Assises sur l’éducation, confirme que notre école a comme vocation de former un Sénégalais, un Africain, mais aussi un citoyen du monde.

Auparavant, il convient de se poser un certain nombre de questions dont les réponses sont indispensables à la mise en œuvre de cette ambition.

Quelles sont nos valeurs ?

Quelle est notre véritable identité ?

S’agit-il des traditions de nos ancêtres ?

S’agit-il des valeurs religieuses islamiques et/ou chrétiennes ? S’agit-il de toutes ces valeurs à la fois ?

Vous me direz certainement que, comme Senghor, nous devons partir de nos réalités pour aller à la rencontre du reste du monde, afin de participer à l’édification de la civilisation de l’Universel.

Mais il faudra d’abord nous définir nos réalités.

Qu’est-ce qui nous est propre, spécifique ?

Qu’est-ce qui nous est étranger ?

Je vous laisse ces questions que vous devez normalement avoir fini de traiter pour proposer un système éducatif conforme à nos us, coutumes et à notre religion.

J’ai hâte de connaître les résultats de vos recherches dans ce domaine. Revenons aux écrits de nos guides religieux qui, selon vous, sont relégués au second plan dans notre système éducatif, au profit d’une philosophie que vous caricaturez en une discipline qui enseigne à nos enfants que «Dieu est mort» ! Astaghfirullah!

Je suis désolé, même s’il existe des philosophes qui soutiennent cette théorie, l’athéisme n’est pas à la base de nos cours de philosophie qui portent sur des questions essentielles comme la morale, la vie sociale, le travail, la conscience, l’inconscience, l’Etat et même la religion.

En tout cas, notre école dont vous êtes l’un des purs produits n’en est pas pour autant une fabrique d’athées et d’agnostiques. La preuve, les mosquées de nos écoles et universités font partie des plus fréquentées du pays.

Nos campus sont des lieux qui abritent à longueur d’années des cérémonies religieuses en l’honneur de ces illustres guides religieux que vous présentez comme des laisséspour-compte.

En espérant que vous êtes de bonne foi, nous tenons à vous informer que les programmes de nos universités et instituts de recherches, comme l’Ifan, accordent une place primordiale aux travaux de nos guides religieux.

Il suffit de faire un tour dans les Facultés des lettres et sciences humaines (que vous connaissez normalement), à l’Ifan, etc. pour découvrir le nombre important des enseignements et sujets de recherches qui portent sur les personnalités religieuses comme El Hadj Omar, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick… l’islam et les confréries présentes au Sénégal.

Au contraire, ces sujets sont largement dominants dans certaines spécialités telles que les civilisations africaines. Les départements d’arabe dispensent des cours de littérature sénégalaise d’expression arabe, sans compter ce qui se fait en histoire et en sociologie que vous ne pouvez ignorer.

Beaucoup de ces travaux font l’objet de publications scientifiques sous forme d’articles et d’ouvrages. Dans cette perspective, nous comptons sur votre apport dans cet immense chantier de vulgarisation des œuvres de nos saints.

En attendant, arrêtez de dire que nos guides religieux sont marginalisés par notre système éducatif !

 

 

 

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