A mon avis, le Président de la République a été très bien conseillé dans les mesures prises, ce lundi 11 mai 2020, après près de trois mois de couvre-feu et de confinement partiel.
La situation était semblable à une bombe à désamorcer rapidement. Un climat de haute tension latente commençait déjà à polluer l’atmosphère, malgré le sentiment de pardon et de patience qui accompagne le mois béni du Ramadan. L’atmosphère était subitement devenue insoutenable, plus asphyxiante que les symptômes du Coronavirus. Alors, il fallait rapidement introduire de l’oxygène dans « les poumons ». Le ton et le visage du Président de la République Macky SALL, dans son Message à la Nation, traduisaient un homme dans une position difficile avec une mine déconfite.
La pression sur l’ouverture des mosquées était devenue un boulet. L’incident à Léona Niasséne n’était qu’un indicateur d’une situation pleine de risques, qui couvait partout dans tous les secteurs, à trouver un antidote, un vaccin.
Le Gouvernement du Sénégal n’avait plus un autre choix que d’alléger les mesures de confinement partiel pour calmer une population éreintée, essoufflée, dans laquelle germait un sentiment d’avoir assez donné après 80 jours de couvre-feu sans aucune lueur d’espoir.
Il faut reconnaitre que les citoyens ne peuvent pas rester confinés éternellement, surtout dans un pays où la situation socio-économique des ménages est particulièrement difficile. Il y’a un seuil acceptable à ne pas franchir. Nous étions arrivés à un stade où il fallait alléger les mesures de confinement maintenant ou céder devant des émeutes, qui devenaient de plus en plus imminents. Alors, l’assouplissement des mesures n’est rien d’autre que le résultat d’une analyse froide de la situation, un pragmatisme politique face à une évidence.
Dans notre précédent article intitulé « A ce rythme, COVID 19 finira par vider nos énergies », nous alertions contre un relâchement involontaire à des moments décisifs dans la lutte. Bien voilà que la situation exige un confinement total, alors que la population ne tient plus. Nous sommes face à un dilemme, mourir du virus ou mourir de la faim. On n’attend pas la mort ! Il faut sortir « côtoyer avec intelligence le virus » et vivre avec. Voilà la nouvelle réalité implacable.
Si le message à la Nation était orienté dans un durcissement des mesures de confinement, les villes se réveilleraient dans un autre climat, avec désormais « ces nouvelles hordes de reporters en live, libres, sans foi ni loi », créées par les réseaux sociaux.
Heureusement, l’assouplissement des mesures de confinement ne touchent beaucoup les transports interurbains, car cette mesure est particulièrement importante dans le confinement spatial du virus.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas conclure sans pour autant mettre en épingle le travail grandiose et salutaire qu’effectuent le Ministère de la Santé et son équipe sur le suivi des cas de contact avec les personnes testées positives. C’est une donnée particulière importante dans la situation du COVID 19 au Sénégal.
La situation actuelle implique des défis sur les comportements individuels et collectifs. Si le port du masque et les gestes barrières seront respectés, nous réussirons certainement le combat. Par contre, si nous les ignorons, nous entamerons alors la longue marche de Mao vers une destination inconnue.
Malheureusement, tel que nous connaissons le sénégalais, la situation risque d’être vraiment très difficile à gérer.
Qu’Allah nous protège !
Momath Talla NDAO