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De La Mobilisation De La Jeunesse Au Plein Emploi

De La Mobilisation De La Jeunesse Au Plein Emploi

La crise du Covid-19 a bouleversé le fonctionnement des économies du monde, de l’Afrique et du Sénégal en particulier. L’une des principales leçons que nous pouvons retenir de cette crise est que les économies africaines, déjà fragiles, vont subir directement les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, même si le continent résiste sur le plan sanitaire.

Les prévisions d’avant la crise promettaient de bons taux de croissance. Mais certains secteurs clés connaissent déjà un fort ralentissement en raison de la pandémie. Le tourisme, le transport aérien et le secteur pétrolier sont fortement impactés.

Pourtant, nos pays et nos dirigeants font face à une situation inédite et à leurs responsabilités, pour nourrir, soigner, loger, éduquer, créer de la richesse et générer des revenus décents à leurs populations sans l’aide extérieure.

Aujourd’hui à l’unanimité, les experts préconisent le retour à une dynamique de développement endogène tant souhaitée mais qui tarde à se concrétiser. Malgré toutes ses difficultés, le continent s’est montré cependant résilient et a déjoué tous les pires pronostics, ancrés dans des schémas et stéréotypes tellement profonds concernant l’Afrique, qu’il n’était même pas envisageable que l’on puisse s’en sortir.

Bravo donc à nos dirigeants, bravo à nos corps médicaux, bravo à nos populations, habitués à faire front dans l’adversité.

Au Sénégal, le président de la République a lancé une initiative forte à l’échelle mondiale pour l’annulation de la dette Africaine. La question suscite débat et diverses positions en ressortent. Certains pensent qu’une annulation de la dette pose un problème de crédibilité du pays et le replongera à nouveau dans le cercle vicieux du réendettement. Pour d’autres, l’annulation s’impose.

Mais quel est donc la problématique et pourquoi cet appel du président Macky Sall ? Face à la crise, les pays occidentaux pour soutenir et relancer leurs économies se sont massivement endettés à des taux nuls voir même négatifs. Beaucoup de voix en Occident s’élèvent pour purement et simplement réclamer l’annulation du remboursement de ces apports massifs en capitaux afin de désengorger leurs économies.

L’Afrique quant à elle, même si l’on doit admettre que sa dette n’est finalement pas aussi élevée qu’elle ne le parait, consacre presque 40% de son budget au paiement du service de la dette. Contrairement aux occidentaux, pour une relance massive de leurs économies les pays africains peuvent bénéficier de prêts allant jusqu’à 6% de taux d’intérêts, auxquels on doit ajouter le remboursement des prêts en cours. Il est donc clair que nous ne nous en sortirons pas aussi vite, vu que nous ne sommes pas égaux face aux mécanismes financiers de relance.

Voilà pourquoi il est important de mener la bataille de l’annulation de la dette, nerf de la guerre pour la croissance africaine. Il faudrait la mener pour éviter que tous nos efforts de développement depuis des décennies soient anéantis, mais il faudrait surtout la mener pour mettre nos matières premières à l’abri face à notre vulnérabilité du moment.

L’appel du président Macky Sall tombe à pic et est donc stratégique. Nous, jeunesses sénégalaises, mobilisons-nous et soutenons cet appel dans les réseaux sociaux, afin que nos voix soient entendues et qu’elles comptent pour notre avenir.

Monsieur le président de la République, il est cependant important que nos dirigeants africains et Vous-même, teniez compte de cette jeunesse africaine et sénégalaise, décomplexée, prête à affronter ces lendemains de défis économiques, que ce soit par rapport à la monnaie ou l’affirmation d’un continent fort économiquement, socialement, culturellement pour un rayonnement et un développement durable.

Des réorientations et réorganisations fortes, avec comme fer de lance cette jeunesse de toutes obédiences et milieux sociaux confondus, fédérée par une politique de bonne gouvernance plus accentuée, viendront sceller la réconciliation entre les gouvernants et leurs jeunesses.

Mais quel modèle économique adopté pour un développement endogène durable et solidaire ?

Prenons le cas de la Suisse pour risquer la comparaison, quels sont ses produits phares avec lesquels elle a bâti sa notoriété outre les produits financiers ? Le chocolat, les montres et le fromage. Voilà un pays qui ne dispose d’aucune matière première comme la plupart des pays européens.

N’avons-nous pas aussi nos montres qui n’ont rien à envier aux montres suisses telles que Mathidy, Malado, et Wild feeling Sénégal ? Quid du délicieux fromage des moines de Keur Moussa ?  Toutes ces entreprises ou initiatives championnes sont condamnées à faire leurs publicités sur Facebook (même si Facebook demeure aujourd’hui l’un des outils Marketing les plus puissants au monde). Pourquoi ne bénéficient-elles pas du Marketing pays ? Quel est finalement le produit phare du Sénégal ?

Uniques au monde, les tapisseries de Thiès sont les créations sénégalaises les plus connues au monde. Un célèbre président des Etats-Unis d’Amérique voulant parler du Sénégal lors d’une réunion et ne se souvenant plus du nom de notre pays, disait à ses collaborateurs « le pays de la tapisserie ». Le président Senghor avait été bien inspiré de créer les tapisseries de Thiès. Le moment n’est-il pas venu de diversifier cet art en déclinant de nouvelles lignes de produits (tapis, maroquineries, meubles, accessoires) avec le concours de designers sénégalais ?

