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Mimi, La «mulâtresse» Qui Se Noie Dans Les Eaux De Mame Coumba Bang ! (moustapha Ba)

Mimi, La «mulâtresse» Qui Se Noie Dans Les Eaux De Mame Coumba Bang ! (moustapha Ba)

La Présidente du Conseil Economique Social et Environnemental, Madame Aminata Toure, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est récemment fait remarquer par une position radicale suite à l’indignation mondiale née de l’assassinat de Georges Floyd aux Etats Unis et qui s’est manifestée par une demande pressante de destructions des statues symbolisant le racisme dans le monde. Ce mouvement, qui s’est rapidement transformé en un réquisitoire contre la colonisation et les vestiges du passé, s’est attaqué à la statue Faidherbe et parfois au pont qui porte le même nom.

En effet, elle a affirmé qu’elle est « … d’avis que la statue de Faidherbe à Saint-Louis soit déboulonnée et remplacée par celle de la dernière Reine du Walo, Ndaté Yalla Mbodji, héroïne de la résistance à la colonisation. Elle a affronté Faidherbe en 1855 à la bataille de Diouloulou. Même si elle fut défaite, elle s’est battue jusqu’au bout avant de s’exiler, et son fils Sidiya Ndaté Yalla Diop continua la lutte».

En sa qualité de troisième personnalité de l’Etat, relativement à son statut de Présidente du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), Madame Aminata Toure, pour ne pas dire Mimi, devait se garder de verser dans un discours émotif au point de mettre mal à l’aise toute la République. 

Car, il faut oser le dire, la statue de Faidherbe ou de qui qu’il soit, dans la mesure où elle touche à notre passé, fut-il colonial, relève du domaine du Ministère de la Culture. Ce dernier devait être celui qui, après un échange avec les autres autorités du pays et notamment du Chef de l’Etat, ferait part de manière solennelle et responsable, la position de l’Etat du Sénégal sur cette question qui dépasse aujourd’hui le cadre individuel et émotionnel. 

Evidemment, les indignations justifiées face au crime purement raciste dont a été victime Georges Floyd doivent avoir des conséquences dans la manière de considérer l’homme noire, notamment dans ce pays du monde caractérisé par une démocratie qu’on pensait aboutie. Et cette considération, n’ayant pas pu s’obtenir par un indignement pacifiste, pouvait bien être le fruit d’une lutte radicale afin d’entrevoir un monde où la couleur de la peau ne serait plus un signe de différenciation des hommes ! 

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Ce combat, qui devra vêtir plusieurs formes, doit obligatoirement éveiller les consciences avec des actions réfléchies et qui se démarquent des réactions spontanées et sporadiques. 

Cependant, cette position subite et irréfléchie de Mme Mimi Toure, aux objectifs non encore avoués, ne saurait se justifier que par un désir ardent de se faire une santé politico-médiatique vis-à-vis d’une citoyenneté des réseaux sociaux bien trop exigeante dont certains politiciens meurent d’envie de conquérir. 

Parce qu’il  faut le dire, cette vague de contestation relève d’un activisme qui  ne dit pas son nom et qui veut se substituer aux populations de la Commune de Saint-Louis. Et pour ces dernières, Saint-Louis du Sénégal, ville d’histoires, terre de convergences des sensibilités et lieu de rencontres des civilisations diverses, reste un havre de paix dont la richesse sera cette symbiose entre un passé glorieux et parfois douloureux et d’un futur radieux et riche de ses potentialités. 

La conjugaison de ce passé à un futur harmonieux est le synonyme d’une universalité tant chantée par le Président-Poète, Léopold Sédar Senghor, pour qui le salut de l’humanité résultera d’un ancrage fort de chaque communauté dans ses origines et sa culture afin de s’ouvrir vers le monde pour un vivre ensemble partagé qui bannirait totalement le racisme ou le rejet de l’autre.

 A vrai dire, Mimi Touré espère, par cet acte, plaire également au Walo qui, pourtant, contemple avec fierté la statue de Ndatte Yalla dans le Dagana. 

Par ailleurs, dans l’empressement d’un projet politique qui se dessinerait dans l’après-Macky, Mimi se met déjà dans la peau d’un renégat politique qui s’affairerait autour d’un coup d’Etat rampant qui partirait des entrailles du fleuve Sénégal, sous le pont qui porte le nom de celui qu’elle veut, à tout prix, déboulonner sa statue. 

Lui, Faidherbe, serait donc un tyran qu’il urge de remplacer par nos vaillants héros que nous devons absolument célébrer. Effectivement, nous devons célébrer nos héros! Nous devons réécrire l’histoire et replacer nos braves conquérants du côté des vainqueurs. 

