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Black Lives Matter Et L’afrique

Le Noir compte désormais aux Etats-Unis, et même en Europe. Grace à la mobilisation de la communauté noire et des mouvements progressistes des Etats-Unis, initié par le mouvement Black Lives Matter. La vie du Noir, sa sécurité physique ainsi que ses droits humains sont désormais respectés. Du moins, le promet-on.

Une véritable révolution politique, sociale et culturelle est effectivement lancée pour l’éradication du racisme institutionnel et pour assurer la sécurité physique du citoyen Noir et le respect de ses droits humains. Autant que de ceux de l’Américain blanc et de l’Européen.

En Afrique, encore aujourd’hui, 60 ans après les indépendances des Etats, on ne peut pas dire la même chose. La vie de l’Africain compte souvent peu. Autrement que sur le papier, dans les Constitutions et les lois. 

Par exemple, ici, au Sénégal les morts de violences policières et militaires sont encore fréquents.

On se souvient de la mort de « l’étudiant de 25 ans » de l’Université Gaston Berger, Mouhamadou Fallou Sène, à la suite de l’intervention de la police contre une manifestation d’étudiants Berger le 15 mai 2018. Malgré les dénonciations des organisations de protection des droits de l’homme. Malgré l’engagement du président de la République de « faire toute la lumière et de situer les responsabilités », justice n’a toujours pas été faite.

Elimane Touré lui a été retrouvé mort le 19 Février 2017 dans les locaux du Commissariat spécial du Port où il était place en garde et se serait suicidé selon la Police.

Saliou Sarr dit Pape, âgé d’une trentaine d’années est mort lui à l’hôpital Principal de Dakar le17 juillet 2018 «  après une altercation avec la police de Thiaroye » 

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Il y a aussi l’affaire dite « Lamine Koita » « du nom de ce jeune conducteur de vélotaxi mort le 10 janvier dernier suite à une course-poursuite avec des éléments de la Brigade de recherches de la police de Fatick » que rappelait  récemment SenePlus.

Le 19 avril dernier une patrouille de la gendarmerie en charge du renforcement du couvre-feu instauré dans le cadre de la « riposte contre le Covid 19 » à Kédougou a engagé une course poursuite avec un groupe de jeunes qui a abouti à la mort de deux jeunes gens.

On pourrait citer encore plusieurs cas de morts de jeunes hommes aux mains de la police ou de la gendarmerie ou à la suite de leur intervention. Sans que cela suscite une réaction vigoureuse de l’Etat et de la société.

On pourrait citer de tels cas dans tous les pays en Afrique.

Des meurtres et des massacres de civils qui surviennent en temps de paix comme en temps de guerre. Sans que cela soit suivi d’effets. A part les rapports des organisations internationales de défense des droits humains.

Au Tchad en Avril dernier, 44 jeunes hommes présentés comme des membres de Boko Haram ont été retrouvés morts dans leur cellule.

Au Cameroun en Février, les forces gouvernementales ont tué dans le village de Ngarbuh dans la région séparatiste au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte…

En RDC, la semaine dernière encore, le dernier massacre survenu en Iturie dans le Nord Est du pays a fait une vingtaine de femmes, d’hommes et d’enfants.

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Au Mali, au Nigeria, au Niger….

Alors, non, la vie d’un Africain est encore bien peu de choses en Afrique.

Et cela ne changera pas avec l’avènement du Black Lives Matter aux Etats-Unis et en Europe.

A moins que les Africains, les jeunes, garçons et filles s’en inspirent pour lutter, selon leurs propres termes, avec leur propre programme pour faire valoir enfin leurs droits humains et leurs droits de citoyens.

C’est ce qu’ont fait des habitants des bidonvilles de Nairobi, au Kenya, pour dénoncer la brutalité de la police qui a causé la mort de 15 personnes et blessé une trentaine pendant la période du couvre-feu anti Covid-19..

Le 8 juin dernier, des manifestants, des jeunes et des mères de famille brandissant des pancartes avec des photos de leurs proches victimes de violences policières ont envahi les rues de la capitale aux cris de « plus jamais ça » !

Le ministre de l’Intérieur a été ainsi contraint d’annoncer l’arrestation et l’inculpation de 6 officiers de police.

Voilà peut-être là, l’exemple dont la jeunesse de l’Afrique devrait s’inspirer au lieu de se satisfaire béatement des images du Black Lives Matter.

La sacralité de la vie de l’Africain, le respect effectif de ses droits d’homme lui sont promis depuis la Charte du Mande proclamée à Kouroukan Fouga qui en 1222 annonçait déjà : « Une vie est une vie » ; « Une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une autre vie n’est pas supérieure à une autre vie ».

Il est temps que cette promesse se réalise enfin !

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abathily@







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