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On Ne BrÛle Pas Un Champion

Dr Alioune Sarr, président du Comité national de gestion (CNG) de lutte est sous les feux des projecteurs. Ses détracteurs réclament son départ à la tête de cette structure d’exception qu’il dirige depuis 1994. D’emblée, nous tenons à préciser que nous sommes fondamentalement contre la momification des présidents à la tête des structures d’où la nécessité de limiter les mandats. Parce que comme disait l’autre «le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument».

Surtout qu’il est de coutume de voir certains dirigeants installer un système de gangstérisme pour se faire réélire après avoir verrouillé les portes à trois tours. Ils accordent deux, voire trois interviews par an, aux médias et maintiennent la plupart des journalistes à distance. Ils se construisent des mythes, tentent de devenir des dieux avant de se brûler les ailes. Le rénovateur des Jeux olympiques modernes, le Baron Pierre de Coubertin est resté au pouvoir pendant 29 ans (1896 à 1925). Juan Antonio Samaranch a présidé les destinées du CIO pendant 21 ans (1980-2001) avant de céder le fauteuil à Jacques Rogge.

Pour éviter le culte de la personnalité ou la personnification de l’institution, comme ce fut jadis le cas avec ses prédécesseurs, il a été décidé que désormais personne ne peut faire plus de deux mandats à la tête du CIO. Soit un premier mandat de 8 ans et un second (pas deuxième) de 4 ans.

Au niveau de la FIFA, en plus de Jules Rimet qui a fait 33 ans de présidence (1920-1954), on se souviendra pour toujours, de Joao Havelange (1974- 1998). Le Brésilien a été le premier et unique Président non-Européen à diriger la plus riche institution sportive au monde pendant 25 ans. Il « voit le monde à travers un télescope et non un microscope », disait de lui l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger. Mais, son héritage avait été assombri par des accusations de corruption.

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Son successeur, Joseph Sepp Blatter (1998-2015) n’ayant pas retenu la leçon, a voulu faire un cinquième mandat de trop. Mais, c’était sans compter avec la perspicacité du FBI et surtout des États-Unis qui ont tenu à faire payer cher aux membres du comité exécutif de la FIFA, leur choix en faveur du Qatar pour la coupe du monde 2022 au détriment de la candidature américaine. Les déflagrations du coup de balai retentissent encore. Nous vous épargnons d’ailleurs l’histoire du déjeuner copieux qui avait eu lieu à l’Elysée le 23 novembre 2010 entre Michel Platini, le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy et le Prince héritier du Qatar. Sans occulter le bakchich de 1,8 million d’euro entre Blatter et l’ancien numéro 10 des Bleus. Last but not least, c’est le baron Issa Hayatou qui est tombé de son piédestal pour avoir tenté un cinquième mandat de trop également. Il sera «humilié» par un illustre inconnu du bataillon, le Malgache Ahmad avec bien entendu la bénédiction d’un ancien secrétaire général de l’UEFA devenu entre-temps président de la FIFA, l’italiano-Suisse, Gianni Infantino.

Toutefois, à la différence des présidents susnommés qu’on croyait indéboulonnable, à cause d’un réseau huilé et bien entretenu, Dr Alioune Sarr, lui semble être blanc comme neige. On ne lui reproche pour l’instant que sa longévité à la tête du CNG de lutte. Une discipline qu’il aime, chérie et qu’il a surtout contribué à faire vendre au-delà des frontières sénégalaises. Sarr n’a jamais été pris en flagrants de combine «bërë».

L’ancien ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye n’a t-il pas confié à nos confrères de Sunu Lamb, le weekend dernier, que «Alioune Sarr a assaini l’arène» ? Dans cette mare aux caïmans où l’argent sale coule à flot et/ou des dessous de table sont souvent étalés sur la place publique avec les montages plus ou moins nébuleux des combats entre des gladiateurs qui renvoient à des «mortals kombats» de la Rome antique, aucun média, aucune accusation sérieuse n’a pas été, à ce jour, portée sur le chirurgien de l’arène sénégalaise. Il a su rester droit dans sa blouse blanche, fidèle à ses principes, le Serment d’Hippocrate en bandoulière pour servir la lutte sénégalaise et vanter toute sa belle chorégraphie. Voilà pourquoi, les trois régimes qui se sont succédé, ont préféré laisser Dr Sarr au pinacle. Au début, il avait un bail d’un an seulement, renouvelable. Il en sera ainsi jusqu’à l’avènement de la première alternance politique intervenue dans notre pays en 2000.

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L’éphémère ministre des Sports, Faustin Diatta, va octroyer un bail de 4 ans à l’équipe du Dr Alioune Sarr, nommée par arrêté ministériel. Avec le ministre, Matar Ba, le bail va passer à deux ans renouvelables. Mais, peu importe d’ailleurs la durée du mandat, le plus important c’est que Sarr aura toujours et encore la confiance de l’Etat. Il appartient alors à ce dernier et à ce dernier seulement, qui lui a délégué son pouvoir, d’amorcer les changements nécessaires en procédant à une large concertation, si ce n’est d’ailleurs déjà pas fait.

Mais vouloir humilier Dr Alioune Sarr, après tout ce service rendu à l’Etat et à la lutte sénégalaise, en le virant comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur populaire, ne nous paraît correct. Sous d’autres cieux, on élève les champions comme lui vers l’olympe. A défaut d’imiter le reste du monde, gardons-nous quand même de les brûler.







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