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Colonnes Et Ondes De RÉsistance

Colonnes Et Ondes De RÉsistance

 

 

Je parviens finalement à publier “Mon” dossier sur les Organisations non gouvernementales, phénomène socio-organisationnel alors en vogue. Les bailleurs de fonds trouvaient en elles le “canal privilégié”, expression d’un de mes interviewés, pour que les ressources parviennent aux populations à la base !

J’avais remonté l’histoire de ces nouveaux développeurs dans notre pays. J’avais identifié nettement, chez certaines ONG animées par des responsables proches de la mouvance And Jëf, un “esprit mai 68”. J’avais commis alors un commentaire tantôt enthousiaste tantôt objectif… Feu Alain Agboton, qui écrivait alors avec des stylos à bille fluo, avait fait une annotation assassine en marge de mon feuillet “charabia”. Babacar Touré, pour des raisons que l’on sait, avait annoté à côté: “charabia utile”.

Plus de trois mois d’enquête, de rédaction et de correction… avant que le dossier ne paraisse dans les éditions 93 et 94 de Sud Hebdo, février 1990. Je signais mon entrée dans cette histoire étonnante d’audace, de culot, de rigueur et de générosité de cette “colonne” de journalistes contre vents et marées. C’était mon heure de gloire. Le petit lait, il faut le boire. C’est qu’en effet, pour un jeune qui vient d’arriver, publier dans les colonnes de cet hebdomadaire prestigieux était un suprême privilège.

 Incontestablement, Sud a construit un rapport singulier avec l’histoire de notre pays. Les différentes séquences de sa trajectoire ont été ponctuées par des événements cruciaux qui lui ont conféré une influence qu’un journal peut rarement avoir. Les générations d’ajustement structurel, les poussées rebelles de février 1988 à la suite des élections, le violent malentendu et regrettable malentendu Sénégal-Mauritanie, l’affaire Me Sèye, le feuilleton du “sucre roux d’aspect blanchâtre”, la dévaluation du franc CFA et la grève générale, le clivage refondateurs et rénovateurs au Parti socialiste, les grands dossiers politiques, économiques, culturels, de société, de géopolitique … ont nourri l’identité d’un titre, de Sud Magazine à Sud Quotidien, en passant par Sud Hebdo et Sud au Quotidien.

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Le professionnalisme en bandoulière, cette école de la rigueur avait pris le parti d’être au coeur des mutations de la société sénégalaise dans leur versant démocratique et progressiste. Le patriotisme économique émergent revendiqué par la Confédération nationale des employeurs du Sénégal, l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal, l’Union nationale des syndicaux autonomes du Sénégal, les intellectuels résistants et autres militants politiques exclus des médias publics ont trouvé dans les colonnes, j’allais dire les tranchées de Sud, des espaces ouverts d’expression et de mise à l’épreuve de leur sens de l’histoire. Une telle ouverture ne s’explique pas seulement parla rupture avec les médias publics. Sud était aussi un colonne d’intellectuels essentiellement de gauche, avec à leur tête la figure timonière de Babacar Touré qui en a eu une approche très militante, au sens de l’engagement axiomatique, sous fond de professionnalisme incontestable. Ce parti pris éditorial n’était pourtant pas inscrit dans une optique d’opposition au pouvoir en place : Sud a contribué de façon décisive à éviter à notre pays des dérives incertaines.

Sud Fm, première radio privée, est venue renforcer et diversifier l’offre éditoriale de Sud déterminée à proposer aux Sénégalais non seulement des sources d’information plurielle mais aussi des espaces d’expression directe: antenne ouverte et reportages sur le quotidien des gens. A Sud Fm, cette pionnière qui tient haut le drapeau, nous souhaitons un joyeux anniversaire : un quart de siècle se fête, non pas dans la modalité des envolées nostalgiques, mais dans la réaffirmation de la fidélité, la puissance et la force d’un outil qui s’est façonnée dans les convulsions qui rythment le devenir de notre Nation et de notre peuple.

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El Hadj Hamidou Kassé, SUD (1990-1995)







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