Le mensonge est une calamité, au plan individuel comme à un niveau institutionnel. Quand des gens investis de pouvoirs prennent plaisir à le banaliser à partir des hautes sphères de la présidence de la République et finissent par s’en accommoder, il devient un giga indicateur fondamental du mode de gouvernance publique appliqué au Sénégal. Après, c’est le drame sans fin entre fuites en avant, silences bavards, dos rond intégral, jusqu’à la prochaine incartade publique. Difficile de s’extirper de ce piège sans fin qui devient abri provisoire pour des dépositaires et délégataires de politiques publiques. Cette posture là, inconfortable et déshonorante, des psychologues lui ont trouvé un nom : « la loi de l’emmerdement maximum ».
Le scandale du décret signé par le Président Macky Sall et instituant un système de prébendes politiciennes en faveur des « présidents honoraires du Conseil économique, social et environnemental du Sénégal » est un miroir fidèle des dérives classiques du régime. Il vient juste allonger une série noire d’actes incompatibles avec le serment du Président de la République.
La « fabrication » d’un « Numéro spécial » du Journal officiel de la République du Sénégal en date du 29 avril dans lequel Macky Sall « revendique » la paternité du décret 2020-964 du 17 avril 2020 (instituant l’Honorariat pour les ex présidents du CESE) présidentialise le mensonge d’Etat et ringardise les auteurs du communiqué du pôle communication de cette même présidence qui traitait ce même décret de « faux » ! Le débat est clos car le mensonge s’est refermé sur des menteurs.