Insultes, injures, invectives, insanités… Voilà ce qui rythme la vie de la République. Des audios ordurières signées Moustapha Cissé Lo font le tour de la toile et alimentent toutes les discussions des Sénégalais. Yakham Mbaye et Farba Ngom sont les principaux destinataires de ces coups en dessous de la ceinture. Les grossièretés déversées par l’alors vice-président de l’Assemblée nationale n’ont pas laissé indifférent le premier magistrat du pays, Macky Sall, qui n’a pas tardé à activer la très couchée commission de discipline de son parti, l’Alliance Pour la République (APR).
Sentence capitale des bourreaux aux ordres du président : Moustapha Cissé est exclu des rangs de l’APR. Cela suffit-il pour mettre une croix sur cette affaire Moustapha Cissé Lo ? Que non ! Au-delà de leur caractère graveleux, le premier vice-président de l’Assemblée nationale soulève des questions de fond qui remettent en cause la gestion sobre et vertueuse sur laquelle on reviendra. En attendant, il est permis de signaler que cette exclusion remet en cause l’égalité de traitement au sein de l’APR. Ce pour quoi Cissé Lo est aujourd’hui exclu de l’APR n’est que la suite d’une longue chaine d’insultes qui ont été proférées à l’égard d’honnêtes citoyens dont le seul tort est de ne pas partager les schèmes de pensée du président Macky Sall.
Dans le passé, en effet, mais toujours sous l’actuel régime, il y avait eu un enregistrement audio dans lequel le premier vice-président de l’Assemblée nationale a tenu des propos insultants à l’endroit de Serigne Abdou Fatah Mbacké, fils du défunt khalife Serigne Fallou Mbacké. L’absence de réaction de l’APR et de la justice avait incité les talibés outrés de Serigne Fatah à laver l’honneur de leur marabout entaché par des insanités débitées avec une violence verbale orageuse rare. Ainsi, des troupes d’illuminés avec à leur tête Sokhna Maï Galass, sœur de Serigne Abdou Fatah, n’avaient pas hésité un seul instant à brûler des maisons et une boulangerie de Cissé Lo.
Sonko, le plus insulté…
Mais Serigne Abdou Fatah Falilou n’a pas été le seul à être traité de tous les noms d’oiseaux par « El insultor ». Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, en a pris pour son grade lui aussi. Sous les vivats d’approbation de ses « frères » de l’APR. En effet, au moment où les Sénégalais s’indignaient massivement des insultes déversées par Cissé Lo sur Ousmane Sonko, ses camarades de l’APR le portaient au pinacle et approuvaient ses exactions discursives licencieuses. De tous les leaders politiques du Sénégal, Ousmane Sonko a été le plus insulté par les apéristes. Et cela avec l’onction de l’Apériste en chef qui se délecte de la crucifixion de ses opposants politiques. Et depuis que Moustapha Cissé Lo a attaqué le ministre de l’Agriculture à l’Assemblée parce qu’il n’aurait pas reçu un quota de semences digne de son rang, c’est le désamour avec Yakham Mbaye. Lequel n’a pas tardé à dénoncer la mafia Lo qui a acquis, contrairement à ce que soutient l’alors président du parlement de la Cedeao, une quantité considérable d’intrants agricoles. D’après Yakham, « pour son propre compte, Moustapha Cissé Lô a obtenu 4 101 tonnes ainsi composées : 3 000 tonnes d’engrais ; 600 tonnes de semences de niébé ; 500 tonnes de semences d’arachide ; 01 tonne de semences de pastèque.
