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Les Maires Veulent Transformer Les Ordures En Or

Les Maires Veulent Transformer Les Ordures En Or

Ils font partie du décor de nos villes et villages et pourtant leur présence embarrasse tout le monde. Ils, ce sont les déchets. Rejetées par les ménages et les industries, les ordures regorgent de potentialités qui, si elles sont exploitées, pourraient être plus attractives pour les jeunes et économiquement plus rentables. Aujourd’hui, après les multiples échecs issus des différentes expériences mises en place, dans la gestion de ces déchets, la sagesse recommande de revoir les textes, d’impliquer les collectivités territoriales pour une plus grande responsabilisation des populations à la base.

L’urbanisation rapide et anarchique dans beaucoup de pays en Afrique est à l’origine de la détérioration de l’environnement et du cadre de vie. Partout les gouvernants font face au défi colossal de la gestion des déchets ménagers.

L’Etat du Sénégal, ayant compris les enjeux que représente l’environnement pour un développement durable, s’est fortement engagé, ces dernières décennies, dans la mise en place de stratégies d’adaptation pour concilier objectifs de développement économique et préservation de l’intérêt général et du bien-vivre de tous.

Dans ce cadre, d’importants moyens financiers, humains et techniques ont été mobilisés visant à gérer, réduire et valoriser au mieux la quantité de déchets produits.

De la fin des années 90 à nos jours, pour une gestion rationnelle des déchets d’innombrables projets et programmes, agences et structures, ont été mis en place par les pouvoirs publics pour préserver l’environnement et la santé publique. Parmi ces initiatives, sans être exhaustif, on peut citer APRODAK, APROSEN, AMA Sénégal, Veolia, Programme « un ménage, une poubelle », Programme de valorisation des déchets plastiques, Programme national de gestion des déchets solides, UCG,….

Toutefois et malgré tous les efforts déployés, les performances et la gouvernance du système actuel, de gestion des déchets, restent très limitées. Si elles ne s’entassent pas devant les devantures des maisons, les ordures finissent, le plus souvent, dans des décharges publiques improvisées, ouvertes, à la périphérie de la Commune, sur des terrains vagues en plein centre-ville ou sur les berges des plages transformées en dépotoirs.

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Ces décharges présentent des risques majeurs, parmi lesquels, des gaz toxiques soufflés vers la ville et les populations environnantes souffrent, le plus souvent, de maladies cardiovasculaires ou dermatologiques.

La production de déchets ne cesse d’augmenter dans toutes les agglomérations du pays, en raison des croissances démographique et économique et sa gestion est devenue, au Sénégal, un gouffre financier.

La gestion des déchets, à l’origine de tiraillements entre différents départements ministériels (ministère de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, ministère de l’Environnement, ministère de l’assainissement, ministère des Collectivités territoriales) suscite de plus en plus l’intérêt des élites et des partenaires techniques et financiers.

Au regard de la gravité et de l’urgence de ce problème, rétablir les Collectivités territoriales dans leurs prérogatives, en matière de salubrité et d’hygiène des citoyens, semble être, la seule solution viable et pérenne, d’autant plus que l’élaboration et l’exécution d’une politique aux fins de débarrasser les habitants des ordures ne peuvent donner des résultats probants que dans le cadre d’une gestion de proximité.

La gestion des déchets ménagers est une activité qui incombe aux Communes et l’Etat ne doit intervenir dans ce domaine que pour, jouer un rôle de contrôle et, éventuellement, apporter les moyens dont ces Collectivités territoriales pourraient avoir besoin.

Pour réussir cette mission, l’Etat devrait, au préalable, face aux nouveaux défis, procéder à la révision des textes de lois (Loi 72-52 du 12 juin 1972 fixant le taux et les modalités de perception de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, la loi 2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de l’environnement et la loi 83-71 du 15 juillet 1983 portant Code de l’hygiène) devenus obsolètes, pour des solutions alternatives, qui mettent l’accent sur la valorisation des déchets.