Si la jeune et talentueuse sénégalaise Selly Rabi Kane (Seraka) a été sélectionnée par Ikea, géant du meuble européen pour participer à un programme de création d’univers africains du meuble, pourquoi des produits dérivés de nos tapisseries ne pourraient-elles être valorisées par nos jeunes talents ? Je pourrais vous citer tant d’autres champions tous secteurs confondus.

Excellence, les jeunesses africaines éclairées se battent pour la réappropriation culturelle du patrimoine matériel et immatériel du continent et la nécessité de leurs codifications et normalisations, car l’Afrique ne profite pas assez de son patrimoine. Prenons l’exemple du Wax qui est devenu aujourd’hui un élément essentiel de la mode planétaire et dont les retombées économiques ne profitent guère au continent, que ce soit en production de tissu ou en produits manufacturés. La seule vraie demande reste locale.

Monsieur le président de la République, sortons des sentiers battus, osons notre développement endogène. Les matières premières ne sont pas finalement les ressources les plus importantes dont nous disposons. Changeons de paradigme, et relevons ensemble le défi de l’industrialisation. Bougeons, bougeons, bougeons, suivons le move de cette jeunesse créatrice et mobilisée. Réarmons-nous moralement, culturellement et civiquement. Vous seul avez aujourd’hui le pouvoir, les prérogatives et l’initiative d’impulser une vraie dynamique d’un nouveau Sénégal en mouvement, en phase avec sa jeunesse. Elle est brillante, dynamique et pleine d’initiatives. Accompagnons ces vaillants jeunes en leur facilitant le parcours du combattant de l’entrepreneur semé d’embûches et décourageant.

Certes tout le monde n’est pas fait pour entreprendre mais chacun a des qualités et des talents parfois même méconnus. Combien de jeunes veulent entreprendre au Sénégal et ne disposent pas des moyens financiers ou accompagnements nécessaires, ne serait-ce que pour rédiger leurs projets ? Passé cette étape, tout dossier bancable sérieux exige nécessairement un siège physique de l’entreprise dont beaucoup ne disposent guère. Le troisième obstacle est l’absence de revenu fixe pour se concentrer sur son projet. Voilà pourquoi beaucoup de jeunes abandonnent même avant d’avoir commencé à entreprendre. Ne serait-il pas judicieux d’aider ces jeunes et leur garantir un revenu minimum le temps de l’incubation et leur permettre de gagner leurs premiers marchés en relativisant le nombre d’années d’expériences requis pour leurs faciliter l’obtention de ces premiers marchés ? Quel risque prend t-on vraiment à accompagner ces jeunes entreprises à gagner leurs premières DRP qui leur permettraient d’engranger leurs premiers revenus et de décoller ? Est-il possible d’introduire une clause dans le code des marchés publics pour les entreprises débutantes, ne serait-ce que leur accorder un pourcentage minimum de la commande publique ?

Excellence, vous avez posé les premiers jalons, je dirais même les bons jalons dans l’accompagnement et la création de PME et PMI, j’en veux pour preuve, le FONSIS, le Fongip, la BNDE, L’ADEPME, la DER, le fonds d’impulsion de la micro finance et j’en passe… Mais au-delà de ces mécanismes et instruments mis en place, les problèmes décrits plus haut demeurent.

 Que nous manque-t-il donc ? A mon humble avis deux éléments essentiels :

1-Le renforcement du Bureau de Mise à niveau des Entreprises du Sénégal, un des éléments fondamentaux du secteur, mais très peu connu des sénégalais. Pour rappel l’expérience de mise à niveau des entreprises a été réalisée vers la fin des années 1990 en Europe pour permettre la mise à niveau des entreprises des pays du Sud de l’Europe pour préparer leur adhésion à l’UE. Ce qui a offert à ces pays des résultats probants. Boostons donc notre Bureau de mise à niveau en lui donnant aussi pour mission de formaliser le maximum d’initiatives économiques individuelles.

2– La concrétisation et l’accessibilité du label made in Sénégal. Nos jeunes entrepreneurs ne maitrisent dans un premier temps que leurs idées. Les difficultés liées à l’entreprenariat et les exigences économiques et sociales à court, moyen et long terme nous commandent de les incuber massivement secteur par secteur avec au sortir des entreprises ou des industries labélisées clés en mains.

Monsieur le président, osons l’accélération avec pour objectif 1 million de PME-PMI labélisées pour la décennie à venir. Naturellement un objectif aussi ambitieux nécessite la maitrise de nos chaines de valeurs et des débouchés pour les produits manufacturés. Ces débouchés existent aujourd’hui avec la matérialisation prochaine de la ZLEC qui est l’une des priorités de L’Union Africaine.

En tout état de cause, le numérique devrait être le facteur accélérateur et le coefficient de compétitivité de cette nouvelle dynamique post Covid-19. Le Sénégal est l’un des meilleurs dans le domaine du numérique en Afrique, mais les résultats restent encore moyens. L’après Covid-19 nous impose une nouvelle réorganisation. Réadaptons donc notre stratégie numérique au profit de tous les secteurs et particulièrement à celui de l’entreprenariat.

Respectueusement Vôtre

Couro Wane est militante de l’Alliance pour la République.







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