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Le Leadership Africain Collectif Et Collaboratif

Le Leadership Africain Collectif Et Collaboratif

Décidément, le Covid-19 en aura suscité des déclarations, des productions scientifiques et littéraires, mais aussi des querelles scientifiques, politiques et géopolitiques ainsi que des positionnements.

Pour certains, le virus à l’origine du Covid-19 serait issu d’un animal sauvage, alors que pour d’autres, il serait le produit de manipulations de laboratoires. Dans cette querelle, on retrouve des scientifiques de renommée mondiale et des hommes politiques occidentaux et orientaux, mais aussi, dans une moindre mesure, des dirigeants de pays du sud – avec un flot d’informations, les unes authentiques, les autres relevant de l’intox, sous fond de manipulation de l’opinion publique internationale.

Il est dit aussi que le virus est intentionnellement lâché dans la nature afin de fonder une explication à des intentions futures qu’on pourrait articuler autour de deux processus. L’un relèverait d’une guerre économique dans laquelle des multinationales (notamment celles de l’industrie pharmaceutiques) poursuivraient l’efflorescence de leurs affaires et/ou des grandes puissances viseraient le contrôle de l’économie mondiale. L’autre processus relèverait d’une guerre démographique dans laquelle des forces tapies dans l’ombre chercheraient à asservir la population mondiale, à travers l’inoculation d’une nanopuce, en vue d’en commander les mouvements de tout point de vue, voire d’en réduire l’effectif pour le ramener à une proportion soutenable pour un certain besoin d’équilibre de la vie sur terre. Dans les deux cas, il s’agit de processus cyniques et inacceptables sur lesquels on pourrait continuer à disserter. Mais, l’obscurantisme qui enveloppe ce type de postulats est tel que s’inviter dans un exercice de leur analyse s’assimilerait à une torture intellectuelle sans intérêt.

Toutefois, s’il est hasardeux de s’engager dans la réflexion relative aux intentions qu’on prête aux protagonistes de la guerre économique et aux prétendus asservisseurs de la population mondiale, il est intéressant de s’arrêter sur les supputations consécutives à l’avènement de la pandémie du Covid-19 dans le monde. En effet, plusieurs institutions, scientifiques et autres personnalités politiques ont annoncé plusieurs choses dont les unes macabres telles que le scénario catastrophique de millions de morts à prévoir pour l’Afrique et les autres porteuses d’espoir telles qu’une future prise de conscience collective mondiale pour recentrer les efforts sur l’humain et l’humanité.

Il est vrai que les motivations qui sous-tendent ces supputations, dans leurs différentes formes d’expression, restent complexes et difficile à identifier. Pour autant, les intérêts de certains de leurs porteurs sont très vite perçus tellement le linceul de leur couverture est transparent.

C’est le cas de pseudoscientifiques et d’organismes internationaux spécialistes du commerce de la misère et de l’illusion sous fond d’un équilibre recherché de la « balance du développement » entre le nord et le sud. En se permettant des annonces macabres sur les effets de la pandémie en Afrique et la conduite d’essais de thérapies, alors même que l’Afrique était le seul espace de loin le moins touché, ces annonceurs démontrent toute l’irrévérence de leurs comportements et de leurs pratiques vis-à-vis de notre continent et de ses populations.

Leur impertinence leur a valu des brimades méritées, géographiquement bien réparties. En effet, les honnêtes citoyens des différents continents ont réagi de façon spontanée et à l’unisson pour réprimander leurs propos méprisants d’une autre époque – rappelant ainsi que le temps de la condescendance et du paternalisme nostalgiques est révolu et que rien d’insultant ne sera plus acceptable pour une Afrique debout et soutenue par de nombreux militants d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie qui se battent inlassablement pour l’avènement d’un monde juste. Mais, il ne serait pas étonnant que ces brimades ne puissent pas émouvoir ces scientifiques véreux et ces organismes internationaux vendeurs de misères et d’illusions, encore moins les dissuader, tellement leur acharnement sur l’Afrique est viscéral, car ce continent est depuis longtemps la seule sinon la principale source nourricière de leur existence et du fonctionnement de leurs administrations inutilement budgétivores. Ainsi, il faut s’attendre à ce que ces vendeurs de misères et d’illusions poursuivent leurs objectifs de transformer cette pandémie en une opportunité pour justifier leurs futures actions à destination de l’Afrique, à travers des stratagèmes dont ils ont l’habitude de se servir depuis le secret de leur hypocrisie cynique.

C’est le cas également, des impérialistes néolibéraux qui – pendant qu’ils accusent la République Populaire de Chine de tous les noms d’oiseaux, avec un objectif bien masqué de l’éloigner de ses partenariats les plus porteurs du meilleur potentiel de valeur ajoutée à la fois économique et humaine, notamment ceux africains – s’empressent d’investir massivement dans le pays de Mao. Ces pratiques, qui refont surface avec la pandémie du Covid-19, sont bien connues du reste, pour avoir été très souvent usitées pendant et après les précédentes périodes de crise. En effet, toutes les précédentes crises ont en commun un parterre de déclarations des plus solennelles, pendant et juste après leur avènement, sur la nécessité d’une réorganisation de l’ordre des choses pour les rendre plus centrées sur l’humain et l’humanité et moins sur l’accumulation inutile de richesses par une minorité de la population mondiale et leur concentration sur des espaces géographiques ne représentant qu’une infime proportion de la surface du globe terrestre.

