Sur l’hydraulique villageoise, ce n’est pas une faveur que les Jobassois demandent. Loin s’en faut ! Au contraire, ils veulent que l’Etat évalue tout le préjudice à eux causé par l’exploitation des deux plateformes hydrauliques de Notto-Ndiosmone-Palmarin et du PEAMU (Projet Eau et Assainissement en Milieu Urbain). Car, ils considérèrent que c’est un droit humain, donc leur droit qui a été sévèrement malmené, violé, bafoué, et qu’il est du devoir de l’Etat, de réparer sans délai et de manière proportionnelle, ce gravissime tort qui leur a été injustement causé. A dire vrai, nul n’est mieux placé que les Jobassois pour, en priorité, bénéficier des forages réalisés à partir de la nappe jalousement couvée et bercée depuis tant de décennies, par leur terre-mère si chère à leurs ancêtres. C’est une question de justice sociale, d’équité territoriale et de territorialisation des politiques publiques. Ou alors, ces termes forts seraient vides de sens, ou ne seraient que des slogans creux.
Rien n’est gagné d’avance. Pour sortir victorieux de ce noble combat, il est nécessaire de se parler entre Jobassois. Et ce dialogue qui ne pourrait qu’être bénéfique, s’impose. Il devient même urgent de bien se parler. Adversité ne devrait pas signifier animosité pour les jobassois. Ils peuvent être des adversaires mais pas des ennemis. Le sang les unit, la géographie les réunit. Les Jobassois peuvent et doivent discuter sans se disputer. Ils se doivent surtout d’éviter les injures et les invectives. L’injure, c’est l’arme du faible, apprend-on aux enfants. Le Jobassois abhorre les injures et a horreur des invectives. Tout juste parce qu’il est un homme d’honneur et de noblesse, un homme de valeur et de vertu. Au regard de la longue patience dont il a fait montre, il ne serait pas exagéré de dire, qu’il n’y a pas plus noble, plus authentique, plus reconnaissant et plus véridique que le Jobassois. Il est facile de constater que le Jobassois est accueillant, galant et élégant. Il se veut un exemple auquel se référer, un modèle à suivre et à imiter. Il refuse d’être un monstre revêtu de la peau d’un agneau pour mieux exploiter ses frères et sœurs. Il ne saurait répondre gratuitement à la provocation. Il refuse de descendre aussi bas pour ne point patauger dans les marécages de la bouffonnerie, de la bassesse, de la trahison et du parricide. Un Jobassois authentique ne saurait être un homme-caméléon et ne saurait non plus verser dans la prostitution politique. Il sait perdre et garder sa dignité comme il sait gagner dans la sobriété. Voilà pourquoi, il est indisposé, révolté face au comportement infamant de prétendus leaders. D’autant plus que pareil comportement versatile, irrespectueux et irrévérencieux le met dans une saine/sainte colère.
Aussi, tout intellectuel de la contrée, doit-il d’ores et déjà, se sentir investi d’une mission de protection et de sauvegarde des intérêts du Jobass. Il doit se lever contre tout prédateur foncier et se mobiliser contre tout dictateur-usurpateur. Faillir à cette mission serait se mettre du mauvais côté de l’histoire. Encore que l’intellectuel ne soit pas seulement l’instruit, le scolarisé, le diplômé. Ne sont-ils pas lésion, les instruits, les érudits et les diplômés Jobassois qui refusent de s’engager ? Par ce refus d’engagement, c’est comme s’ils faisaient fi des questions essentielles qui touchent et affectent gravement leur village, leur commune, leurs enfants, leurs parents ? L’intellectuel n’est-il pas plutôt ce visionnaire, ce leader qui œuvre inlassablement à rallier sa jeunesse, son peuple à la cause commune de la quête permanente pour le bien-être ?
Où qu’il soit et quoiqu’il fasse, l’heure est venue de se retrousser les manches et de se serrer les coudes pour mettre enfin le Jobass sur orbite et sur la rampe du développement. Il n’y a plus à attendre, il n’y a plus de temps à perdre. Il faut s’engager, prendre hic et nunc ses responsabilités individuelles et collectives pour faire entendre la voix du Jobass. Il ne s’agit donc plus d’être amorphe ou stoïque.
Un maire d’une commune rurale, sans doute charmé par la diversité et la pluridisciplinarité du capital humain jobassois, mais davantage plus conscient du potentiel réel encore inexploré/inexploité du Jobass, disait que s’il avait autant de cadres originaires de sa commune, il ferait des merveilles. Certes, un joli compliment mais aussi une pierre jetée dans le jardin des jaboissois pour les sortir de leur torpeur, leur tiédeur et leurs divisions/contradictions fratricides. A dire vrai, le Jobass repose sur une mine d’or : son potentiel humain. Un potentiel humain présent partout dans sphères de la fonction publique, dans le privé national et international. Mais un potentiel humain dont il faut humblement tenir compte à travers une démarche inclusive, participative et consensuelle, non seulement lors du débat d’orientation budgétaire, mais aussi à travers une table (dialogue permanent) de concertations, de réflexions et de propositions pour que les racines du développement durable puisent la sève nourricière qui irrigue tout le Jobass !
C’est presqu’une insulte que de voir que le Jobass qu’aucun parti ou coalition de partis ne peut perdre et gagner le département de Thiès, n’ait pas eu depuis le règne socialiste, des députés et des ministres issus du terroir. Une très longue injustice. Et encore, si le pouvoir central pouvait mieux s’appuyer sur ce potentiel immense et riche, pour d’une part bâtir le terroir du Jobass, et d’autre part développer toute la collectivité nationale.
Samuel Sene est Consultant-Formateur, Ecrivain-Chercheur