Mais réécrire l’histoire est-elle la désavouer ? Est-elle la dévoyer ou la dénaturer ? Je pense que non ! Saint-Louis dans sa configuration, dans sa composition ethnique et dans sa diversité culturelle, ne mérite pas ça ! Et ces filles et fils, les domou-ndar, parfois liés de sang par ce passé, ne voudraient pas de cette rupture subite et bien saignante. 

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Nous sommes conscients du fait que l’histoire, même douloureuse, doit être sue et comprise pour mieux accoucher le sentiment de pardon et de reconstruction qui doit forcément être son rejeton.

Ndatte Yalla comme Lat-Dior, ou encore Aline Sitoé Diatta, ainsi que tous les guides religieux qui ont farouchement combattu le colon doivent être au centre de notre identification historique ! 

Cependant, ceci ne doit point occulter la vraie histoire qui retrace la naissance de Saint-Louis en 1643, de sa fondation en 1659, de la construction de la première église en 1827, du Rogniat Sud en 1830, de la première grande mosquée en 1847, du chemin de fer en 1885, de l’Hôtel du Fleuve, siège du Conseil Général de la colonie, l’Assemblée régionale, en 1888, et de celle du Pont en 1897, entre autres !

Vous conviendrez avec moi que cette ville est faite par l’histoire et celle-ci doit être enseignée et maitrisée plutôt que d’être méprisée. 

D’ailleurs certains ont proposé que des plaques qui retracent la vraie histoire soient écrites et accrochées à ces statues plutôt que de les déboulonner. Et dans cette dynamique, nos héros doivent davantage avoir leurs places dans nos villes, à Saint-Louis particulièrement. 

Même si les préceptes islamiques bannissent les statues, les vestiges de notre passé doivent être visibles dans nos rues sous des formes que nous imaginerons ensemble en plus des noms des rues qui ont changé à plus de 80% sur l’ile de Saint-Louis, cœur historique de la ville, et qui continueront de changer.

Mimi passe à côté de l’urgence et des priorités que sont le rayonnement et le développement de Saint-Louis, totalement dépouillée par un transfèrement de la capitale.

Ce transfèrement, sans contrepartie, brandi comme un trophée de guerre par ces peuples de la côte ouest revanchards face à la préférée qui captait tous les regards et les envies, devait, au contraire, être le motif sacro-saint d’une quête d’équité territoriale urgente pour une institution qui se veut la conseillère économique d’une société blessée et laissée à elle-même face à un environnement hostile dont l’ultime action dévastatrice pourrait être l’engloutissement de la vieille ville. 

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Avons-nous aujourd’hui besoin de cet esprit revanchard qui semble s’agrippait à la mort de Floyd pour assener un dernier coup de massue à la belle cité de Dieu : le domou-ndar refusera catégoriquement et sera au début et à la fin de tout débat citoyen qui devra définir le sort de chaque vestige du passé de ce coin de paradis tout en gardant sa vraie identité.

Et comme le rappelle avec justesse l’écrivain Louis CAMARA : « cette ville est le lieu  d’une symbiose trinitaire Négro-Africaine, Arabo-Berbère et Judéo-Chrétienne Occidentale dans l’ordre des strates historiques qui la fondent » et « n’est prête à renoncer ni à l’une ni à l’autre de ses dénominations et ce, conformément au vœu de la grande majorité des Saint-Louisiens ».

C’est d’ailleurs ce qu’a compris le Conseil Municipal de la Commune de Saint-Louis qui, en sa session de ce samedi 11 juillet 2020 promet, à la suite du Maire Mansour Faye, de faire part très prochainement de la position définitive de Saint-Louis face aux assauts répétés d’une nouvelle citoyenneté irrespectueuse de l’histoire de la cité de Mame Coumba Bang.

Nous avons l’obligation, nous peuples du Sunugal, de nous départir de cet effet ramdam généralisé qui voudrait que nous passions d’une indignation sensationnelle passagère à une autre sans pour autant prendre le temps d’aller au fond des choses afin de trouver un consensus fort pour toutes les problématiques qui toucheront notre commun vouloir de vie commune dans le respect mutuel de nos identifiants respectifs. 

C’est dans cette perspective que je salue la contribution pleine de sens à travers une posture scientifique de l’ancien Ministre de l’Education Nationale et historien, Monsieur Kalidou DIALLO. Tout le contraire de Mimi ! Elle qui devrait !

Loin d’épuiser le débat, le Ministre ouvre des pistes de réflexion sur fond d’hypothèses fortes pouvant servir de bases à tout échange qui sera bénéfique à notre histoire commune.

Martin Luther KING ne disait-il pas que : « Ce n’est pas nous qui faisons l’histoire. C’est l’histoire qui nous fait » ! Assumons-la !

 

Moustapha Ba

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