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Sur Souleymane NdÉnÉ Ndiaye Et Sa LogorrhÉe Pharaonique

Sur Souleymane NdÉnÉ Ndiaye Et Sa LogorrhÉe Pharaonique

M. Ndiaye, j’ai réfléchi un moment à l’opportunité de vous apporter la réplique suite à votre texte intitulé Sur « Sonko le pharaon noir » et publié dans le journal Le Quotidien. Une réponse à mon dernier article Ousmane Sonko, digne héritier de Cheikh Anta Diop.

Est-ce pertinent ? me suis-je demandé. Car comme je le disais à l’entame du précédent texte, votre sortie, comme celle de vos compères apéristes que j’ai explicitement nommés, ne vaut que des broutilles. Sans aucune forme de condescendance de ma part, je ne vous vois pas réellement de taille comme un alter ego, méritant que je dépense mon énergie cérébrale et cognitive. Toutefois, pour des hommes de votre acabit, que les incohérences du destin dans un Sénégal promoteur des plus médiocres ont propulsés au-devant des scènes politique et médiatique ; au point que la mauvaise graine est malheureusement devenue indissociable de l’ivraie, il est toujours indiqué de vous faire redescendre sur terre. Barre à terre, dites-vous, je vous le concède. Ramenons les choses à leurs justes proportions.

Langues et politique

Votre propos pue à mille lieues une haine viscérale que vous nourrissez envers le président des Patriotes, Ousmane Sonko. C’est votre droit le plus absolu, les sentiments ne se décrètent pas. Qu’ils soient honorables ou obscurs, ils sont juste le reflet le plus fidèle de l’âme d’une personne. Je ne passerai pas sous silence les attaques de nature personnelle que vous avez déblatérées sans convaincre sur sa personne (j’y reviendrai), mais puisque la réfutation de ma thèse n’était en réalité qu’un alibi pour déverser votre bile sur lui, j’aimerais réaffirmer le fond de ma pensée : « Par sa nouvelle posture communicationnelle de privilégier l’utilisation de la langue nationale, majoritairement parlée par les Sénégalais, l’homme politique Ousmane Sonko reste un digne héritier de Cheikh Anta Diop ».

Souffrez de lire encore cette comparaison. Dans votre argumentaire, vous semblez en substance dire que le recours à la langue est un critère insignifiant pour établir une comparaison entre les deux hommes. Cela confirme quelque part votre ignorance du socle idéologique qui fonde et nourrit constamment la posture et la démarche politique du président Ousmane Sonko. Je ne vous en dirai pas plus, parce que le besoin irréfléchi de plaire à votre boss et votre arrogance congénitale vous voilent l’esprit, vous empêchant ainsi de mieux appréhender la portée et la signification des actes symboliques et historiques qu’il pose.

Pire encore, cela illustre bien votre méconnaissance de Cheikh Anta Diop, malgré vos efforts, et du rôle que les langues nationales occupent dans ses travaux scientifiques et surtout comme élément central de son engagement politique. Dans un magnifique texte ; Cheikh Anta Diop, savant et politique ; publié par un autre digne héritier du savant égyptologue, Dr Diallo Diop, actuel SG honoraire du RND et non moins allié politique du président Ousmane Sonko (arrêtez-vous un moment pour admirer la sincérité idéologique de ce compagnonnage), rappelait avec justesse que c’est le constat de la régression historique de l’Afrique, malgré l’antériorité de la civilisation de celle-ci, qui a amené Cheikh Anta Diop, le politique, à se poser la question suivante  : « Que faire pour inverser cette tendance historique négative lourde, qui dure depuis plus d’un millénaire ? Autrement dit, comment les peuples africains peuvent-ils renouer avec l’initiative historique positive ? » En 1948, dans un article intitulé Quand pourra-t-on- parler d’une Renaissance Africaine? le fondateur du RND, conscient du rôle central de la culture dans l’émancipation d’un peuple, résuma sa pensée en un triptyque mémorable :  « La démocratie par le gouvernement dans une langue étrangère est un leurre, et c’est là que le culturel rejoint le politique » ; « le développement par le gouvernement dans une langue étrangère est impossible, à moins que le processus d’acculturation ne soit achevé, et c’est là que le culturel rejoint l’économique » ;  « le socialisme par le gouvernement dans une langue étrangère est une supercherie, et c’est là que le culturel rejoint le social ».

Plus de 10 ans après, en 1960, dans son ouvrage Fondements industriels, techniques et culturels d’un futur Etat fédéral d’Afrique noire ; que Dr Diallo Diop considère comme le livre de référence de Cheikh Anta en matière politique, les premiers points de son programme politique se déclinent ainsi :

  1. Restaurer la conscience de notre unité historique.
  2. Travailler à l’unification linguistique à l’échelle territoriale et continentale, une seule langue de culture et de gouvernement devant coiffer toutes les autres ; les langues européennes, quelles qu’elles soient, restant ou retombant au niveau de langues vivantes de l’enseignement secondaire.
  3. Elever officiellement nos langues nationales au rang de langues de gouvernement servant d’expression au Parlement et pour la rédaction des lois. La langue ne serait plus un obstacle à l’élection d’un député ou d’un mandataire analphabète de souche populaire. .