Mais, de nos jours, leurs complots impérialistes habituellement tissés et exécutés sous la barbe et le nez de tout le monde, sans être dénoncés avec toute la vigueur intellectuelle nécessaire, devront faire face à la nouvelle force citoyenne universelle. Car, s’il est vrai que ceux qui en sont les porteurs demeurent tenaces dans leurs stratégies, ayant toujours obtenus leurs résultats poursuivis, il est aussi vrai que leur roublardise habituellement efficace devra se confronter à un éveil de conscience alerte et offensif à l’échelle mondiale.

En effet, ni la Chine, ni l’Afrique, ni les honnêtes citoyens de ce monde ne sauraient se laisser distraire par les vendeurs d’illusions pour une nouvelle forme de gouvernance mondiale plus juste, toujours vociférée mais jamais instaurée. Ces déclarations, portées par les plus grands dirigeants du monde, relayées par les médias les plus influents, s’accompagnent de semblants d’actes fondateurs, mais elles ne sont jamais réellement opérationnalisées avec tout le sérieux et toute la volonté qu’il faut, traduisant ainsi la nudité de leur essence manipulatrice. Hé oui, la triste réalité partagée est qu’il s’agit d’une manipulation de l’opinion des peuples pour faire croire à des changements profonds favorables. Une manipulation d’autant plus vraie que le concept de Nouvel Ordre Mondial (NOM) utilisé n’est rien d’autre que le nom de baptême, au début des années 90, du capitalisme néolibéral victorieux du communisme, au lendemain de la dislocation de l’URSS et de l’effondrement du bloc de l’Est, qui était resté pendant longtemps son contradicteur puissant et son contrepoids à la fois gênant et troublant.

Cette fois ci, il s’établira, non pas le Nouvel Ordre Mondial, mais l’Altermondialisme, et non pas par le fait des impérialistes néolibéraux, mais par des actes matures d’une Afrique debout et d’une Chine consciente de sa position irréversible de nouvelle puissance économique mondiale, soutenue par la véritable communauté internationale, celle des peuples conscients du monde entier. Oui, c’est du partenariat Sino-Afrique prélude à une un axe Asie-Afrique-Amérique latine que jaillira le changement profond pour mettre définitivement fin à l’égocentrisme occidental condescendant des impérialistes néolibéraux. Tous les peuples du monde entier, y compris ceux occidentaux (qui en subissent les effets), ne s’en sentiront que mieux économiquement, mais aussi et surtout socialement.

Mais, cet Altermondialisme fédérateur, suppose que nous africains soyons mobilisés en transcendant définitivement toutes nos querelles sous-tendues par nos petits intérêts égoïstes éphémères pour nous engager résolument dans la construction d’un présent meilleur pour nous et nos enfants et petits-enfants certes, mais surtout pour nos descendants les plus lointains des siècles à venir. Pour une fois, nous devons apprendre véritablement de notre histoire marquée de héros certes, mais ponctuée de trahisons internes venant surtout de notre élite. Tout le monde va s’empresser à indexer les politiciens. Non, ils ne sont pas les seuls. Pour une fois, faisons une introspection holistique, intégrant l’analyse des responsabilités des leaders politiques évidemment, mais aussi celle de chacune des couches de notre société. Ratissons large pour mieux cerner le problème auquel nous sommes confrontés afin de mieux envisager des solutions appropriées. Ratissons large, car, en réalité, toutes les trahisons de l’élite politique africaine ont été accompagnées d’une complicité agissante ou innocente de l’élite intellectuelle (en fournissant des justifications théoriques ou en se terrant dans un mutisme peureux ou non mais coupable), mais aussi des autres couches de la société, dans leurs différentes formes d’organisation (en refusant le combat contre l’injustice ou en y renonçant très vite). Le soubassement de cette complicité se trouve également dans l’incapacité des différentes couches de la société africaine à faire la part des choses entre l’intérêt général et les intérêts secondaires, entre nos querelles internes qui ne peuvent être que secondaires face à notre confrontation avec le monde extérieur demeuré inlassablement impérialiste (à tout point de vue) économique, social et culturel.

C’est dans ce sens que je voudrais humblement porter une appréciation sur deux événements africains qui me semblent injustement banalisés voire pourfendus, en invitant les africains, toutes couches socioprofessionnelles confondues, à se lever comme un seul homme pour en saisir l’opportunité que nous offre la crise pandémique Covid-19. Au cœur de ces deux événements on retrouve notre président de la République Macky Sall, bien élu pour certains, mal élu pour d’autres (dont moi-même), mais ce n’est pas l’objet.

