Les audios, qui parcourent le pays , l’Afrique et le monde , n’honorent ni le Sénégal ni la politique . Truffés d’insultes , ces audios révèlent , d’une part , le niveau trop bas de ceux qui mènent l’action politique, et d’autre part l’absence d’éthique dans l’espace politique.Or donc , il est nécessaire de faire de telle sorte que, comme le souhaite Platon, « les philosophes deviennent rois et les rois philosophes ».Le malheur , dans ce pays , c’est que ce sont des gens sans bagage intellectuel ni culture , qui conduisent la barque de la politique .Les intellectuels et les plus doués d’entre nous désertent , malheureusement, l’arène politique , et l’abandonnent à de simples goujats et troubadours qui tympanisent le peuple et ternissent l’image de l’engagement politique , à travers leur mauvaise conduite et leurs bourdes, si bien que la politique semble être aujourd’hui un cloaque où même des porcs ne souhaitent pas divaguer .Et cela fait l’affaire des médiocres et des arrivistes. Ce qui montre aisément que l’espace politique est infesté par des tonneaux vides , c’est l »actualité marquée par des injures d’une rare violence .Alors que la politique devrait être le lieu où doivent prévaloir la force de l’argument, les propositions pertinentes et la démarche scientifique, et non le lieu de la clochardisation et de la crétinisation.Un tel état de faits doit interpeller non seulement les intellectuels mais surtout les patriotes éclairés soucieux du devenir de la Nation qui se trouve hypothéqué par des pratiques loin d’être orthodoxes.Lénine disait que « l’analphabète est en dehors de la politique ».Cela est d’autant plus bien saisi par Mao qu’il n’a pas manqué de mettre l’accent sur l’éducation des masses .A cette éducation des masses qui votent doivent impérativement s’atteler les partis politiques , surtout ceux de l’opposition que seule une conscience citoyenne claire des électeurs peut sauver .Pour ce faire , il faut que les partis politiques renouent avec les méthodes classiques de mobilisation , de propagande et d’agitation , parmi lesquelles figurent des espaces de discussions et d’échanges mais aussi la création d’écoles des partis et la tenue d’université d’hivernage .Il sera, à partir de ce moment , possible de distinguer le militant du sympathisant ,le néophyte du cadre politique .N’est pas forcément cadre politique le bardé de diplômes. Mais le primairiste qui a une vaste culture, et maîtrise les orientations et le programme du parti pourra porter le titre de cadre .Je ne récuse pas la place prépondérante que doivent occuper les technocrates dans l’appareil d’État.
Cette mue est plus que nécessaire .Elle doit être opérée si nous voulons que ceux qui accèdent aux responsabilités les plus élevées ne se comportent pas comme des ânes dans un champ de maïs abandonné au beau milieu de la brousse .Si nous voulons que l’espace politique ne soit plus comme une jungle où caquètent des cacatoès, braient des ânes , et où des renards s’approprient le fromage issu du labeur des masses laborieuses.
Les injures de Cissé. Lo ont ébranlé la République et détruit le projet pédagogique national.
L’injure est perçue par l’homo senegalensis comme un signe de folie ou un déficit de sagesse et de pondération .Elle est plus abominable lorsqu’elle vise la mère , car notre société est quasimatriarcale ;tout le monde sait que la mère est l’élément central de la société , elle en est même le ciment et le grenier .Donc, quand un haut responsable de la République en arrive à déverser toute sa bile sur des camarades de parti via des injures , en citant nommément d’éminents symboles de notre Nation , il y a lieu de constater que notre République titube, flanche, tangue et chancèle. Mais aussi les fondements de notre culture sont attaqués dans leur plus profondes racines .Et , déjà , dans les cours des écoles , les rues , les enfants commencent à répéter les mêmes injures débitées , croyant que c’est devenu la mode .Il a fallu beaucoup de tact aux enseignants pour que le débat autour de ces audios ne s’instaure dans les classes .En insultant au vu et su de tous , nos politichiens se posent en ennemis jurés du projet pédagogique pour lequel bien des enseignants se donnent corps et âme .Le rubicon a été franchi! Dommage que nous n’ayons pas pu offrir des modèles à nos enfants déjà emportés et aveuglés par la magie du net où le bien et le mal se côtoient constamment ! Des questions me taraudent l’esprit:
-Pourrons-nous , demain , apprendre à nos enfants l’oeuvre et le parcours de ces hommes politiques, comme nous apprîmes ceux de Mamadou Dia, de Waldiodio,de Senghor , de Cheikh Anta , de Lamine Guèye, etc?
-Hommes politiques , êtes -vous conscients que l’histoire est têtue, et que même lorsqu »elle est tordue, elle se dresse tout haut , se dit et se répète ?
-Hommes politiques, êtes -vous conscients des vrais enjeux du moment et de demain?
J’aurais bien aimé que ces questions qui susciteront tant d’autres , vous fassent réfléchir profondément .
Ibrahima Félix Mboup