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Feuilleton Managérial: Président Et Gestion De Crise/ Abdou Diouf: Désillusion Et Renoncement (siré Sy)

L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise (s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un Chef d’Etat dans sa fonction de Président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose Feuilleton managérial: Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’. Pour cette deuxième épisode de  »Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Abdou Diouf, ‘’Abdou, le technocrate rénovateur”.

Le président Abdou Diouf, sous sa présidence (1981-2000), a eu à faire lui aussi, face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l’échelle d’une Nation-État: une crise politico-électorale, une crise scolaire et une crise économico-sociale. Au chapitre de sa gestion de sa crise politico-électorale de 1988, avec l’élection présidentielle de 88, le président Abdou Diouf, va reprendre la situation en main, en élargissant Me Wade et compagnons de prison (sous la facilitation de l’Ambassade des USA au Sénégal), avec à la clé, le code consensuel de 1992 qui en sera la résultante. Au chapitre de sa gestion de la crise scolaire, le président Abdou Diouf n’aura pas pu empêcher une année blanche, celle de 88. C’est d’ailleurs cette génération d’écoliers et de collégiens des années 88, qui vont réaliser démocratiquement, l’alternance en 2000. Au chapitre de sa gestion de sa crise économico-sociale aiguë, celle des Ajustements structurels (1980), le président Diouf n’aura pas pu empêcher la dévaluation du Franc CFA survenue en 1994. Cette crise de la dévaluation du Franc CFA allait rendre le front social et syndical en ébullition qui depuis lors, n’a jamais connu une stabilité durable.

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Abdou Diouf a présidé le Sénégal durant 19 ans (1981-2000). L’étudiant Abdou à l’ENFOM, aux idées progressistes (il a fait son mémoire à l’ENFOM sur le sujet ‘’L’islam et la société wolof), devenu le président Diouf en 1981, s’est vite mis dans les habits du Rénovateur. A peine installé dans ses nouvelles fonctions, Abdou Diouf instaure le multipartisme intégral, supprime les délits de presse, libéralise le secteur des médias, permet à Cheikh Anta Diop de devenir professeur d’université et

et lui donne le nom de l’université de Dakar (Ucad). La postérité peut retenir du président Abdou Diouf, à l’origine de l’anarchie politique (multipartisme intégral), l’échec de son modèle démocratique (1981-1993), la privatisation-offre de l’économie sénégalaise, les ajustements structurels (moins d’Etat), l’austérité tout azimut (Plan Sakho-Loum) et la décentralisation-régionalisation plutôt politicienne qu’administrative.

 Rénovateur mais jamais Réformateur

Et pourtant, dès son avènement à la magistrature suprême, le président Abdou Diouf s’est voulu un Réformateur avant de se rétracter pour demeurer et rester Rénovateur. En réussissant avec brio la ‘’désenghorisation’’, le président Abdou Diouf s’est heurté contre une farouche résistance aussi bien dans son propre camp (le PS) que dans l’opposition et les syndicats. Et le président Diouf va abdiquer devant l’adversité et se retrancher dans son tour d’ivoire, et deviendra très déconnecté des réalités de son Peuple. C’est comme qui dirait, un sorte de ‘’gentleman agreement’’ en lui Diouf et son camp le PS, un accord diffus qui consisterait à lui assurer à lui le président Diouf, son pouvoir (ses réélections) et à son camp, de gérer le pays et de faire ce qu’ils veulent. 

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Dans son Style et sa Méthode de gestion de crise ‘’quand l’heure est grave!’’, contrairement à son prédécesseur Senghor, le président Abdou Diouf a été plus ‘’le commis d’Etat’’, ‘’un Administrateur de crise’’, plus qu’un redoutable homme politique, un fin stratège. Parce qu’il n’avait (peut-être) pas cette légitimité politique tant au niveau du PS qu’au niveau des masses, le président Abdou Diouf s’est reconverti en homme de dialogue, de compromis et de consensus. Toujours un Rénovateur mais jamais un Réformateur. A partir de 1983, jamais le président Diouf n’a cherché à influer, ni à peser sur le cours de l’histoire et sur la trajectoire historique du Sénégal. Le président Diouf s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre (présidentielle 88, année blanche en 88) ou alors, rester et demeurer un gentil spectateur des évènements jusqu’à ce que la Case de Birima brûle (Congrès sans débat, PAS). Le président Abdou Diouf aura présidé et gouverné le Sénégal, contre lui-même -hélas- et s’est plus tourné vers l’extérieur, plus préoccupé par son image personnel que par une véritable mutation-transformation du Sénégal. La preuve par la Francophonie (OIF). Avec Diouf, le Sénégal aura connu une parenthèse (économique, sociale et politique) douloureuse de vingt ans. Toute une génération perdue. 

Siré SY

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