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Avec la mise en application de la fonction publique locale, tous les exécutifs locaux doivent recruter les ressources humaines nécessaires et disposer d’un bureau municipal de l’hygiène tout aussi important qu’un bureau de l’état civil à la mairie, car il y va de la santé des populations.

Il convient de mettre en place des dispositifs visant à encourager la création de micro-entreprises, au niveau local, en collaboration avec les ASC (Associations Sportives et Culturelles) pour la collecte des déchets dans le territoire communal et le tri des matières recyclables au niveau des décharges.

En effet, de plus en plus le recours aux 3R (réduire, réutiliser, recycler) est considéré comme un élément fondamental de la gestion durable des déchets et constitue une référence pour le développement des filières de valorisation des déchets.

En Europe, par exemple, 51% des déchets ménagers sont recyclés et 13% valorisés, la mise en décharge ne représente que 26%.

Naguère menée par des franges sociales pauvres, la pratique de récupération des déchets recyclables à fait naître, au fil des années, un véritable business autour des décharges. Cette pratique constitue un gagne-pain, un moyen de survie au quotidien pour des travailleurs, véritables professionnels du tri, en situation d’extrême précarité, qui  récupèrent certaines catégories de matière, par le moyen de pratiques risquées, parfois, pour leur santé et leur environnement.

Ainsi, grâce à ces entrepreneurs locaux appuyés par une main d’œuvre constituée par les jeunes du mouvement associatif, le Sénégal pourrait s’inspirer de modèles étrangers d’intégration des récupérateurs, au niveau des décharges, comme au Chili où ces derniers bénéficient d’une formation avec une certification étatique, ou encore en Colombie, où la décharge de Bogotá accumule près de 20 000 travailleurs officiellement intégrés via des coopératives, et correctement rémunérés.

Cette collaboration entre concessionnaires et travailleurs des décharges fournit plus de 60% des matières recyclables de la Colombie.

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Par ailleurs, la promotion du partenariat public-privé à l’échelle des Collectivités territoriales, pour la gestion des déchets, permettra la création d’infrastructures, comme les centres d’enfouissement techniques, sur des sites qui doivent répondre à certaines normes, parmi lesquelles celle d’être situés loin des ressources en eau et loin de la population.

Au demeurant, il convient d’encourager les communes, surtout rurales, à aller vers l’intercommunalité, avant de mettre en place des infrastructures à la taille des structures légales, nouvellement créées.

L’enfouissement demeure, certes, une option aux impacts difficiles à maîtriser. Il est consommateur d’espaces, souvent au détriment de terrains agricoles productifs et n’est pas sans risques pour l’environnement.

Mais selon beaucoup de spécialistes, l’enfouissement technique est un moindre mal comparé à l’incinération, dont les cendres, issues de la combustion des déchets, fortement chargées en métaux lourds,  peuvent entraîner la pollution de la nappe phréatique.

Ainsi donc, avec des villes résolument engagées dans une optique de gestion rationnelle des déchets, des conventions bien négociées avec les partenaires devraient conduire à des projets visant à installer des unités de production d’électricité, du biogaz et des engrais organiques ou à transformer des déchets ménagers et les produits semblables, en carburant alternatif utilisable par les cimenteries.

Enfin, pour des solutions inclusives et adaptées aux réalités locales, il faut rendre aux maires la gestion des déchets dans la mesure où il est plus facile de définir et d’organiser des stratégies et campagnes de communication à l’échelle territoriale ou locale, avec la participation des élus, des leaders locaux, du conseil communal de la jeunesse et des conseils de quartier, pour inviter les consommateurs à refuser les emballages qu’ils ne peuvent pas réutiliser, ou simplement à bannir certains comportements néfastes à l’environnement.

Abdallah Atyr Ba est Conseiller Technique AMS.







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