Tout d’abord, dès ses premières sorties sur le Covid-19, Macky Sall a parlé de la nécessité de construire un nouvel ordre mondial. Y croit-il ? Ou bien joue-t-il le rôle de « marionnette » ou de « sous-préfet » de l’impérialiste néolibéral ? Le dit-il pour lui, pour l’Afrique ou pour les impérialistes néolibéraux ? Ce sont là les questions qui ont été systématiquement agitées par les commentateurs politiciens, politologues et géo-politologues. Ils ont sans doute raison, se fondant sur des actes de fourberie et de tortuosité qui sont reprochés tant à Macky Sall lui-même qu’à de nombreux dirigeants africains. Mais, n’oublions pas que dans l’histoire de l’humanité, y compris celle de l’Afrique, certains des hommes considérés comme étant des plus grands traitres ont fini par être les plus grands patriotes, volontairement ou involontairement. De fait, il serait acceptable, au nom d’un éveil patriotique, qu’il puisse être accordé à Macky Sall une présomption de bonne foi. A défaut, si les controverses de l’homme empêchent à plusieurs d’entre nous d’accorder du crédit à ses déclarations, il reste possible de soutenir le bon sens de l’idée ou des idées contenue(s) tout en construisant toute l’arsenal sécuritaire (à tout point de vue) nécessaire à son/leur éclosion. Car, les bonnes idées ne sauraient être rejetées, quelques soient les tares prêtées à l’homme qui les génère. Par ailleurs, l’adoption et la valorisation d’une bonne idée issue d’un homme, si mauvais soit-il, ne pourraient-elles pas servir à faire éclore en lui-même les meilleures valeurs d’humanité ?  

Ensuite, Macky Sall s’est distingué en félicitant très tôt le président de la République de Madagascar, à la suite de l’annonce faite par celui-ci sur la solution malgache d’Afrique contre la pandémie du Covid-19, en sollicitant même la livraison d’échantillons en ces termes « Je suis en train de dire qu’il me faut trouver un petit moyen ne serait-ce que d’avoir des, quelques échantillons pour les mettre au niveau des services des maladies infectieuses où se font les traitements, déjà ». Cette sortie du président Macky Sall, a eu également droit à ses commentaires dont l’essentiel a porté sur son dénigrement, de la part de ses pourfendeurs et sur son nuancement, de celle de ses partisans. Les deux positions ayant en commun une totale ignorance déconcertante d’un acte panafricaniste de soutien à une initiative porteuse d’un leadership africain certain sur la recherche de solution à cette pandémie qui émeut l’humanité toute entière depuis près d’un semestre.

A y regarder de près, les positions dans les deux cas ont plus porté sur la personne que sur les idées. Ce qui est décevant, au point de se demander où se situe le panafricanisme ? On s’arrête sur des intérêts secondaires et non sur celui principal. On oublie ce que Macky Sall a dit d’important, pour ne mettre en relief que le pourquoi il l’a dit. Dans les deux cas, on a fait qu’une chose : dénigrer la solution malgache d’Afrique. En effet, tous les deux ont oublié l’essentiel ici qui est la découverte malgache. Alors que c’est Macky Sall qui aurait dû être oublié. Finalement, l’opposition et le soutien à un homme, président de la République soit-il, ont bénéficié de plus d’attention que la nécessité d’une mobilisation collective généralisée autour d’un Leadership africain politiquement, socialement et culturellement inodore et incolore.

Pour une fois, nous africains devons ressusciter en nous ce panafricanisme réel, qui a été bafoué et torpillé par un « épistémicide », c’est-à-dire un massacre de notre identité et de nos intelligences communes, porté par des impérialistes néolibéraux égocentristes européens que nous avons nous-mêmes soutenu quelque fois, consciencieusement ou non. Malgré tout, ce panafricanisme est encore vivace en chacun d’entre nous, car il est chanté à tort et à travers. N’épiloguons pas sur la bonne foi des uns et des autres. Notons que si chacun en parle, c’est parce que quelque part, dans son subconscient, chacun y croit. Même si nous pouvons nous interroger légitimement : Mais alors, pourquoi autant de contradictions et de paradoxes entre les déclarations de certains d’entre nous et leurs actes ? Interrogation légitime, mais pas essentielle, car, elle est porteuse de diversion et de conflits qui nous ont toujours éloignés de le primordial : combattre sans relâche l’impérialisme néolibéral qui est un fléau mondial nuisible à toute l’humanité. Interrogation légitime, mais pas essentielle, parce qu’elle tue en nous toute velléité à nous fédérer autour du principal : Construire un Altermondialisme autour d’un Leadership africain collectif et collaboratif (LAC).

C’est à cela que nous invitons les différentes couches socioprofessionnelles de l’Afrique et du monde. Car, ce LAC, sur lequel nous reviendrons dans une prochaine publication, ne saurait être ni xénophobe, ni impérialiste, ni idéologique. Il s’agit d’une dynamique qui, parce que bâtie à partir des fondements de la mère de toutes les civilisations, se veut transcendante des cloisons politiques, socioculturels et religieux, intelligemment engagée dans la lutte pour la promotion des valeurs universelles d’humanité pour un avenir mieux sécurisé de notre planète et de ses habitants.

Gnambi Sonko est Consultant en planification et évaluation de politiques publiques, Spécialiste des filières agricoles et des organisations professionnelles agricoles.







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