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Sur La Permanence Des Mécanismes D’étranglement

Sur La Permanence Des Mécanismes D’étranglement

L’exécution publique de George Floyd en plein milieu d’une pandémie mortelle ne relève pas d’une simple coïncidence.

Certes, la mort d’un homme noir en conséquence de l’action d’un virus n’est pas exactement la même chose que son trépas, l’échine courbée et la nuque brisée par un policier blanc sur le trottoir d’une grande ville occidentale.

Des personnes de toutes les couleurs

Il ne s’agit cependant de deux phénomènes distincts qu’en apparence. Car en dépit de tout ce qui les sépare, le racisme anti-nègre a toujours eu une dimension virale, et tout virus a, comme par définition, une dimension éruptive.

Mis en relation, ces phénomènes sont deux manifestations du caractère quasi-pathogène du moment actuel, et c’est peut-être cette dimension pathogénique de notre temps qui explique la colère, mais aussi le sentiment de deuil et de perte suscité à peu près partout dans le monde par cet événement.

Les conséquences politiques et culturelles des mobilisations qui l’ont suivi restent à mesurer. Mais qu’un si grand nombre de “personnes de toutes les couleurs” se soient souciés de ce qui, il n’y a pas longtemps, ne concernait que les communautés racisées n’est pas sans intérêt.

Parmi les jeunes générations en particulier, nombreux sont ceux et celles qui, progressivement, sont convaincus qu’en dépit de toutes les dénégations, le racisme existe.

Il n’est pas un accident, mais un écosystème concret.

Il enserre des corps, des imaginations et des vies, et il ne suffit pas d’enlever le mot “race” de la constitution pour que le racisme disparaisse comme par miracle.

Nombreux sont également ceux et celles qui, petit à petit, s’éveillent à la conscience sourde qu’une “communauté de risques” pourrait les lier à tous les racisés, structurellement exposés qu’ils sont, eux aussi, a la perspective de lendemains sans futur objectif.

La fin du doute concernant la réalité du racisme et son caractère structurel, ainsi que la conviction selon laquelle le racisme représente une menace bien au-delà de ses cibles immédiates constituent un déplacement virtuel aussi bien sur le plan imaginaire, culturel que politique. Il reste à voir si ce déplacement ouvrira véritablement la voie a de nouvelles possibilités d’action et de réflexion et sur quoi celles-ci sont susceptibles de déboucher.

Le devenir-nègre du monde

Mais le racisme n’est pas seulement animé par la volonté de discrimination, l’érection de murs infranchissables entre différentes espèces supposées de l’humanité, bref le désir obstiné de sécession ou de confinement des “races avilies”, de tous les “intouchables” et autres communautés frappées d’ignominie.

La fonction ultime du racisme est de priver certaines catégories de l’humanité de la vie elle-même, dans son acception la plus élémentaire, à commencer par le droit à la respiration et la capacité de se mouvoir librement.

Cette redistribution inégalitaire des possibilités de respiration et de libre mouvement, et la privation de souffle qui en résulte, tendent désormais à être le lot de tous.

C’est ce que nous appelions, il y a plusieurs années déjà, l’universalisation tendancielle de la condition nègre.

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