C’est un sauve-qui-peut généralisé qui vient de s’installer depuis le 2 mars 2020 dans le monde à partir de la Chine-espérance. Si certains l’appellent la Covid-19, d’autres l’appréhendent comme une crise sanitaire, pis, une pandémie mondiale dont aucune société, aucun continent n’est épargné.
Et pourtant, des épidémies ont eu à secouer le monde. Cependant, qu’est-ce qui fait les spécificités de ce virus ? Pourquoi maintenant ? Qu’est venu nous enseigner ce professeur-Covid ?
En toute chose malheur est bon, nous dit l’adage, mais aussi et surtout c’est dans les lourdes et impérieuses difficultés et épreuves que sortent les lumières du progrès et de la connaissance. Oui ! De la connaissance de soi et de ses potentialités.
Certes une épreuve, une calamité, appelons-la comme l’on veut, mais voilà une seule et unique opportunité pour l’Afrique et le monde de s’émanciper, de se ressaisir, de dresser un bilan objectif de parcours et choisir entre «se développer sainement ou périr certainement»
Tous les enseignements de la Covid-19 ne sauraient se contenir dans ce résumé. Nous prenons alors le seul domaine de l’agriculture.
Seule l’agriculture est capable de nourrir l’humanité tout entière. Et la véritable indépendance est d’abord alimentaire avant d’être politique.
Cependant, il doit s’agir d’une agriculture d’échelle, de développement, de stratégies qui met les moyens de ses ambitions aux mains des acteurs, sans intermédiaires véreux. Dans la chaîne agricole, de la production à la consommation, toutes les étapes doivent être managées et connectées les unes aux autres avec efficacité.
Il faut se départir du complexe de l’exercice agricole et savoir qu’on peut bien passer de simple paysan en entrepreneur agricole et ainsi changer d’échelle.
La Covid-19 est donc venue, à travers les poches de famine qu’elle a créées, nous alerter sur la nécessité de créer une agriculture efficiente et durable. Cela passera par :
– produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons ;
– la motivation des acteurs agricoles et une bonne éducation environnementale et écologique ;
– la mise à disposition de semences certifiées et de qualité ;
– du matériel agricole de dernière génération épousant les secrets de la dernière science ;
– la création de chaînes de valeurs agricoles ;
– le développement des métiers connexes à l’agriculture telles que la tannerie, le transport, le séchage, l’industrie, l’élevage, etc. ;
– la création de marchés et foires agricoles fréquents ;
– le développement de la recherche agricole avec une collaboration active entre experts et chercheurs ;
– la subvention des intrants agricoles pour mieux amortir les chocs ;
– assurer des pistes de production pour le transport des denrées surtout périssables des zones de production aux zones de consommation ;
– développer l’hydraulique rurale et urbaine pour mieux disposer de l’eau de production ;
– encourager et rendre accessible l’énergie solaire pour les forages ;
– créer une vraie synergie entre les acteurs de la pratique agricole ; etc.
Chaque crise est l’aube d’une nouvelle ère et la Covid-19 est un excellent professeur, un messager porteur d’un pertinent plaidoyer.
C’est très triste et très décevant : l’Africain est comparable à un affamé assis sur des sacs de riz représentant les immenses potentialités et dispositions naturelles, humaines, stratégiques, spirituelles et écologiques que nous peinons à exploiter.
Et comme disait Cheikh Anta Diop : «Il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. (…) froidement écrasée par la roue de l’histoire. (…) on ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient.»
Une seule condition va nous servir de plan B : nous pouvons encore postuler à l’émergence si et seulement si nous revivifions la vie et les enseignements de nos pères fondateurs, de nos valeureux guides religieux : Cheikh Ahmadou Bamba, Tafsir Ahmadou Baro Ndiéguène, Elhadji Malick Sy, Limamou Laye, Cheikh Ibrahima Niasse, Ahmadou Seck, etc., qui, autant qu’ils sont, ont porté un modèle de société que nous peinons à exploiter et explorer.
Nous nous obstinons dans notre croyance en l’impossible alors qu’il n’existe pas (Impossible = I’m possible).
Je lance un dernier cri du cœur : osons développer le continent africain : cela est bien plus qu’à notre portée !
Dr Abdoulaye Idrissa DIEYE
Socio économiste/Planificateur
Enseignant-chercheur
layedieye@yahoo.fr