«Il nous faut apprendre à vivre avec le virus.» C’est la phrase-choc (et effectivement assez choquante) qui restera du discours du 11 mai du Président Sall. La réaction des partis politiques (porte-parole de l’allié Parti socialiste, y compris), des chapelles religieuses (Eglise et confréries musulmanes) et du front social (syndicats enseignants) est unanime : la volte-face de Macky Sall dans «la guerre» qu’il avait lui-même décrétée contre le Covid-19 est un acte de non-assistance à population en danger.
Pourtant, le choix de M. Sall semble être celui fait aussi par les dirigeants des autres pays africains (Ghana, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Burkina Faso), mais aussi occidentaux (France, Usa…). Tous ces gouvernants disent la même chose : le virus est là pour durer et il faut faire avec dans nos vies quotidiennes ; le directeur général de l’Oms lui-même conforte cette thèse. Selon lui, le coronavirus est là pour des années encore. Conclusion ? Il faut déconfiner et ainsi décadenasser les économies nationales et les échanges mondiaux. Au risque, sinon, de voir le monde entier plonger dans la pire et plus longue récession des temps modernes.
Le choix est donc celui de la théorie dite de l’immunité collective : en pratique, laisser le virus circuler, infecter le maximum de personnes qui en ressortiront malades et éventuellement décédées. Ou guéries et immunisées. Le pic étant rapidement atteint et la courbe de la cloche de la pandémie retombant fissa.
Avec cette immunité collective, chacun est laissé à son sort individuel. Et si le pari est réussi, au lieu d’un marasme économique mondial, on risque bien d’assister à un rebond économique positif et spectaculaire global, pareil à celui que la planète a connu au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Pour l’Afrique comme pour le monde, ce boom économique sera alors la résultante d’un boomerang démographique : le trépas massif des séniors, catégorie sociale la plus vulnérable au Covid-19 et la plus susceptible d’en décéder.
En Europe et notamment dans un pays à modèle social d’Etat-providence comme la France, la question des retraites sera ainsi réglée. Ces pays à forte population de retraités n’auront plus à assurer le paiement dispendieux de leurs pensions, que les contributions des entreprises et des actifs n’arrivent pas à assurer, et pour lequel on s’escrime à faire adopter un système de capitalisation, que les populations rejettent en bloc.
En novembre 2018, dans une étude, le Fmi estimait que l’Afrique doit créer 20 millions d’emplois pendant 20 ans pour «absorber les nouveaux arrivants sur les marchés du travail». Pour ce qui est du continent noir donc, à forte population jeune (âge moyen au Sénégal : 19 ans), où les personnes entrent à un âge avancé sur le marché du travail, et y restent longtemps passé la soixantaine, l’immunité collective, en «brûlant ces bibliothèques que sont les vieillards», libérera des millions de postes dans l’emploi formel et informel. La question de l’emploi des jeunes sera ainsi réglée.
Cette analyse est bien cynique. Mais c’est le Président Sall qui a commencé.
Ousseynou Nar GUEYE
Editorialiste
Fondateur – éditeur du site d’informations Tract.sn
Commentaire sur “Covid-19 : L’option Macky Sall : Immunité Collective, Sorts Individuels”
pertinente analyse !
En effet, à travers le discours de Monsieur Macky SALL, il faut comprendre ceci :… https://t.co/65ExGobe06