D’autre part, après ces 4 101 tonnes, il est revenu à la rescousse pour exiger et obtenir deux autres marchés de 430 tonnes qu’il disait devoir réserver à ses protégés. Dans le détail, ce sont 165 tonnes de semences niébé et 265 tonnes d’engrais. Ces 430 tonnes, Cissé Lo les a acquis en concoctant deux listes comportant 98 supposés producteurs qu’il dit être ses protégés ». Et le DG du Soleil de révéler que ces 98 supposés producteurs sont « pour l’essentiel, des membres de la mafia Lo ». Après cette accusation gravissime, il s’était ensuivi, sous les yeux amusés du président de l’APR, une véritable guéguerre entre les deux responsables beige-marron avant la signature d’un cessez-le-feu. Mais les premiers mis en cause dans cette dernière affaire d’insultes massives qui a valu au « fou du roi » son exclusion de l’APR, ce sont bien les usagers des réseaux sociaux et les portails d’information qui ont mis en ligne ou partagé les insultes de l’ancien président du Parlement de la Cedeao. Certes le principe de la liberté d’expression est inaliénable, mais il est du devoir des utilisateurs (des responsables surtout) des réseaux sociaux et des sites de ne pas propager des propos déplacés, outrageants, insultants de certaines personnalités politiques lorsque leurs messages peuvent jeter le discrédit sur des citoyens ou sur les institutions de la République.
La promotion de l’insolence !
Si l’APR regorge d’insulteurs professionnels, il n’en reste pas moins qu’« El insultor » n’a pas d’égal dans son attitude extravagante. Quand une grande gueule comme lui méprise ses contradicteurs, bafoue sans cesse les lois de la République pour quelqu’un censé les voter, il provoque en conséquence la colère des citoyens outrés et indignés. Cissé Lo sème la chienlit, exacerbe les querelles partout où il passe. Le nom du premier vice-président de l’Assemblée nationale de la 13e législature restera à jamais collé à tout ce qu’il y a d’effronterie et de grossièreté. Il véhicule l’image d’un terroriste verbal qui n’hésite même pas à s’en prendre au président de son parti, par ailleurs président de la République du Sénégal. Une vidéo où il insultait Abdoulaye Wade un peu avant l’élection présidentielle de 2012 circulait sur la toile. Aujourd’hui comme un remake, les propos insultants débités contre ses propres frères de parti ne font que révéler la véritable nature de l’homme.
Sous le magistère de Wade, il avait dégainé un pistolet le jour où Oumar Sarr, alors proche d’Idrissa Seck, était éjecté de son fauteuil de président du Conseil régional de Diourbel. Non seulement la justice avait fermé les yeux sur cet acte grave mais pire le premier magistrat de la République de l’époque, en l’occurrence Abdoulaye Wade, avait félicité paradoxalement Cissé Lô pour son courage mortel. Si aujourd’hui, Cissé Lo en est arrivé à occuper une place de choix dans le bureau de l’Assemblée nationale au point de violer la loi sur la parité et d’usurper à Yetta Sow la place de premier vice-président et à avoir occupé des fonctions législatives supranationales (Parlement de la CEDEAO), il ne le doit pas à son niveau intellectuel mais seulement à son tempérament volcanique et à son insolence proverbiale. Les digues de la vertu et du respect ont sauté sous le règne de Macky Sall. Le Sénégal est devenu un pays contrasté où la gestion sobre et vertueuse dont se prévalait Macky Sall est devenue l’exact contraire. La preuve, le Palais, l’hémicycle et l’APR sont transformés en foires d’empoigne où toutes les félonies et mesquineries sont permises.
Des élus du peuple, tels des gladiateurs ivres, se crêpent le chignon, s’insultent, s’invectivent, se dénigrent sans vergogne au vu et au su du peuple sénégalais. Ces bassesses notées dans un seul camp politique souillent à foison l’image de marque de notre pays. Hélas, de pareilles dérives ont l’heur de toujours sonner l’hallali d’un régime. La fin du pouvoir socialiste était marquée par trahisons, des rebellions et des exclusions. Celle du PDS n’a pas échappé aux travers qui ont perdu le régime de Diouf. Et voilà Macky sur la même trajectoire !