Par conséquent, la conviction ferme du président Ousmane Sonko de revenir à la langue, support de la culture et préalable à tout projet de développement d’un pays qui a vécu pendant des siècles sous le joug de la domination culturelle, n’est pas une nouvelle trouvaille politique sans importance comme vous le laissez entendre. Elle s’inspire des écrits et trajectoires des pères fondateurs sénégalais et découle par conséquent d’une démarche logique d’un leader politique dont le dessein ultime est la souveraineté économique, impossible toutefois sans la libération culturelle des peuples africains.

La pensée de Cheikh Anta Diop dans les écoles

Le 8 février 2014, en pleine commémoration de la disparition du grand savant de Ceytu et constatant les sempiternelles conférences et débats du mois de février de chaque année, j’avais trouvé qu’il fallait franchir une autre étape pour honorer plus concrètement la mémoire de Cheikh Anta Diop. Quelle serait la meilleure action pour mieux lui rendre justice et mieux ancrer sa pensée dans les esprits au-delà des nombreux écrits flatteurs limités hélas à une minorité de lecteurs instruits ? L’école semblait être le lieu privilégié pour une telle entreprise. Je proposai à Khadim Ndiaye, un autre disciple convaincu du Cheikh, de lancer une pétition internationale pour l’introduction de l’enseignement de Cheikh Anta Diop dans les écoles sénégalaises. Un petit groupe de Sénégalais, acquis à la cause, aux profils professionnels différents et venant de divers pays, fut créé. Une pétition en ligne sera lancée et une caravane organisée pour parcourir cinq régions du Sénégal afin de récolter des signatures. Malgré nos maigres moyens, nous croyions fermement à la pertinence historique d’une telle initiative. Plus de 30 000 signatures au Sénégal et dans la diaspora furent récoltées et avec le concours du brillant et discret intellectuel, Sogué Diarisso. Votre mentor, le président de la République, donna apparemment une suite favorable à cette pétition lors d’un conseil des ministres https://legrenierdekibili.wordpress.com/tag/la-pensee-de-cheikh-anta-diop-a-lecole/.

Mais comme la plupart des grandes annonces jamais suivies d’effet auxquelles il nous a habitués, cette belle initiative ne déboucha sur rien de concret malgré les belles promesses. C’est parce que celui que vous avez rejoint pour simplement vous assurer une nouvelle sinécure n’a aucune notion de la marche de l’histoire. Il vit au quotidien, faisant de la politique à la petite semaine, et reste peu sensible aux actes forts que posent les grands Hommes pour marquer l’humanité de leur empreinte.

Et si on parlait un peu de vous ?

Le scandaleux décret d’honorariat défraie la chronique et fait couler beaucoup d’encre et de salive. Votre nouveau chef compte ainsi attribuer des largesses inimaginables et injustes à l’ancienne présidente du CESE  au moment où « les Sénégalais sont assez inquiets et assez préoccupés par cette pandémie qui, de jour en jour, fait des ravages » pour reprendre vos propres propos. Sans aucun doute, vous ne piperez mot sur ce gros mensonge d’État et cette gravissime décision étatique au moment où le monde rural crie sa faim et sa profonde détresse sans être entendu. Et pourtant, comme vos acolytes apéristes, vous ne vous êtes pas fait prier pour répondre précipitamment au président Ousmane Sonko. Voilà l’idée que vous vous faites de la politique. Tout tourne autour de vos petites personnes et la sauvegarde de vos intérêts. Dès qu’une menace guette vos privilèges, vous sortez de vos terriers.

Comme je le disais dans un autre texte publié en décembre 2018, vous incarnez cette classe de politiciens qui symbolisent ce qu’il y a de plus détestable dans l’action politique, cette face hideuse dont personne n’est fier et qui conforte la fausse idée que beaucoup se font encore de l’engagement politique. Un univers fait de mensonges, de reniement de la parole donnée, d’opportunisme dévergondé et d’égoïsme invétéré. Un environnement nauséabond qui ne saurait attirer que les plus malhonnêtes et les plus cyniques de la société. Ceux-là même qui sont capables de manipuler l’opinion publique et la crédulité des populations dans le seul but d’accéder au pouvoir et de s’entourer de privilèges. Ceux-là même qui ne se formalisent d’aucune moralité dans leurs propos et dans leur attitude.

Vous êtes la représentation vivante de cette race de politiciens. On se souviendra éternellement de votre célèbre vidéo réclamant la fusillade des transhumants. Quelques semaines plus tard, votre volte-face pour rejoindre le camp du pouvoir laissa le pays sans voix.

Ce qui déroute votre association de répondeurs téléguidés (responsables politiques et menu fretin en quête de visibilité) et vous fait sortir de vos gonds dès que le président Ousmane Sonko prend la parole, c’est qu’en réalité il dresse devant vous ce miroir que vous n’aimerez nullement regarder, celui qui vous renvoie votre image peu flatteuse et constamment piétinée. Vous auriez tant souhaité qu’il vous ressemble, qu’il traine des casseroles, et qu’il soit redevable, comme vous l’êtes, à un autre bienfaiteur, sans qui vous serez de piètres anonymes.

Souffrez de le voir planer au-dessus de vous, moralement et intellectuellement.

Fin de match !

Lamine Niang est Secrétariat National à la communication de PASTEF







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