C’est insulter l’intelligence des Sénégalais que de dire que l’Institut pasteur appartient au Sénégal. Non !
Si cet institut appartenait au Sénégal pourquoi le directeur scientifique est nommé par l’ambassade de France ?
Depuis 120 ans, Amadou Sall est le premier africain et sénégalais à occuper le poste d’administrateur de l’Ipd et il a fallu attendre 2014, c’est-à-dire 4 ans après sa transformation juridique en Fondation d’utilité publique. Avant 2010, l’Ipd était 100% français. Sa transformation en fondation d’utilité publique permet à l’Etat sénégalais d’être représenté dans le Conseil de la Fondation, mais en réalité sa mutation en Fondation n’est tout au plus qu’une stratégie de redéploiement visant à contrôler une partie de notre système de santé, notamment en matière de virologie et des vaccins.
Voici le lien du décret n°2010-614 du 27 mai 2010 accordant la reconnaissance d’utilité publique à la «Fondation Institut Pasteur de Dakar».
http://www.jo.gouv.sn/spip.php?page=imprimer&id_article=8118
Aussi, même si l’Ipd est selon ledit décret, sous la tutelle du ministère de la Santé, il reste sous la coupole de l’Institut Pasteur France.
L’Article 6 du décret est à ce propos très plus clair : La «Fondation Institut Pasteur de Dakar» doit respecter :
– la «charte des valeurs pasteuriennes» et la «déclaration des valeurs pasteuriennes partagées» qui sous-tendent les actions et les comportements éthiques en adéquation avec les besoins de santé publique, les règles de participation au Réseau International des Instituts Pasteur et la déclaration générale de coopération scientifique des Instituts Pasteur et Instituts associés à l’Institut Pasteur».
En conséquence, l’Institut Pasteur est scientifiquement assujetti aux règles fixées par la maison mère, en France et dirigé par Pierre-Marie Girard.
Cet institut est co-géré par l’ambassade de France qui nomme certains du personnel.
Le 6 novembre 2019, Philippe Lalliot, ambassadeur de France auprès de la République du Sénégal, avait visité l’Institut Pasteur de Dakar dès sa prise de fonction.
Depuis quand un ambassadeur d’un pays étranger visite un laboratoire aussi stratégique s’il n’a pas droit de regard sur son fonctionnement ?
Sur les tests, l’administrateur de l’Ipd soutient qu’ils sont gratuits ? Malgré son statut de Fondation, l’Ipd mène plusieurs activités à but (très) lucratif, puisqu’il facture ses analyses à prix fort aux médecins et aux patients. On ne peut croire sur parole quelqu’un qui vit des recettes tirées des analyses qu’il effectue.
Sur l’affaire des ‘’faux’’ tests positifs que l’Institut Pasteur nie à travers son communiqué, Pasteur ne parle pas le même langage que le ministère de la Santé.
En effet, sur les ondes de la Rfm, le directeur de Cabinet du ministre de la Santé, Dr Aloyse Diouf, a déclaré que «ce sont des choses qui arrivent», insistant que l’erreur faite sur les tests du Covid-19 par l’Institut Pasteur au Sénégal ne remet pas en cause la crédibilité de la fondation, à leur niveau. «En tout cas, à notre niveau, cela ne remet pas en cause la crédibilité de l’Institut Pasteur». Le ministère de la Santé confirme donc l’existence de ces ‘’faux’’ positifs.
Ce qui est inadmissible, c’est que tout un pays soit laissé à la merci d’un labo contrôlé par une antenne d’un labo stratégiquement étranger.
Notre stratégie de lutte contre le Covid-19 qui repose avant tout sur le dépistage est laissée à la discrétion d’un laboratoire étranger géré en partie par l’ambassade de France et ses représentants dans le Conseil de la Fondation.
D’ailleurs, en parlant de stratégie, alors que tous les spécialistes sénégalais réclamaient un dépistage massif, c’est l’administrateur de l’Ipd, Amadou Sall, qui déclara le 2 mars 2020 : «Un dépistage massif n’est pas nécessaire.» Nos choix stratégiques ne dépendent pas de nous, mais d’une Fondation. Il faut le savoir.
Après les révélations du Docteur Sokhna sur l’Institut Pasteur qui aurait refusé de donner sa souche à l’Iressef du professeur Souleymane Mboup, il est plus que urgent d’exiger du ministre de la Santé de répondre aux questions suivantes : pourquoi l’Institut Pasteur exerce un quasi-monopole dans notre système de dépistage du coronavirus ?
Pourquoi nos universités, nos hôpitaux universitaires et militaires ne sont pas impliqués afin de relever le niveau et le rythme des tests de diagnostic ?
Pourquoi on n’a pas des centres régionaux de dépistage ? Je signale que la Côte d’Ivoire en a 45.
Pourquoi tous les tests post-mortem au Covid reviennent positifs ?
Nous attendons vivement les réponses de Monsieur le ministre.
Alioune Badara MBOUP